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À Buea, Atanga Nji prescrit la sensibilisation contre les constructions en zones à risque après des pluies mortelles

À Buea, Atanga Nji prescrit la sensibilisation contre les constructions en zones à risque après des pluies mortelles

Paru le mardi, 21 mars 2023 18:25

En visite d’évaluation du sinistre ce mardi 21 mars à Buea suite aux pluies diluviennes qui ont fait officiellement deux morts et plusieurs blessés dans la capitale régionale du Sud-Ouest samedi dernier, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a appelé les autorités locales à « sensibiliser davantage » les populations sur « les risques encourus » à construire dans les zones à risque.

« Il y a eu deux morts, mais ce sont deux morts de trop. Il faut respecter le plan d’urbanisme », a notamment dit le membre du gouvernement, porteur d’un message de réconfort et d’une assistance humanitaire du chef de l’État aux victimes. Pour les autorités locales, les fortes précipitations n’expliquent pas à elles seules les coulées de boue en provenance du Mont Cameroun qui ont ravagé une partie de la ville de Buea. Le gouverneur du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï, a indexé la prolifération des constructions anarchiques dans la zone concernée par cette catastrophe.

L’autorité administrative a ainsi invité les populations à respecter « les lois qui gouvernent la norme de construction ». De son côté, le maire de la commune de Buea, David Mafany Namange, a procédé à la démolition d’une vingtaine de maisons construites dans des zones à risque, apprend-on. Des mesures prises pour éviter que pareil drame ne se reproduise. Il faut dire que le problème d’occupation anarchique des sols demeure un casse-tête pour le gouvernement depuis des années dans le pays. 

Notamment pour les autorités municipales qui peinent à faire respecter la loi du 21 avril 2004 régissant l’urbanisme au Cameroun, dans un environnement où les populations s’entêtent à bâtir des maisons sur les lits des cours d’eau, les flancs de colline, les marécages et autres zones à risque impropres à la construction. Ce, quand bien même elles ont été sensibilisées sur les risques qu’elles y encourent ou ont été priées de quitter la zone pour leur sécurité. La sensibilisation n’étant pas suivie de répression, elles continuent à occuper les lieux jusqu’à ce que des accidents ou catastrophes (inondations, éboulements…) les poussent à plier bagage.

Méconnaissance des textes d’urbanisme

Selon les urbanistes qui plaident pour un respect strict des normes d’urbanisme, la faute ne saurait toutefois incomber uniquement aux populations. Les pouvoirs publics y ont également leur part de responsabilité, car ils laissent les populations construire dans les zones à risque au nom de la tolérance administrative ou du fait du laxisme, dénoncent-ils régulièrement. Cette situation s’explique aussi par une méconnaissance des magistrats municipaux des textes régissant l’urbanisme au Cameroun, comme le reconnaît la ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine-Ketcha Courtès.

« Lors d’un conseil de cabinet, le Premier ministre a attiré notre attention sur le fait que nous avons une panoplie de textes méconnus qui poussent à l’occupation anarchique et conduit à ce que nous voyons : les inondations, les éboulements, les immeubles qui s’écroulent deux années après leur construction, etc. Il est donc important que les maires s’approprient les textes sur l’urbanisme », a-t-elle déclaré à la radio nationale. Depuis le mois de février, la Minhdu a entamé une tournée des dix régions dans le but de sensibiliser les maires à mieux s’approprier l’arsenal des textes qui régissent le développement urbain au Cameroun.

« Il était important que nous fassions le tour des régions. Nous avons commencé par la région de l’Adamaoua. Nous étions à l’Extrême-Nord, dans le Nord. Nous sommes aujourd’hui à l’Ouest. Nous serons dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest, etc., pour partager les documents qui vont permettre aux maires d’aider le chef de l’État à développer de manière harmonieuse et planifiée les villes camerounaises », a annoncé la Minhdu, qui a débuté ce mardi une visite de travail de deux jours à Bafoussam.

Patricia Ngo Ngouem

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