Les femmes restent encore largement minoritaires dans le digital au Cameroun. Pour inverser la tendance, le gouvernement, avec l’appui de partenaires, multiplie les initiatives pour valoriser les métiers du numérique auprès du public féminin. La conférence « Tech for Women », lancée à l’initiative de la GIZ, l’organisme en charge de l’implémentation de la coopération allemande, s’inscrit dans ce sens en faisant découvrir les diverses opportunités professionnelles de ce secteur.
Organisée les 5 et 6 juillet à Yaoundé, cette conférence avait pour objectif d’informer les jeunes filles et les femmes sur les solutions qui peuvent leur permettre de développer leurs compétences et d’accéder au marché de l’emploi à travers les TIC et la transformation numérique. « Il y a une disparité en termes d’utilisation et de formation à Internet dans le monde quand il s’agit des femmes, surtout en Afrique subsaharienne. La GIZ, qui a dorénavant une stratégie féministe, entend à travers des partenaires globaux, notamment au Cameroun, combler ce vide-là », affirme Abdel Agondo, responsable du projet DTC (Digital Transformation Center) à la coopération allemande.
Selon le rapport du Web Fondation 2015, seulement 36% des femmes utilisent Internet contre 45% pour les hommes au Cameroun. Cette disparité d’accès aux ressources et formations dans le domaine du numérique entre les femmes et les hommes impacte l’employabilité de ces dernières sur le marché du travail, alors que les métiers du numérique sont considérés comme les emplois de l’avenir. Le thème de cette première conférence, « Égalité de chance face aux opportunités du numérique : promouvoir le développement et l’autonomisation de la femme et de la jeune fille camerounaises au moyen des TIC et de la transformation digitale », prend ainsi tout son sens.
L’événement, organisé en collaboration avec l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et Orange Cameroun, était ouvert à tous même s’il ciblait en particulier les profils féminins. C’était aussi l’occasion pour les participantes d’échanger avec leurs paires qui ont su trouver leur place dans le digital, à l’instar de Alvine Biroki. Cette entrepreneure de 35 ans a créé une start-up spécialisée dans la conception et la production de bouteilles plastiques 3D. « Nous avons déjà soufflé plus de 15 000 bouteilles. Mais en termes de prototypes, nous sommes pratiquement à 500. Notre ambition est d’avoir une très large gamme de produits et de designs, et toucher le maximum de producteurs et de consommateurs », confie la jeune femme, qui emploie actuellement trois personnes.
Stéphanie Inès Mbang, cheffe de la division de la promotion de l’emploi au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minefop), affirme que cette initiative de la GIZ s’inscrit dans l’offensive menée depuis quelque temps par le gouvernement pour soutenir et faire grandir les femmes et les jeunes filles dans le numérique. Selon elle, la prise en compte du genre dans le monde digital est nécessaire, car il offre de nouvelles possibilités d’autonomisation des femmes et des filles à travers les opportunités d’emplois et de formation, ainsi que le commerce en ligne et le marketing digital.
Patricia Ngo Ngouem