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Chantal Biya : le cœur du lion

Chantal Biya : le cœur du lion

Paru le mercredi, 06 juillet 2022 07:56

Au Cameroun, la première dame n’a pas un statut officiel. Mais Chantal Biya, née Chantal Pulchérie Vigouroux, a des atouts qui la rendent influente dans le champ politique. Comme la plupart des épouses, elle a l’amour et l’oreille de son époux de président de la République, surnommé l’homme-lion. À l’observation, ce rôle de conseiller officieux semble prendre de l’importance, à mesure que celle qui est arrivée au palais de l’Unité à 24 ans gagne en maturité et son mari en âge. Aujourd’hui, la nomenklatura politique voit la main de cette femme, qu’elle a raillée à ses débuts à cause de ses origines modestes et de ses maladresses en public, derrière certaines décisions, dont des nominations à de hautes fonctions.

L’autre creuset de la puissance de la première dame, c’est le Cercle des amis du Cameroun (Cerac). En sa qualité de présidente fondatrice, cette association, qui officiellement œuvre dans l’humanitaire, lui donne un carnet d’adresses qui s’étend à toutes les femmes hauts fonctionnaires (voire élus), aux épouses des hauts responsables et membres du corps diplomatique accrédités au Cameroun. Celles-ci viennent d’ailleurs lui faire allégeance, au moins une fois par an, lors de la cérémonie de présentation des vœux.

À bientôt 52 ans, cette mère de quatre enfants jouit aussi d’une côte de sympathie au sein de l’opinion. Bien que ses coiffures atypiques et ses tenues colorées suscitent la curiosité, sa popularité tient surtout de ses actions en faveur de la santé et de l’éducation. C’est dans ces domaines que son action est la plus visible et la plus médiatisée, faisant d’elle l’atout cœur du chef de l’État.

Star de la lutte contre le sida

Créée en 1994 alors qu’elle est tout juste mariée au président de la République, la Fondation Chantal Biya, tout comme le Cerac, est l’un des vecteurs de cette action humanitaire. Cette ONG, qui soutient des projets visant à réduire la pauvreté et à lutter contre les maladies, en l’occurrence le sida, est aujourd’hui un partenaire incontournable des organisations internationales concernant l’accès aux médicaments et le sort des enfants infectés et affectés par cette maladie virale. Il y a aussi les Synergies africaines. Créée le 15 novembre 2002 à Yaoundé, l’association panafricaine de lutte contre le sida et les souffrances contribue à « prouver » la volonté politique du Cameroun dans ce domaine.

« La première dame du Cameroun joue un rôle absolument exceptionnel dans la lutte contre le sida, non seulement au Cameroun, mais aussi en Afrique. J’ai pu constater moi-même les actions de la Fondation Chantal Biya, surtout la prévention de la transmission du VIH-sida de la mère à l’enfant (…), le travail de Synergies africaines, etc. Pour moi, Chantal Biya est l’une des stars de la lutte contre le sida dans le monde », déclarait l’ancien directeur exécutif du Programme commun des Nations unies sur le VIH-sida (Onusida), Peter Piot, à l’issue d’une audience avec la « First Lady » en juin 2003 au palais d’Etoudi à Yaoundé.

Figure emblématique de la lutte contre la pandémie du sida, « Chantou », comme l’a surnommée le peuple, s’investit également dans la santé reproductive avec le Chracerh, dans des dons aux populations démunies ou sinistrées, les aides diverses à la femme rurale et la construction et l’équipement d’écoles, notamment à Dimako, localité de la région de l’Est où elle est née le 4 décembre 1970.

Un engagement humanitaire salué et récompensé à l’international. En témoignent ses distinctions honorifiques : ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco à l’éducation et à l’inclusion sociale, ambassadeur spécial de l’Onusida… Selon certains analystes, grâce à ses œuvres caritatives, la première dame réussit à projeter une image positive du Cameroun à l’étranger, contribuant à la légitimité du président Paul Biya, dont la longévité au pouvoir n’est toujours pas bien perçue, notamment à l’international. 

P.N.N

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