« Je parlais à un ami, quelqu’un qui investit dans le football et veut faire de son club l’un des meilleurs du Cameroun. Je n’ai fait que rassurer en disant que j’aurais tout fait pour éviter les erreurs d’arbitrage à son encontre », ainsi a réagi Samuel Eto’o Fils, après la diffusion d’une conversation téléphonique entre lui et Valentine Gwain, le président de Victoria United (Opopo), rapporte le site italien La Gazzetta Dello Sport.
Malgré cette réaction, les soupçons de trucage de matchs cette saison en Elite Two ne cessent de gonfler. Pour cause : dans cette conversation téléphonique, très vite devenue virale, Samuel Eto’o Fils affirme bien que son objectif est de faire passer le club de Valentine Gwain en division supérieure : « Opopo doit monter en première division. C’est notre objectif », indique-t-il notamment.
Pour les acteurs du football local qui dénoncent une promesse répréhensible, il est clair que Victoria United a bénéficié des largesses de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) cette saison. Le club fanion de Limbe, dans la région du Sud-Ouest, a accédé en Elite One en terminant leader du championnat Elite Two cette saison avec 46 points, soit six points de plus que Dynamo de Douala, le deuxième.
Pour les tenants de cette thèse, Opopo a bénéficié d’un vaste réseau de trucage de matchs impliquant les arbitres. Cette saison en tout cas, Victoria United a été plusieurs fois concerné par des matchs entachés d’incidents suite à la qualité de l’arbitrage. C’est le cas de la rencontre du 12 février dernier à Bafang contre Unisport, match comptant pour la 14e journée du championnat. Les supporteurs de l’Unisport avaient envahi le stade pour contester les décisions arbitrales.
« Nous on achète les matchs »
À la suite de ce match, un audio attribué à un joueur de Victoria United était venu confirmer les soupçons de corruption. « Si Donald Ngameni a dit qu’il n’achète pas les matchs, c’est son problème. Nous on achète les matchs, on va monter. Ngameni a dit qu’il ne donne pas l’argent aux arbitres, nous on donne. On a l’argent », peut-on écouter dans cette bande sonore.
Donald Ngameni, le président de Unisport de Bafang, est le seul patron de club en Elite Two qui a publiquement admis que les deux clubs promus en Elite One cette saison ont bénéficié des faveurs de la fédération. On se rappelle de son coup de sang en avril dernier, après un match perdu contre Dynamo de Douala : « on ne peut pas choisir dans un championnat les équipes qui vont monter ». Il ajoute devant les caméras : « personne n’est venu accompagner les autres ».
Concernant Samuel Eto’o Fils, Joseph Feutcheu, l’ancien membre du Comité exécutif (Comex) de la Fecafoot, rapporte une anecdote, qui a aussi fait jaser. Ce dernier raconte que Samuel Eto’o Fils lui a répondu dans une conversation téléphonique : « je peux faire descendre en division inférieure n’importe quelle équipe que je veux ».
À la décharge de Samuel Eto’o Fils, des acteurs du football local laissent entendre que les petits arrangements en divisions inférieures ont toujours existé et profité aux clubs nantis, comme c’est le cas pour Opopo… Valentine Gwain confie d’ailleurs volontiers à ses proches que son ambition est de remporter la Champions League africaine, qui échappe depuis des années au Cameroun.
Michel Ange Nga
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