La semaine sur les données migratoires a réuni des experts de diverses disciplines à Yaoundé, au Cameroun, du 17 au 20 octobre dernier, afin d’harmoniser les mécanismes de collecte et de gestion des statistiques pour faciliter les processus programmatiques et de prise des décisions. Pour le gouvernement, cette harmonisation est importante pour avoir des données pertinentes, fiables et de qualité, au moment où le pays se prépare à lancer le 4e recensement général de la population et de l’habitat.
« Notre pays est marqué par un certain nombre de crises qui ont engendré beaucoup de mouvements de personnes. Face à cela, il faut mettre en œuvre les politiques adaptées, ciblées et adéquates. Globalement, les données qui vont être collectées sur les questions migratoires vont certainement aider à la formulation de ces politiques et pourraient permettre d’améliorer le processus de collecte que nous allons envisager dans le cadre de ce recensement général de la population et de l’habitat », affirme Guy Ronel Guemaleu, sous-directeur de la coopération multilatérale au ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
Ce recensement, annoncé depuis 2015, devra inclure les plus de 2 millions de réfugiés, personnes déplacées internes, personnes retournées et rapatriées vivant au Cameroun, suite à un protocole d’accord signé en mars dernier entre le gouvernement camerounais et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Pour l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il est important de renforcer la coordination institutionnelle sur les données au Cameroun entre les acteurs gouvernementaux, les agences des Nations Unies, les ONG, la société civile et les institutions de recherche afin de fournir des statistiques fiables et accessibles.
« On dit souvent que les données n’existent pas, mais il y en a. Nous pensons qu’en se mettant ensemble, nous allons faire ressortir ces données », déclare Abdel Rahmane Diop, le chef de mission de l’OIM au Cameroun. Cet organisme onusien produit de nombreuses données sur les migrations dans le pays, à travers notamment le projet « Soutenir l’intégration de l’analyse de la mobilité induite par le climat dans les efforts en cours de l’OIM au Cameroun pour une approche institutionnalisée des données » lancé le 16 novembre 2022. Ce projet, soutenu par le Canada, vise à améliorer les conditions de vie des personnes déplacées internes à travers la mise à disposition de la communauté humanitaire des données sur les déplacements de populations affectées par les crises, ainsi que leur état de besoins pour une réponse adaptée.
D’autres initiatives du genre sont menées par d’autres partenaires du Cameroun. Le but de cette semaine des données migratoires, selon le patron de l’OIM dans le pays, était d’identifier qui fait quoi, où, comment et voir dans quelle mesure collaborer pour concevoir des meilleures politiques fondées sur des statistiques factuelles qui tirent le meilleur parti de la migration pour le Cameroun et pour les migrants eux-mêmes. A ce sujet, il est envisagé la mise en place d’un groupe de travail sur la recherche et les données migratoires pour une meilleure gestion de celles-ci.
Patricia Ngo Ngouem
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