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Grève des enseignants : comprendre pourquoi le mouvement OTS donne du fil à retordre au gouvernement

Grève des enseignants : comprendre pourquoi le mouvement OTS donne du fil à retordre au gouvernement

Paru le mercredi, 23 mars 2022 17:43

Après plus de 30 jours de grève et au moins cinq réunions de négociation entre le gouvernement et les enseignants, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss) avoue qu’il ne lui est toujours pas possible d’identifier les véritables leaders du collectif On a trop supporté (OTS). Joint au téléphone, en direct de l’émission Carte sur table du 22 mars, sur STV, Grégoire Owona cachait mal sa gêne au moment de faire cette confidence. De toute évidence, le gouvernement a tout le mal du monde à négocier avec ce collectif aux allures de nébuleuse.

Résultats des courses : le dialogue entre le gouvernement et les grévistes s’enlise. Une situation prédite par un enseignant quelques jours après le début de la grève, sur une des plateformes de discussion du collectif : « OTS n’a ni tête ni queue. C’est le seul problème. Lancer est très facile, mais s’arrêter sera très difficile. C’est un problème de géostratégie ». Une préoccupation ignorée par ses collègues. Car pour ces derniers, le mot d’ordre de départ ne doit pas être violé : « pas de tête ni de queue ».

Dissimulation

Mais pour Aimé Bounoung Ngono, politiste à l’université de Maroua, qui s’intéresse à la sociologie des mobilisations, il n’est pas possible qu’un tel groupe soit né sans leaders. Mais par contre, « OTS ne trouve pas opportun que les têtes du mouvement soient dévoilées. Ça relève d’un calcul stratégique, car quand on aura identifié les responsables, ils sont susceptibles d’être corrompus, intimidés ou faire l’objet des accusations de la base ».

Cette analyse prospère dans les milieux intellectuels grâce à quelques faits. Il n’échappe à personne que les grévistes sont bien organisés. Les consignes sont données par ruissèlement depuis la plateforme de discussion nationale vers les plateformes départementales. La désignation des personnes pour parler au nom du groupe sur les plateaux télé. La mise sur pied d’une commission interne chargée de faire de nouvelles propositions pour une éventuelle révision du statut particulier des enseignants s’est faite dans l’ordre. Toute chose qui laisse penser cette horloge a bien un horloger.

Gilets jaunes

Le gouvernement n’est visiblement pas à l’aise avec cette forme de mobilisation qui rappelle les Gilets jaunes en France. À la place, le pouvoir s’est habitué à discuter avec les syndicats parce que les leaders sont connus. Ensuite parce qu’ils ont une existence légale et pour terminer, ils ont pour maître mot le dialogue permanent. « Généralement, quand on met en place une commission c’est pour mettre fin au mouvement d’humeur. En évitant la discussion directe, OTS fait preuve de prudence », commente le politiste.

Il ne reste plus qu’à savoir si le collectif OTS va pouvoir tenir jusqu’au bout. « Il y a toujours une forme de gradation dans la mobilisation. Soit elle se fortifie, soit elle rétrécit », ajoute Aimé Bounoung Ngono. Pour ce qui est de OTS, le collectif est toujours arc-bouter sur ses positions : la satisfaction de toutes ses revendications ou rien.

Michel Ange Nga  

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