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Au Cameroun, des groupes consultatifs d’adolescentes créés pour mieux défendre leurs droits

Au Cameroun, des groupes consultatifs d’adolescentes créés pour mieux défendre leurs droits

Paru le vendredi, 13 octobre 2023 05:08

Elles sont 10. Des adolescentes vent debout pour défendre leurs droits et ceux de leurs pairs. Parmi elles, Jessica, survivante de viol et maman d’un petit garçon, qui s’intéresse aux questions liées aux violences sexuelles et aux grossesses précoces. Brinda, ex-consommatrice de drogue qui dénonce les violences en milieu scolaire et la consommation des stupéfiants par les jeunes. Nafissatou qui a fait de la lutte contre les mariages d’enfants, une des causes d’abandon scolaire, son cheval de bataille. Yvana qui se bat contre la propagation du VIH-sida parmi ses pairs adolescents ou encore Lydia, malvoyante, qui milite pour l’inclusion.

Toutes font partie du Groupe consultatif des adolescentes (Agab, sigle en anglais) mis en place par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) dans la région du Centre. « Agab vise à concrétiser l’un des principes fondamentaux de la Convention relative aux droits de l’enfant - qui est la participation des enfants dans les prises de décisions qui les concernent. Il sert donc de plateforme permettant aux filles d’apporter leur contribution aux actions qui sont menées pour la prise en compte de leurs droits », affirme Nadine Perrault, la représentante de l’Unicef au Cameroun.

L'initiative Agab a officiellement été lancée à Yaoundé le 11 octobre, date qui marque la Journée internationale de la fille commémorée en 2023 sous le thème : « Investir dans les droits des filles : notre leadership, notre bien-être ». Ce thème met l’emphase sur les initiatives visant à renforcer le leadership des filles qui continuent à être confrontées à de nombreux défis au Cameroun notamment, malgré des progrès accomplis en matière de réalisation de leurs droits. Cette initiative, qui fait partie intégrante des interventions de l’Unicef en faveur de l’éducation des filles, vient accompagner les efforts du gouvernement visant à améliorer l’environnement scolaire et éliminer les obstacles entravant l’accès et le maintien de celles-ci à l’école.

Relais des pouvoirs publics

« On ne peut changer le monde que par l’éducation des filles », soutient l’écrivaine Djaïli Amadou Amal, par ailleurs ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF. La lauréate du prix Goncourt des lycéens 2020, qui a connu le mariage précoce et forcé à 17 ans avec un homme plus âgé, a raconté son histoire aux membres de l’Agab en insistant sur l’éducation comme vecteur de développement de la fille. Question de les inciter à se battre pour réaliser leurs rêves et leur plein potentiel. Après le Centre, l’Unicef envisage le lancement d’autres groupes consultatifs des adolescentes à Bertoua (Est), Buea (Sud-Ouest) et Maroua (Extrême-Nord), indique sa représentante-pays. Le souhait de cette agence onusienne est que cette initiative soit étendue de manière progressive à d’autres régions du Cameroun. Mais aussi qu’elle puisse être dupliquée par d’autres partenaires pour accompagner et promouvoir les mouvements et l’activisme dirigés par des filles.

Marie Thérèse Abena Ondoa, la ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), a salué cette initiative. Celle-ci, dit-elle, permet de constituer une « pépinière » de jeunes filles capables de mieux défendre leurs intérêts et vient s’ajouter à la batterie de mesures prises par les pouvoirs publics pour assurer l’épanouissement de la fille dans le pays, y compris son droit à la participation consacré par les instruments juridiques internationaux et régionaux ratifiés par le Cameroun. « Vous êtes désormais les ambassadrices de la cause de la jeune fille dans vos familles, communautés et écoles respectives. Vous êtes des relais des pouvoirs publics pour la promotion des valeurs morales et citoyennes, ainsi que l’usage responsable des TIC », leur a-t-elle dit, les exhortant à encourager l’éducation au sein de leur regroupement.

Patricia Ngo Ngouem

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