La Gendarmerie nationale s’inquiète de la multiplicité des cas de vindicte populaire à Bafoussam, la capitale régionale de l’Ouest. « Nous avons, depuis le troisième trimestre de l’année en cours, enregistré au moins déjà plus de quinze cas et cela s’apparente à une régression sociale et morale, généralement en infligeant [à la victime] des sévices, des traitements inhumains et, parfois la mort », déclare le lieutenant-colonel Yannick Pantaléon Assogo Bolo, commandant du groupement de gendarmerie territoriale de Bafoussam, sur la chaîne Equinoxe TV.

Le cas le plus récent remonte à il y a quelques jours, apprend-on. Il s’agit d’un conducteur de mototaxi accusé d’avoir volé une moto qui a été tué par vindicte populaire. Selon le lieutenant-colonel Assogo Bolo, les bourreaux, bien identifiés, sont des mototaximen. Il affirme que les auteurs de cet « acte ignoble » ont été interpellés, soit 5 jeunes hommes au total. L’officier militaire invite par ailleurs les populations à faire confiance à la machine judiciaire et à éviter de se faire justice soi-même. Des actes violents de vindicte populaire se produisent chaque année au Cameroun.

Généralement, les auteurs pointent du doigt le manque de confiance envers la police, les tribunaux et le système carcéral, la lenteur de l’action judiciaire et considèrent avoir le droit de se défendre et de se protéger en recourant à des actes violents de « justice » lorsqu’elles trouvent les auteurs présumés. Les victimes les plus courantes sont celles accusées de vol. De simples accusations suffisent souvent à plonger la foule dans une violence meurtrière et les auteurs des coups sont de simples passants qui sont témoins de l’incident ou qui entendent l’appel « Au voleur ! ». La pratique, qui n’épargne aucune région, persiste alors que le Code pénal réprime quiconque a blessé, donné la mort par blessures simples ou graves ou des coups mortels, l’assassinat ou le meurtre selon que l’intention est bien établie ou pas.

P.N.N