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Le HCR « profondément » préoccupé par la reprise des affrontements intercommunautaires dans l’Extrême-Nord

Le HCR « profondément » préoccupé par la reprise des affrontements intercommunautaires dans l’Extrême-Nord

Paru le vendredi, 10 décembre 2021 14:13

« Le HCR est profondément préoccupé par la reprise des affrontements intercommunautaires qui ont éclaté cette semaine dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, déplaçant des milliers de personnes à l’intérieur du pays et forçant plus de 30 000 personnes à fuir vers le Tchad voisin », a déclaré le porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Boris Cheshirkov, lors d’une conférence de presse ce vendredi 10 décembre au Palais des Nations à Genève, en Suisse. Depuis le 5 décembre, au moins 22 personnes ont été tuées et 30 autres grièvement blessées au cours de plusieurs jours de combats incessants, rapporte le HCR, dans un communiqué sur son site Internet.

Des affrontements ont éclaté dans le village frontalier d’Ouloumsa, à la suite d’un différend entre éleveurs, pêcheurs et agriculteurs au sujet de la raréfaction des ressources en eau. La violence s’est ensuite propagée aux villages voisins. Dix villages au total auraient été réduits en cendres. Le 8 décembre, des combats ont éclaté à Kousseri, plaque tournante commerciale de quelque 200 000 habitants. Le marché aux bestiaux de la ville a été détruit lors des combats.

« Au moins 10 000 personnes ont fui vers la capitale tchadienne N’Djamena, située à quelques kilomètres de l’autre côté des fleuves Chari et Logone, qui marquent la frontière avec le Cameroun. 80% des nouveaux arrivants sont des femmes - dont beaucoup sont enceintes - et des enfants. Ils ont trouvé refuge à N’Djamena et dans les villages le long des rives tchadiennes du fleuve Logone », affirme le HCR, qui annonce avoir été « contraint » de suspendre ses opérations dans les zones touchées, car la « situation reste instable » dans ces localités.

Crise climatique

La crise climatique exacerbe les tensions dans l’Extrême-Nord. Au cours des dernières décennies, la surface du lac Tchad, dont le fleuve Logone est l’un des principaux affluents, a diminué jusqu’à 95%, d’après les spécialistes. Les pêcheurs et les agriculteurs ont creusé de vastes tranchées pour retenir l’eau restante de la rivière afin de pouvoir pêcher et cultiver. Mais les tranchées boueuses piègent et parfois tuent le bétail appartenant aux bergers, déclenchant des tensions et des combats, apprend-on

Une première flambée de violence intercommunautaire s’est produite en août dernier. « À l’époque, 45 personnes avaient été tuées et 23 000 déplacées de force, dont 8 500 sont restées au Tchad depuis lors », indique le HCR. Depuis la semaine dernière, les autorités camerounaises et le HCR ont mené des efforts de réconciliation à Kousseri, au cours desquels les représentants des communautés se sont engagés à mettre fin aux violences. Le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, effectue depuis ce jour une tournée dans le département du Logone et Chari en vue de la résolution du conflit intercommunautaire opposant les Arabes Choas aux Mousgoums/Massa.

Assistance vitale

« Mais sans action urgente pour s’attaquer aux causes profondes de la crise, la situation pourrait encore dégénérer », estime le HCR. L’agence onusienne appelle de ce fait à la « fin immédiate » de la violence et au soutien de la communauté internationale pour venir en aide aux victimes et aux réfugiés. Selon les données du HCR, le Tchad abrite près d’un million de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur (PDI) du pays et le Cameroun, plus de 1,5 million de réfugiés et de PDI.

« Les ressources financières pour répondre à la situation dans les deux pays restent extrêmement faibles. Les besoins du HCR pour 2021 au Cameroun (99,6 millions de dollars) et au Tchad (141 millions de dollars) ne sont financés que respectivement à 52% et 54%. Un soutien accru est nécessaire de toute urgence pour que le HCR continue de fournir une assistance vitale pendant une crise qui est susceptible de se poursuivre », précise son porte-parole.

Patricia Ngo Ngouem

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