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Harcèlement sexuel sur mineure : une décision du ministre de l’Éducation de base crée la polémique

Harcèlement sexuel sur mineure : une décision du ministre de l’Éducation de base crée la polémique

Paru le jeudi, 06 janvier 2022 12:22

Le ministre de l’Éducation de base (Minedub), Laurent Serge Etoundi Ngoa (photo), a créé mardi une polémique après une « lettre d’observation » adressée le 4 janvier à un enseignant du primaire accusé de « détournement et de harcèlement sexuel » sur mineure. La lettre a été adressée à l’intéressé via une correspondance officielle au délégué régional du Minedub du Littoral qui a fuité sur Internet. L’instituteur mis en cause, Serge Gabriel Wafo, est enseignant au cours élémentaire deuxième année (CE2) à l’école primaire publique d’application Joss à Douala. Il est présenté comme un récidiviste, selon la lettre qui mentionne en référence un autre courrier du 20 septembre 2021.

« Il est important de vous rappeler que ces faits irrévérencieux ne sont pas les premiers à vous êtres reprochés et vont à l’encontre, non seulement de l’éthique et de la déontologie administratives, mais aussi de la réglementation en vigueur. Aussi, voudrez-vous désormais mettre un terme à ces pratiques ignobles, sous peine de sanctions disciplinaires et sans préjudice de toutes autres sanctions prévues par la réglementation en vigueur », écrit le membre du gouvernement.

Appel à des sanctions plus sévères

Cette décision du Minedub a soulevé interrogations et critiques sur la Toile notamment. « Comment vous pouvez donner juste une lettre d’observation à un enseignant récidiviste ???? Quand allez-vous arrêter avec cette culture du viol ? Nos enfants ne sont donc en sécurité nulle part, même pas à l’école à cause de votre complicité. Son matricule devrait lui être retiré ! », s’emporte cette internaute sur Facebook. « Le Minedub protège un enseignant pédophile notoirement reconnu. C’est ce qui ressort de cette lettre », s’insurge un autre, qui parle d’un « scandale d’État ».

« Le syndicat condamne cela avec la dernière énergie et demande des sanctions pas seulement administratives, mais également pénales parce qu’il faut que ça serve d’exemple », affirme Thobie Emmanuel Mbassi, secrétaire général de la Fédération camerounaise des syndicats de l’éducation (Fecase), contacté par SBBC.

« On ne peut pas laisser dans le milieu de l’éducation qu’il y ait des comportements d’animal, d’autant plus qu’actuellement nous menons une campagne contre les violences genre en milieu scolaire. Et la première forme de violence genre est le harcèlement sexuel, selon l’Unesco. Nous avons nos enfants à l’école et on ne voudrait pas qu’ils tombent sur des prédateurs sexuels qui, en réalité, devraient être écartés du milieu de l’éducation », ajoute le responsable syndical.

Deux poids deux mesures ?

Au Cameroun, le harcèlement sexuel est un délit pénal sanctionné d’une peine de prison de 6 mois à un an et d’une amende de 100 mille à un million de FCFA. La peine est doublée (1 à 3 ans) si la victime est une personne mineure. Compte tenu de la protection et du respect de l’éthique et de la déontologie du système éducatif, la peine est un emprisonnement de 3 à 5 ans si l’auteur des faits est préposé à l’éducation de la victime, selon les dispositions de l’article 302-1 (3) du Code pénal.

« Si le ministre fait une interpellation, ce n’est que normal, car c’est la voie administrative. Il n’est pas procureur. Tout au plus, il aurait pu signer un arrêté portant sanction parce que l’enseignant en question a enfreint la loi. Mais on ne peut pas l’enlever du travail comme cela, c’est quand même un fonctionnaire. Il peut exercer des voies de recours et appeler la responsabilité de l’État. C’est pour cela que le ministre est un peu prudent. Il a fait une interpellation, quitte à la famille de porter plainte », explique un avocat sous le couvert de l’anonymat.

Pourtant, l’année dernière, le Minedub a révoqué des directeurs d’école pour divers motifs, dont des faits d’abus sexuels. En août 2021, le directeur de l’école publique Nkong Tok 2, dans le département du Nyong et Kellé (Centre), avait été relevé de ses fonctions pour « violences physiques et harcèlement sexuel » auprès d’une collaboratrice enseignante. Le 27 mai, Laurent Serge Etoundi Ngoa avait révoqué le directeur de l’école publique d’application de Baladji 2 à Ngaoundéré (Adamaoua) pour des faits similaires. En janvier 2021, le directeur de l’école primaire publique Biaberebe 2A à Bafia, dans le département du Mbam-et-Inoubou (Centre), avait été destitué de ses fonctions pour « violences sexuelles sur élève en bas âge » au sein dudit établissement scolaire.

P.N.N

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Dernière modification le jeudi, 06 janvier 2022 16:11

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