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La SIC veut mettre de l’ordre dans ses logements, après 67 ans de gestion calamiteuse

La SIC veut mettre de l’ordre dans ses logements, après 67 ans de gestion calamiteuse

Paru le lundi, 25 janvier 2021 18:06

La Société immobilière du Cameroun (SIC) veut renouer avec l’investissement. Pour l'exercice 2021, elle a adopté un budget de 18,613 milliards FCFA qui sera consacré à 71 % à l'investissement. 

Son principal défi consistera à élaborer une stratégie facilitant l’accès au logement aux ménages à faibles revenus, ou à promouvoir la formation et la sensibilisation des Collectivités territoriales décentralisées en techniques d’urbanisme, de conception et de réalisation des projets immobiliers et de gestion du patrimoine bâti. 

Mais le principal cheval de bataille de la SIC est le retour à une gestion orthodoxe de son patrimoine immobilier. Depuis quelques jours, la société a pris la résolution de lancer la procédure d’expulsion de 452 occupants de ses logements pour insolvabilité.

« Il est porté à l’attention des locataires insolvables de toutes les cités SIC du Cameroun (…) que, compte tenu du non-paiement de leurs charges locatives, le contrat qui les lie à la SIC est déjà résilié de plein droit conformément à l’article 5 du contrat de bail », écrit son directeur général (DG), Ahmadou Sardaouna.

Dans cette optique, le DG prie « chacun en ce qui le concerne, de libérer tant de corps que des biens et de tous occupants de leur chef, dans un délai d’un mois à compter de la date de signature du présent communiqué, lesdits logements qu’ils occupent désormais sans titre ».

Dette locative

Mais il ne ferme pas la porte à toute négociation. Les locataires désireux de reconduire leur contrat de bail de manière tacite sont priés de solder au préalable leur dette locative, faute de quoi ils seront épinglés pour filouterie de loyer, infraction punie par les articles 74 et 322 du Code pénal camerounais.

Ledit Code punit d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 100 000 à 300 000 FCFA ou de l’une de ces deux peines seulement, le preneur par bail, dûment enregistré, d’un immeuble bâti ou non qui, débiteur de deux mois de loyers, n’a ni payé lesdits loyers, ni libéré l’immeuble concerné un mois après sommation de payer ou de libérer les lieux.

Cette phase répressive intervient après une campagne d’identification des locataires et des occupants des logements de la SIC lancée le 23 septembre 2019. Une campagne doublée d’une opération de « recouvrement des arriérés locatifs ».

Celle-ci a permis au DG de constater que même dans sa nouvelle cité de Mbanga Bakoko, une banlieue de Douala, où seuls 33 immeubles sur les 56 en construction depuis 10 ans sont achevés, « plus de 50 % des occupants n’ont pas de contrat avec la SIC ». Pour le DG, « ceci montre que l’État a été spolié par beaucoup de personnes. C’est pour cela que nous aimerions que force revienne à la loi ». 

Gestion peu orthodoxe

 « Cette initiative s’imposait pour la survie de l’entreprise, minée depuis des décennies par une gestion inefficace », admet un cadre de la maison. Qui dénonce la corruption, le copinage et d’autres pratiques n’ayant pas permis à la SIC de tirer le meilleur parti de son parc immobilier.

« Outre les pressions des dignitaires du pouvoir pour l’attribution des logements à des proches, les différents directeurs généraux ayant défilé à la tête de l’entreprise n’ont pas toujours brillé par une gestion orthodoxe, pour dire le moins », enfonce un ancien cadre.

De surcroit, le phénomène de la sous-location a prospéré au vu et au su de tout le monde. En clair, de nombreux anciens locataires de la SIC devenus propriétaires de maison ailleurs sous-louent leur ancien logement social à un tiers.

A cause notamment de ces manœuvres frauduleuses, la SIC a accumulé des résultats déficitaires successifs ces dernières années : -4,4 milliards FCFA en 2016 ; -3,6 milliards en 2017 ; -4,05 milliards en 2018. Toute chose qui a empêché de nouveaux investissements.

Conséquence : après 67 ans d’existence, la SIC ne disposait, au 31 décembre 2019, que d’un parc locatif de 5 329 logements recensés à travers toutes les régions du pays à l’exception de l’Adamaoua, en état de vétusté. Trop peu pour un pays qui accuse un déficit de près d’un million de logements sociaux.

Dominique Mbassi

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