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Régions de l’Est et de l’Adamoua : l’exploitation minière semi-mécanisée a causé plus de 150 morts en 8 ans

Régions de l’Est et de l’Adamoua : l’exploitation minière semi-mécanisée a causé plus de 150 morts en 8 ans

Paru le mercredi, 19 mai 2021 08:17

L’organisation non-gouvernementale (ONG) Forêt et Développement rural (Foder) a recensé au total 157 décès sur les sites miniers du Cameroun entre 2013 et avril 2021. Parmi ces morts, 25 % sont dus aux noyades et éboulements de terrain causés par des trous à ciel ouvert laissés par des exploitants. 

Ce recensement macabre a été réalisé par Foder dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est dans le cadre du Projet mines-environnement-santé-société (ProMESS) avec l’appui de l’Union européenne (EU) et la collaboration de Transparency International Cameroon (TI-C) depuis le lancement de la seconde phase.

Selon Foder, « à Ngoura, à Bétaré-Oya, à Batouri et à Garoua-Boulai, des cas d'éboulements faisant des morts sont régulièrement signalés. C’est ce qui a conduit à la mise à jour régulière de ce fichier macabre qui, nous le reconnaissons, n’est pas le reflet exact de la situation macabre du terrain ».

Par exemple, alors que Foder a dans un premier temps comptabilisé 50 morts en 2017, une actualisation des données maintient toujours cette année au top des plus meurtrières mais avec 65 morts. 

Année la plus meurtrière

Si Foder compte très peu de morts dans l’Adamaoua, en revanche l’ONG assimile les sites miniers de l’Est à des mouroirs. Parmi les départements concernés, le Lom-et-Djerem fait la course en tête avec 120 morts, suivi de très loin par la Kadey avec 29 morts.

Au classement des villes, Ngoura (62 décès) dans le Lom-et-Djerem remporte la palme d’or. A l’intérieur de cet arrondissement, les localités de Ngoengoe (31 morts) et Colomine (22 morts) devancent les autres localités.

Dans la répartition par sexe, sur les 157 morts comptabilisés par Foder, 53 % sont des hommes contre 11 % de femmes, le reste, soit 36 %, n’étant pas défini. Sur les 100 morts dont les âges sont connus, 38 ont entre 0 et 20 ans. 

Généralement, ces jeunes accompagnent leurs parents dans les anciens trous miniers des exploitants partis sans les refermer. « La pratique ici consiste à profiter du fait que des opérateurs miniers ne referment pas les trous après exploitation pour venir « racler » les bords », explique un riverain.

Exploitation frauduleuse

« Il faut absolument briser ce deal tacite entre les riverains et les exploitants miniers véreux. Il consiste à laisser exprès ces excavations pour soi-disant faire du bien aux riverains en ne tenant pas compte de leur fort pouvoir mortifère », s’indigne un responsable du ministère des Mines.

Cette situation s’explique par la mafia qui entoure l’exploitation minière artisanale au Cameroun, et qui permet aux détenteurs de permis de recherche de se lancer frauduleusement dans l’exploitation.

En 2016, alors que le gouvernement compte officiellement 5 permis d’exploitation en cours de validité, sur le terrain on retrouve des opérateurs tels Dynastie Mining, Lu, Mme Lu, Wang, Phoenix Mining, « Chinois », Southland Mining, HMC Mining, Hong-Kong Mining, C&K Mining, SCEM, etc. Ces derniers, note une autre étude de Foder, opèrent avec la complicité des autorités administratives et politiques.

C’est pour restaurer l’ordre dans ce secteur que le président de la République a signé un décret créant la Société nationale des mines (Sonamines) 14 décembre 2020. La Sonamines doit notamment « assurer la mise en œuvre des mesures relatives à la restauration, à la réhabilitation et à la fermeture des sites d'exploitation miniers, en liaison avec les autres administrations compétentes ».

Dominique Mbassi

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