Au Cameroun, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) expérimente, avec l’appui financier du gouvernement japonais, l’initiative « Migration et pâtisserie ». Cette intervention humanitaire innovante dans le pays est destinée à soutenir le renforcement de la (ré)intégration de jeunes déplacés internes dans les communautés d’accueil et améliorer le bien-être socio-économique d’un point de vue culinaire grâce au volontariat des jeunes, dans le cadre de sa mission d'accompagnement du gouvernement.
L’ambition derrière est de créer des conditions pour que certaines de ces personnes contraintes de fuir le conflit en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest puissent bénéficier d’une formation professionnelle pour approfondir leurs connaissances en pâtisserie, mais avoir aussi des compétences en matière de développement de plans d’affaires et de présentation de business-plan pour pouvoir lever des financements, explique Abdel Rahmane Diop, chef de mission de l’OIM au Cameroun.
Pour cette phase test, 5 déplacés internes (dont un homme) et deux personnes des communautés d’accueil ont été formés les 12, 19, 20, 26, 27 août et 2 septembre derniers sur les techniques en pâtisserie et le développement commercial. Les sessions de formation ont notamment permis aux participants de renforcer leurs compétences sur la façon d’ajouter de la valeur à leurs pâtisseries par l’introduction de nouvelles recettes de boulangerie et d’améliorer les compétences en pâtisserie et en décoration en observant la manière dont leurs formateurs, des pâtissiers professionnels camerounais et japonais, font leur travail.
Ils ont également acquis des connaissances pratiques sur la manière d’élaborer leurs plans d’affaires et comment les présenter efficacement à de potentiels partenaires commerciaux. Samedi 16 septembre, les participants ont présenté leurs pâtisseries lors d’un atelier de restitution organisé à la Villa des créateurs à Bastos, un quartier huppé de Yaoundé. Le « Eru Cake » et le « Ekwang Cake », gâteaux en trompe l’œil inspirés de ces deux plats traditionnels originaires des régions anglophones réalisés par Dibora Shela Itoe, ont fait sensation auprès de l’assistance.
La jeune femme de 31 ans, qui a trouvé refuge à Yaoundé il y a 5 ans, rêve désormais de lancer sa propre boutique de pâtisserie. Son objectif : amener les clients à se réconcilier ou à se réapproprier leur culture à travers ses « gâteaux africains » qu’elle espère un jour voir au menu de grandes cérémonies comme des mariages, dit-elle. Reste encore à convaincre les investisseurs. Devant un public diversifié de représentants gouvernementaux et diplomatiques, d’institutions bancaires et d’hôteliers, Dibora et les autres participants ont défendu leurs plans d’affaires en vue de lever des fonds pour lancer leur business.
Patricia Ngo Ngouem