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Affaire Martinez Zogo : l’instruction au point mort, le dossier confié à un nouveau juge

Affaire Martinez Zogo : l’instruction au point mort, le dossier confié à un nouveau juge

Paru le jeudi, 27 avril 2023 12:02

Le président du tribunal militaire de Yaoundé, le colonel Jacques Baudouin Misse Njoné, a signé, ce 24 avril 2023, une ordonnance pour dessaisir Prosper Oyono Ebessa, le magistrat chargé de l’instruction judiciaire de l’affaire Martinez Zogo, animateur radio enlevé et retrouvé mort en janvier dernier. Il est remplacé par le lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo.

Pour motiver cette décision, le colonel Jacques Baudouin Misse Njoné évoque la stagnation de l’instruction. On apprend ainsi que depuis l’inculpation des mis en cause, le 4 mars dernier, « aucun autre acte d’instruction n’a été posé par le juge d’instruction en vue de la manifestation de la vérité ».

Tout est parti d’une lettre que le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé, le chef de bataillon Cerlin Belinga, a adressée, ce même 24 avril, au colonel Jacques Baudouin Misse Njoné. Dans cette correspondance, il demande le dessaisissement du juge d’instruction. Pour le commissaire du gouvernement, cette « inaction prolongée » serait due à l’éloignement du juge d’instruction.

Prosper Oyono Ebessa est un magistrat civil en service auprès des tribunaux de première et grande instance d’Akonolinga à plus de 111 km de Yaoundé. Il avait été choisi en accord avec le Code de justice militaire, dont l’article 5 prévoit que « le président, les vice-présidents, les juges d’instruction, le commissaire du gouvernement et les substituts du commissaire du gouvernement sont soit des magistrats militaires, soit des magistrats civils ».

Léopold Maxime Eko Eko

Pour le tribunal militaire de Yaoundé, le temps presse. Car selon les délais prescrits par la loi en vigueur, en matière criminelle, l’information judiciaire doit être clôturée dans un délai de 18 mois maximum. Le choix du lieutenant-colonel Florent Aimé Sikati II Kamwo n’est donc pas fortuit. Ce dernier, contrairement à son prédécesseur, est un magistrat militaire qui a l’avantage d’être en poste au tribunal militaire de Yaoundé depuis sa nomination comme juge d’instruction de cette juridiction le 6 mars dernier.

Dans l’ordonnance du colonel Jacques Baudouin Misse Njoné, l’on découvre que le principal inculpé dans cette affaire est le commissaire divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko. Au moment des faits, il était le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), les services de contre-espionnage camerounais. Son principal collaborateur, le lieutenant-colonel Justin Danwe, alors directeur des opérations de la DGRE, d’autres employés de cette institution publique et l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga ont aussi été inculpés. Poursuivis pour « torture, complicité de torture, omission de porter secours, arrestation et séquestration aggravées en coaction et violation de consigne en coaction », ils sont tous en détention provisoire à la prison principale de Yaoundé à Kondengui.

Michel Ange Nga

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