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Lions indomptables : guerre d’intérêts autour du poste de sélectionneur…

Lions indomptables : guerre d’intérêts autour du poste de sélectionneur…

Paru le samedi, 19 février 2022 07:48

En annonçant, le dimanche 13 février, sur la télévision publique CRTV, le maintenir Antonio Conceiçao sur le banc des Lions indomptables, Narcisse Mouelle Kombi a pris au dépourvu une partie de l’opinion publique qui demandait la tête du technicien portugais après la défaite du Cameroun en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football.

La position du ministre des Sports et de l’Éducation physique (Minsep) a aussi pris le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o Fils, de court. Ce dernier a le lendemain réagi en indiquant, dans une lettre au ministre, que rien n’était encore joué. Et surtout que la réflexion sur le maintien ou la résiliation du contrat de l’entraîneur de la sélection nationale est toujours en cours. Il est réconforté dans cette position par le Comité exécutif (Comex) de la fédération, qui tenait une session ordinaire le 16 février dernier à Limbe.

Cette guerre larvée entre la Fecafoot et la tutelle du football sur le sort du sélectionneur Antonio Conceiçao agite la toile depuis quelques jours. Dans les entourages des principaux acteurs de cette bataille, on s’accuse mutuellement de nourrir des intérêts nombrilistes.

Accusations

À la Fecafoot, on soutient que « les gouvernants préfèrent les entraîneurs expatriés qui ont de gros salaires parce qu’ils touchent un pourcentage sur ces salaires ». Ce n’est pas la première fois que le ministère en charge des sports est accusé de couvrir un système opaque de ponction sur les salaires des entraîneurs de la sélection recrutés en Europe. Des voix sous cape indiquent même que c’est à cause de ces prélèvements organisés que le Suédois Sven-Göran Eriksson a refusé de s’engager en 2019 avec le Cameroun…

Samuel Eto’o Fils, en bon connaisseur des arcanes du football camerounais, a-t-il fait le choix de donner un coup de pied dans la fourmilière en faisant partir Antonio Conceiçao ? Pas si sûr, si on en croit des sources au ministère des Sports. « Le président de la Fecafoot est partenaire sinon actionnaire majoritaire d’une agence de management de joueurs appelée Utopia. En nommant un entraîneur qui lui ait dévoué, l’équipe nationale va sans doute servir de vitrine aux talents en herbe qui ont un contrat avec Utopia, qu’il pourra mieux placer dans des clubs africains et européens », accuse-t-on.

Pour l’instant, nous n’avons pas pu documenter ces accusations réciproques. Quoi qu’il en soit, Samuel Eto’o Fils est décidé à imposer son choix. Dans une lettre qu’il adresse le 14 février au Minsep, il convoque le texte en vigueur, en l’occurrence le décret du 26 septembre 2014 portant organisation et fonctionnement des sélections nationales de football. L’article 3, alinéa 1, de ce décret, qu’il cite dans sa lettre, prévoit que « la gestion administrative, sportive et technique des équipes nationales de football relève de la compétence de la Fecafoot ».

L’arbitrage du palais

De son côté, le Minsep ne s’est pas officiellement prononcé sur les éléments de droit. Toutefois, dans les colonnes du quotidien Le Jour, Georges Endjako Ameke, juriste internationaliste, fait néanmoins remarquer que la Fecafoot ne peut pas recruter un entraîneur sans l’aval du ministre des Sports. « La Fecafoot peut procéder au recrutement d’un entraîneur. Mais, la nomination ou le parachèvement du contrat de celui-ci doit être fait après avis obligatoire du ministre des Sports », poursuit le juriste. On observe d’ailleurs que le contrat de travail du sélectionneur actuel a été signé conjointement par le président de la Fecafoot et le ministre des Sports. 

Face à cet imbroglio, l’affaire pourrait finalement se dénouer au palais d’Etoudi. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le sort d’un sélectionneur des Lions indomptables est décidé par Paul Biya. Dans une correspondance que le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, adresse au ministre des Sports le 17 juillet 2019, on apprend, par exemple, que l’accord du président de la République a été requis pour la résiliation du contrat du Néerlandais Clarence Seedorf et de celui de son adjoint Patrick Kluivert pour leur contre-performance à la CAN 2019 organisée par l’Égypte.

Ce n’est pas tout. La prolongation du contrat de Conceiçao en août 2021 a aussi nécessité l’aval du président. Tout porte à croire que son limogeage ou sa nouvelle reconduction va passer sur la table de Paul Biya. Pour l’instant, les tractations vont bon train. Samuel Eto’o, à qui le Comex a donné jusqu’au 18 février pour prendre une décision concernant l’avenir du sélectionneur actuel, a sollicité un délai supplémentaire « avec une date d’annonce fixée au mercredi 23 février 2022 à 18 heures ».

Michel Ange Nga

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Dernière modification le samedi, 19 février 2022 08:26

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