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La crise anglophone resurgit à l’université de Buea

La crise anglophone resurgit à l’université de Buea

Paru le mercredi, 13 mai 2020 17:47

Me Félix Agbor Balla ne fait plus partie des effectifs des enseignants de l’université de Buea. Le contrat de l’enseignant d’histoire politique et constitutionnelle du Cameroun qui officiait comme moniteur au sein de cette université a été résilié. La décision prise au terme du Conseil de discipline, réuni le 6 mai 2020, a été rendue publique le 12 du même mois par le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup). Motif, « entorses et non-respect à la déontologie universitaire ».

En fait, il est reproché à ce diplômé en droit privé d’avoir proposé un sujet relatif à la crise qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. « La crise anglophone a été causée en 2016 par une grève des avocats et des enseignants. Évaluez la validité de cette déclaration » est l’intitulé du sujet, soumis aux étudiants dans le cadre des examens de fin de premier semestre. La direction de l’université estime que ce sujet ne cadre pas avec son programme de cours, mais plutôt avec la propagande. D’où la sanction prise « unanimement » par un Conseil de discipline présidé par le Vice-Chancellor, aux fins de faire respecter l’éthique et la déontologie universitaires.

Selon Me Felix Agbor Bala, « il ne s’agit nullement d’un problème d’éthique et de déontologie ». Le mis en cause prétend que la décision du Conseil de discipline « doit sans doute avoir un rapport avec [ses] positions sur la violation des droits de l’Homme. Car, ce qui est dispensé dans d’autres universités d’État est pire que la thématique liée à la crise anglophone ». L’avocat reconnait néanmoins qu’il a souvent abordé des thématiques liées à la crise anglophone, au statut particulier accordé aux deux régions anglophones (Nord-Ouest et Sud-Ouest) et au Grand dialogue national.

Divergences

Dans la communauté universitaire, cette décision est diversement appréciée. Certains universitaires la trouvent justifiée surtout que « toutes les règles de l’université ont été scrupuleusement respectées par le Conseil de discipline », confie un enseignant.

Mais cette posture est critiquée par une frange d’universitaire dont fait partie le Pr Ambroise Kom. « Il est difficile de comprendre que le ministre de l’Enseignement supérieur mette un enseignant d’université sur la sellette, non pas parce qu’il est accusé d’incitation à la haine raciale/tribale, d’injures, de diffamation, de négationnisme ou de harcèlement sexuel, mais pour un banal sujet d’examen donné aux étudiants, sujet portant sur une question d’actualité nationale », a déclaré le spécialiste des littératures africaines.

En tout cas, pour le Dr Jean Paul Mbia, responsable de la Communication du Minesup, « Nul n’a le droit de confondre la science à la propagande. Enseigner la science, oui. Mais, intoxiquer les étudiants par la propagande politique, non ».

Fondateur du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (Chrada), Me Felix Agbor Balla a été l’un des principaux artisans de la grève des avocats et des enseignants de 2016 qui est à l’origine de la crise anglophone.

BE

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