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Tribunal criminel spécial : dans les secrets de l'affaire Adèle Mbala

Tribunal criminel spécial : dans les secrets de l'affaire Adèle Mbala

Paru le vendredi, 15 janvier 2021 16:17

Adèle Mballa Atangana ne fait pas encore l’objet d’une information judiciaire au Tribunal criminel spécial (TCS). C’est ce que soutiennent plusieurs sources internes à cette juridiction spéciale chargée de la répression des crimes économiques au Cameroun. Contactée, la journaliste et promotrice de l’entreprise Graceland, une société à responsabilité limitée opérant entre autres dans les travaux publics, affirme n’avoir pas été convoquée au TCS pour une quelconque affaire de détournement.

Enquête préliminaire

C’est que, selon nos sources au TCS, l’affaire de détournement présumé de fonds publics dans laquelle est citée la présentatrice du 20 h 30 sur la chaîne audiovisuelle publique se trouve jusqu’ici dans « la phase d’une l’enquête préliminaire». Une information confirmée par Christophe Bobiokono, directeur de publication du journal Kalara, un hebdomadaire spécialisé de l’information juridico-judiciaire.

« Dans cette phase de la procédure, il s’agit généralement pour les officiers de police judiciaire en charge de l’enquête de rassembler les éléments de preuves à charge contre l’accusée. Au terme de leurs investigations, ils vont monter un procès-verbal de synthèse », explique un avocat habitué des procédures au TCS.

Ce n’est qu’après cette étape que le juge d’instruction peut ouvrir une information judiciaire et inculper ou non les personnes visées par cette affaire, apprend-on.

Des fonctionnaires dans le viseur

En sus de la directrice générale de Graceland, cette affaire de détournement présumé d’un montant de plus de 465 millions FCFA concerne une dizaine d’autres personnes. Il s’agit pour l’essentiel des agents publics qui sont intervenus dans le processus de validation et de paiement du marché controversé. Notamment un délégué départemental des Travaux publics, un certain Mengue et celui du ministère des Marchés publics à savoir Donatien Barka, actuellement maire de Kentzou dans la région de l’Est. Tous deux étaient en poste dans le département du Nyong-et-Kelle (région du Centre) au moment des faits.

A l’origine de l’affaire

Pour bien comprendre l’affaire, il faut remonter à l’année 2016 lorsque l’entreprise Graceland dont le manager se nomme Adèle Mballa Atangana décroche un marché de 465, 9 millions FCFA pour les travaux d’entretien au stabilisant DON-CBR PLUS de certaines routes principales en terre dans trois départements (Nyong-et-Kelle, Nyong-et-So’o et Mefou-et-Akono) de la région du Centre.

Les travaux portent sur trois tronçons Mbalmayo – Akono (22,6 km), Ngoumou – Otélé (10 km) et Otélé – Eseka (71,5 km). Mais pour ce dernier tronçon, les travaux n’auraient pas été réalisés par l’adjudicataire qui a pourtant été payé par l’Etat. Au ministère des Travaux publics, l'affaire embarrasse. Personne ne prend le risque d’en parler à visage découvert. « La seule chose qu’on peut vous dire c’est que l’entreprise Graceland a effectivement gagné ce marché. Elle en a d’ailleurs gagné bien d’autres, mais nous ne pouvons rien vous dire au sujet des paiements qui constituent la dernière étape dans le processus » répond un cadre du Mintp.

Sur le terrain, des riverains affirment que quatre ans après la passation de ce marché, les travaux n’ont toujours pas été réalisés. « Graceland avait simplement implanté une base vie à Otélé. Après plus rien », confie un responsable politique de la localité.

Toujours est-il que « la pratique spécieuse » est dénoncée dans une saisine adressée le 4 juillet 2018 au Procureur général du TCS par Simon Pierre Djiki Mpeck, ancien député suppléant et président de la section RDPC Nyong-et-Kelle – Centre.

Dans l’opinion publique, l’affaire fait jaser. Dans la corporation des journalistes, la vedette du petit écran est critiquée par une frange de ses confrères. Pour ces derniers, l’exercice des activités de Graceland, susceptible de créer un conflit d’intérêts, transgresse les règles éthiques et déontologiques du journalisme. Surtout au regard de la charte de Munich, du code de déontologie rendu exécutoire par le décret n° 92/313/PM du 24 septembre 1992 du Premier ministre et du code de l’UJC adopté le 16 octobre 1996.

Baudouin Enama

Dernière modification le samedi, 16 janvier 2021 02:51

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