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À l’Est, la vitamine A utilisée comme appât pour booster la vaccination des enfants

À l’Est, la vitamine A utilisée comme appât pour booster la vaccination des enfants

Paru le mercredi, 18 mai 2022 12:51

La distribution de la vitamine A est un élément catalyseur pour la vaccination des enfants à l’Est, une région où la pandémie de Covid-19 a accentué la peur des vaccins. « La supplémentation en vitamine A est un appât pour attirer les mamans. Quand les parents savent qu’il y en a, volontairement, ils viennent avec les enfants pour la vaccination », assure Dr Sylvain Tcheumaga, chef du district de santé de Garoua-Boulaï, commune du département du Lom-et-Djérem, frontalière de la République centrafricaine (RCA). « Quand c’est une campagne de vaccination sans supplémentation en vitamine A, les chiffres ne sont pas aussi bons que quand il y a la supplémentation », ajoute-t-il.

« Lors de la dernière campagne, nous avions près de 295 000 enfants à supplémenter dans la région. Nous avons atteint une performance de pratiquement 99 % pour les enfants de 6 à 59 mois », indique Marius Sotto Njenkam, gestionnaire de données du programme nutrition à la délégation régionale de la Santé publique (Minsanté) de l’Est. La méthode a tellement de succès qu’elle emporte l’adhésion de tous, y compris de la population réfugiée centrafricaine confrontée à l’insécurité alimentaire. Selon les autorités locales, quelque 60 000 réfugiés centrafricains vivent à Garoua-Boulaï, dont plus de 29 000 dans le camp de Gado-Badzere. 

« Il y a beaucoup de cas de malnutrition dans le camp. Nous donnons systématiquement de la vitamine A aux enfants malnutris, car ça booste leur immunité. On n’a pas de cas de refus. Certains parents demandent même souvent qu’on leur donne la vitamine A, mais on leur explique que c’est pour les enfants », affirme Elhadj Aboubakar, chef du centre de santé intégré (CSI) de Gado-Badzere. C’est donc à bras ouverts que les parents de ce camp de réfugiés ont accueilli les agents vaccinateurs lors de la récente campagne nationale de riposte contre la poliomyélite organisée du 13 au 16 mai dernier. Cette campagne était couplée à la supplémentation en vitamine A des enfants de 6 à 59 mois.

Prévention des infections

Si la méthode marche, c’est parce que les parents ont compris le rôle important que joue la vitamine A. « La vitamine A rend mon enfant plus fort et le protège des maladies », avance Koulsoumi Ousmanou, une réfugiée centrafricaine. Venue à la base au CSI de Gado-Badzere pour une consultation, cette mère de 33 ans a profité de la présence des équipes sur le site pour faire vacciner son enfant de deux ans. Indispensable au système immunitaire du bébé, la vitamine A intervient dans la prévention des infections, favorise la croissance, protège la vue et contribue au développement de la peau et des os, précise Dr Christine Pouth, coordonnatrice du groupe technique du Programme élargi de vaccination (PEV) à l’Est.

Mais le succès de cette activité de santé est aussi dû au fait qu’elle est distribuée gratuitement aussi bien en vaccination de routine que lors des campagnes de masse. Depuis 1998, Global Affairs Canada (GAC) - le ministère du gouvernement canadien chargé des relations diplomatiques et consulaires - fournit des suppléments en vitamine A pour soutenir les efforts du Cameroun dans la lutte contre la mortalité infantile. Pour cette année 2022, GAC a, via le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), décaissé 610 millions FCFA pour améliorer l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans grâce à la distribution de la vitamine A.

Patricia Ngo Ngouem, de retour de Garoua-Boulaï.

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