La page ne s’est toujours pas retournée sur la querelle entre Tikar et Bamoun. Les deux communautés s’invectivent sans relâche depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Quand les Tikar moquent l’analphabétisme supposé des Bamoun, ces derniers répondent en se présentant comme un peuple fier et puissant tout en ironisant sur les Tikar qu’ils présentent comme des « pêcheurs », rien de plus.

On se rappelle que cette querelle est née d’un incident à Magba dans le département du Noun, région de l’Ouest. Ce jour-là, les hommes de la garde de Nabil Mbombo Njoya, le sultan Bamoun, avaient brutalisé Ngamon Soulé, le chef Tikar de la ville de Magba. Pour cause, ce dernier avait appelé le sultan « mon fils ».

Depuis cet incident, les deux communautés se renvoient la responsabilité de cette situation. « Enlever la tunique d’un chef traditionnel, comme le chef Tikar de Magba l’a subi, c’est le plus grand déshonneur. En plus, on lui a enlevé son turban. C’est la plus grande insulte qu’on peut faire à un chef », commente le télé-évangéliste Ferdinand Ekane, une élite Tikar.

Dans la querelle avec les Bamoun sur les plateformes sociales, les Tikar s’amusent maintenant à appeler le sultan Nabil Mbombo Njoya « mon fils ». En face, les Bamoun, eux, continuent, dans leur grande majorité, à soutenir que « appeler le sultan roi des Bamoun “mon fils” est un crime culturel ».

Quand Tikar et Bamoun ne s’invectivent pas, ils débattent. Pour les Bamoun, Magba est dans le Noun et par ricochet dans le territoire contrôlé par le sultan Nabil Mbombo Njoya. Pourtant, les Tikar dans le Noun refusent de se présenter comme des vassaux des Bamoun. Ils expliquent que l’appellation de « sultan du Noun » est une grosse aberration parce qu’on décompte 26 chefferies Tikar autonomes dans le Noun… Des positions pour l’instant irréconciliables.

Michel Ange Nga

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