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Universités d’Etat : le Minesup bannit les ministres de culte, les militaires et les policiers du corps des enseignants

Universités d’Etat : le Minesup bannit les ministres de culte, les militaires et les policiers du corps des enseignants

Paru le lundi, 22 février 2021 15:36

Le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo (photo), veut s’assurer que les 8 universités d’Etat n’emploient plus des militaires, des policiers et des ministres de culte comme enseignants. Le chancelier des Ordres académiques exprime clairement cette volonté dans différentes correspondances envoyées fin janvier 2021 aux recteurs de ces institutions universitaires publiques.

Ces correspondances, consultées par SBBC, constatent que « certains enseignants permanents (…) appartiennent à d’autres corps des agents de l’Etat, notamment le corps des officiers d’active des Forces de défense et le corps des fonctionnaires de police ». D’autres, poursuit-il, « sont des ministres de culte de différentes obédiences religieuses ».

Le Minesup fait observer que ce statut est non conforme à la réglementation en vigueur régissant les personnels du corps de l’enseignement supérieur ayant la qualité de fonctionnaire. Ledit texte, insiste Jacques Fame Ndongo, pose comme principe que l’on ne peut appartenir qu’à un seul corps.

De même, rappelle-t-il, le statut général de la Fonction publique de l’Etat dispose en son article 14 que « le recrutement ou le maintien dans les corps créés en application des dispositions du présent statut est incompatible avec la qualité de ministre de culte ».

Pour le père jésuite Ludovic Lado, par ailleurs universitaire, il ne s’agit ni plus ni moins que de la violation des droits civiques du clergé.  Dans une lettre ouverte au Minesup, il se dit choqué au regard de sa formation dans les universités anglo-saxonnes où une telle considération est surannée.

« Cette réglementation est simplement discriminatoire et viole le caractère laïc de l’Etat inscrit dans la Constitution du Cameroun. Elle viole en outre le droit à la liberté de religion, car devenir “ministre de culte” relève des pratiques religieuses qui ne sauraient s’inviter dans l’organisation de la fonction publique », écrit le religieux.

Ce dernier estime par ailleurs que la notion de « ministre de culte » vague, surtout dans la mesure où « tous les chrétiens sont potentiellement “ministres de culte”, sauf si c’est le clergé catholique qui est ici implicitement visé ».

D’après lui, le Cameroun aurait énormément perdu si une telle disposition avait eu la mauvaise idée de bannir des enseignants de renom tels le père historien Engelbert Mveng, le père philosophe Meinrad Hebga ou le père psychologue Jacques-Philippe Tsala Tsala en leur temps de l’université.

Bien conscient que le Minesup ne fait que rappeler une réglementation en vigueur, Ludovic Lado note à son intention que « les mauvaises lois, discriminatoires de surcroit, sont faites pour être changées. Le statut général de la fonction publique n’a plus sa place dans aucune université au 21ème siècle ».

Il revient au Conseil constitutionnel de se prononcer sur la constitutionnalité de cette disposition du statut général de la fonction publique.

D.M.

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