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Samuel Eto’o : un ancien footballeur au bras long

Samuel Eto’o : un ancien footballeur au bras long

Paru le mercredi, 06 juillet 2022 08:31

Hier footballeur, aujourd’hui président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o a troqué shorts et crampons pour enfiler une tenue de dirigeant sportif. Peu de personnes avaient parié sur cette issue. La victoire du quadruple Ballon d’or africain dans un scrutin, que beaucoup pensaient fermé aux anciens sportifs et impossible à déverrouiller, a donc montré son influence au Cameroun, que ce soit dans le sérail ou au niveau de la population. Il a d’ailleurs joué de sa popularité auprès des couches populaires, menaçant de faire descendre les foules dans la rue, pour atteindre son objectif. 

Samuel Eto’o a également montré qu’il avait le bras long… Quelques mois seulement après son élection, celui qui a appelé à voter pour Paul Biya lors de l’élection présidentiel d’octobre 2018, a joué de son entregent pour obtenir, sur « hautes instructions » du président de la République, la nomination de son ancien coéquipier, Rigobert Song, à la tête de l’encadrement technique de l’équipe nationale fanion de football. Il faut dire que le ministre des Sports et de l’Éducation physique (Minsep), Narcisse Mouelle Kombi, avait annoncé des jours avant le maintien de Toni Conceiçao comme sélectionneur des Lions indomptables après leur troisième place à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à domicile. Une décision contestée par l’ancien Barcelonais qui opposait notamment au ministre de tutelle les textes en vigueur disposant que la gestion administrative, sportive et technique des équipes nationales de football relève de la compétence de la Fecafoot.

Ce bras de fer remporté par l’ancien « goléador », aujourd’hui âgé de 41 ans (il est officiellement né le 10 mars 1981), a fait dire à ses partisans les plus fervents que « Eto’o peut », référence au célèbre slogan d’un opérateur de téléphonie mobile dont il est l’égérie. Il faut savoir que le double champion d’Afrique avait déjà tout mis en œuvre pour que la CAN se tienne en janvier 2022 comme prévu au Cameroun, alors que la Fédération internationale de football (FIFA) invoquait notamment une recrudescence du Covid-19 pour tenter de reporter à nouveau la compétition.

Déjà, face aux retards de certains chantiers et à la pression de la Confédération africaine de football (CAF) - sous la présidence du Malgache Ahmad Ahmad - Eto’o a « mouillé » le maillot pour sauver les meubles. Ce, alors que d’aucuns voyaient le spectre d’un possible retrait de la CAN au Cameroun se profiler, après l’édition de 2019 finalement attribuée à l’Égypte.

« Ami » des chefs d’État

Le bras du « 9 », tel que le surnomment affectueusement ses fans, s’étend bien au-delà du Cameroun. « Du président turc à l’émir du Qatar en passant par le président congolais Félix Tshisekedi, le nouveau président de la Fecafoot entretient un épais carnet d’adresses, qui lui assure des connexions dans le football, la politique et même les milieux économiques », affirme le magazine Jeune Afrique. En guise d’illustration, toujours selon ce média, Eto’o aurait facilité dans l’ombre le partenariat commercial qui lie le Rwanda au Paris Saint-Germain (PSG), club français propriété de l’émir du Qatar. L’ancien international camerounais a d’ailleurs été désigné en avril 2019 ambassadeur de la Coupe du monde 2022, prévue du 21 novembre au 18 décembre prochain dans cet émirat.

Une influence qui, selon certains médias, gênerait, Samuel Eto’o étant soupçonné de lorgner au-delà de Tsinga et surtout en direction d’Etoudi. La discrétion du président de la Fecafoot lors de la cérémonie d’ouverture de la CAN, le 9 janvier au stade d’Olembe à Yaoundé, a contribué a alimenté cette thèse. Certains ont d’ailleurs vu en « la marginalisation protocolaire » d’Eto’o, ce jour-là, une façon de contenir son aura.

Dans une vidéo, abondamment partagée sur les réseaux sociaux, Eto’o lui-même demande à l’artiste congolais Fally Ipupa de ne pas scander son nom durant sa prestation lors de ladite cérémonie. « Non, s’il te plaît, ne me cherche pas de problème. Il n’y a qu’un seul président ici au pays et il est là aujourd’hui », l’entend-on notamment dire dans la séquence. Un charisme qui a de quoi prêter des ambitions politiques au natif de New-Bell, à Douala ? Pour l’instant, Eto’o président, oui. Mais de la Fecafoot !

Patricia Ngo Ngouem

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