Le tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne (Suisse) refuse de se prononcer sur la vacance à la tête de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), comme souhaité par Guibaï Gatama et d’autres acteurs du football camerounais qui ont engagé une procédure en appel en novembre 2022, contre certaines décisions prises par la Fecafoot. Pour les arbitres du TAS, c’est à l’assemblée générale de la Fecafoot qu’il revient de faire cette constatation. « En l’absence d’une prise de décision par l’assemblée générale extraordinaire sur la vacance de la présidence, la formation [les arbitres du TAS] ne saurait, dans le cadre du présent appel, statuer sur cette question », peut-on lire dans la sentence rendue ce 15 août dans l’affaire entre Guibaï Gatama et consorts contre la Fecafoot.
Le TAS reconnaît toutefois que depuis la condamnation en cours de mandat de Samuel Eto’o Fils, le président de la Fecafoot, par un juge espagnol à 20 mois de prison ferme, les conditions d’illégalité prévue par les textes en vigueur s’appliquent bien à ce dernier. L’article 46 des statuts de la fédération prévoit en effet que « le poste de président sera considéré comme vacant en cas de décès, de démission, de démission ou s’il est empêché de façon permanente d’exercer ses fonctions officielles ou en cas d’éligibilité en cours de mandat ».
Il se trouve que l’article 36 mentionne qu’une condamnation à une peine privative de liberté assortie de sursis simple ou avec une probation supérieure à six mois constitue un cas d’éligibilité. Ce qui s’applique bien à Samuel Eto’o Fils. Il est par contre peu probable que cette éligibilité soit constatée, car l’ancien capitaine des Lions indomptables peut continuer de compter sur les faveurs de la majorité de l’assemblée générale de la Fecafoot.
Organigramme annulé
Malgré tout, Samuel Eto’o Fils a bien des soucis à se faire. La sentence rendue par le TAS annule l’ensemble des 17 résolutions adoptées le 27 août 2022 à Douala lors d’une session ordinaire de l’assemblée générale de la fédération. Ce qui place, sans aucun doute, le président de la Fecafoot sur la corde raide.
À en croire une source intérieure à la Fecafoot, il est probable que certains cadres de la fédération recrutés à la faveur du nouvel organigramme soient poursuivis « pour remboursement des sommes et avantages indûment perçus ». C’est le cas de Franck Happi, le directeur du développement du football. Un poste qui n’existait pas dans l’ancien organigramme de la fédération.
Plus grave encore, la résolution qui approuve le procès-verbal de la session de plein droit de l’élection des quatre vice-présidents de la fédération du 11 décembre 2021 est aussi annulée. En clair : il n’y a jamais eu de vice-présidents à la Fecafoot. La conséquence c’est que toutes les décisions engagées par ces derniers sont tout simplement nulles…
D’autres résolutions très commentées dans la presse, comme la dissolution de la Ligue de football professionnelle du Cameroun (LFPC) ou encore la révocation de Guibaï Gatama du Comité exécutif de la fédération, sont aussi concernées par ces annulations décidées par le TAS.
Pour notre source anonyme à la Fecafoot, cette situation s’apparente à « un vacuum ». Il évoque même l’éminence d’une nouvelle normalisation à la Fecafoot après celles menées par l’universitaire Joseph Owona et l’avocat Dieudonné Happi. Mais pour le moment, cette hypothèse n’est pas encore officiellement évoquée.
Cette sentence du TAS est rendue alors même que la Confédération camerounaise de football (CAF) a annoncé qu’elle ouvrait une enquête sur Samuel Eto’o Fils à la suite de plusieurs dénonciations « sérieuses » déposées par des acteurs du football camerounais.
Michel Ange Nga
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