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Enseignement technique : une grève annoncée pour contraindre l’État à recruter 25 000 instituteurs en chômage

Enseignement technique : une grève annoncée pour contraindre l’État à recruter 25 000 instituteurs en chômage

Paru le mardi, 11 avril 2023 11:53

A partir du 18 avril prochain, le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca) prévoit de lancer un mouvement de grève illimité baptisé « École morte ». La communication du syndicat fait savoir que les grévistes sont appelés à rester chez eux. Au bout de ce débrayage, le Seca espère obtenir le recrutement massif des diplômés des écoles normales d’instituteurs de l’enseignement technique (Eniet) au chômage.

Le Seca estime à près de 25 000 le nombre d’instituteurs formés dans les Eniet qui attende une éventuelle intégration. Au départ, cette formation incluait une prise en charge par l’État. Mais avec les difficultés économiques consécutives à la crise économique des années 1990, les autorités camerounaises ont dû abandonner l’intégration intégrale et systématique de ces instituteurs de l’enseignement technique et professionnel.

Depuis la fin de cette prise en charge systématique, le gouvernement organise des concours d’intégration. « Avant ces concours étaient organisés dans des fréquences réduites. Maintenant, il arrive souvent que le gouvernement attende cinq ans avant d’organiser un concours d’intégration », indique un membre du Seca.

La conséquence de cette situation c’est le déficit d’instituteurs que connaissent les 288 Sar-SM (Section artisanale rurale-Section ménagère) du pays. Selon les témoignages obtenus auprès des membres du Seca, certains diplômés des Eniet, sans emploi, sont recrutés comme vacataires pour combler ce manque d’instituteurs, mais avec des salaires bas. C’est pour cette raison que le Seca demande au gouvernement d’organiser des recrutements massifs alors celui-ci tente de rationaliser les recrutements afin de maitriser sa masse salariale.

Cette demande n’est pas nouvelle. En mars 2020, l’Association camerounaise des instituteurs vacataires de l’enseignement technique (Ascmivet) avait rencontré le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph Le. Cette association souhaitait que des recrutements réguliers dans la fonction publique soient organisés. Cette doléance n’a pas encore prospéré. Toutefois, le gouvernement a organisé un recrutement de 100 instituteurs l’année dernière au terme d’un concours d’intégration.

Effort de guerre

Pour le Seca, ces 100 nouveaux recrutements représentent une goutte d’eau dans un vaste océan. Le syndicat espère pouvoir forcer la main au gouvernement en observant la grève « École morte ». Le Seca s’est pour cela allié au mouvement On a trop supporté (OTS), qui a paralysé plusieurs établissements secondaires publics l’année dernière avec une grève de plusieurs mois. Seul bémol, certains cadres de OTS ne confirment pas cette information.

On découvre pourtant le logo de OTS dans certains documents produits par le syndicat Seca dans le cadre de cette grève. C’est le cas de l’appel à contribution adressé aux enseignements volontaires pour constituer l’effort de guerre. Tout laisse croire que Seca a obtenu l’accord de certains acteurs du mouvement OTS. Ce qui s’explique, car le mouvement OTS s’est gardé de se constituer en syndicat formel avec un organigramme pyramidal. À la place, OTS est constitué comme une pieuvre sans tête avec plusieurs tentacules…

Quoi qu’il en soit, il est difficile de penser que cet attelage puisse engendrer une grève qui parvienne à pousser le gouvernement sur les cordes, comme on l’a vu l’année dernière avec la naissance spontanée de OTS. Quelques grévistes de l’année dernière partagent d’ailleurs cette opinion. « Sur le terrain et dans nos fora WhatsApp, cet appel à la grève circule très peu », indique justement un ancien de OTS.

Pour s’en convaincre, il faut attendre le 18 avril prochain, qui coïncide avec la fin des congés de Pâques et le retour des élèves dans les salles de classe pour le troisième et dernier trimestre de l’année.

Michel Ange Nga

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