Depuis le 6 avril 2020, la CRTV, l’office public de radio et télévision public, diffuse des enseignements destinés aux élèves des classes d’examen des sous-systèmes anglophone et francophone. De lundi à samedi, pendant 2h30 par jour, ces apprenants du cycle primaire reçoivent, devant le petit écran, des leçons de mathématiques, de langues, de sciences et de nouvelles technologies, etc.
Le télé-enseignement prôné par le ministre de l’Education de base (Minedub) constitue une mesure alternative à la fermeture des établissements scolaires annoncée le 17 mars par le Premier ministre pour une durée de 15 jours en vue de circonscrire la pandémie de coronavirus. Joseph Dion Ngute a reconduit cette mesure restrictive le 1er avril pour 15 jours.
Seulement, cette initiative ne fait pas l’unanimité. Elle est même au centre d’une vive controverse. Pour Corine Esse, enseignante d’université, « l’initiative de la CRTV n’est même pas à relativiser. Elle va faire quelque chose d’innovant, d’extraordinaire ».
Un journaliste note que « l’initiative de la CRTV est bonne. Malheureusement, elle est tributaire de la fourniture d’énergie qu’elle ne contrôle pas ». Une manière de rappeler qu’au Cameroun, les villes, et a fortiori les zones rurales, subissent au quotidien des coupures d’électricité aussi intempestives que récurrentes. Un impondérable qui voue le télé-enseignement à un impact relatif.
Surtout que d’autres difficultés limitent sa portée. « Il y a des écoles qui sont à 75 % d’exécution des programmes. Si on veut être très rigoureux, on aura des problèmes de mise à niveau de tous les élèves », fait observer un parent d’élève.
Un autre parent d’élève estime que le télé-enseignement ne s’impose pas partout : « Les effectifs dans les zones rurales sont généralement moyennes, pour ne pas dire faibles, 30 à 40 élèves par classe. Ce serait, je pense, une bonne idée de relancer les cours là-bas pour les classes d’examen exclusivement ».
Dans une lettre-circulaire signée le 31 mars 2020, le Minedub Laurent Serge Etoundi Ngoa demande à ses collaborateurs « de distribuer des modèles de leçons et d’exercices imprimés et/ou photocopiés au sein des communautés des écoles situées en zones rurales ».
D.M.