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Julius Sisiku Ayuk Tabe : le visage de l’extrémisme anglophone

Julius Sisiku Ayuk Tabe : le visage de l’extrémisme anglophone

Paru le lundi, 18 janvier 2021 13:36

Elle est loin l’époque où Julius Sisiku Ayuk Tabe était un célèbre inconnu, informaticien à la Société nationale d’électricité du Cameroun (Sonel), ancêtre d’Eneo. Ayuk Tabe se révèle à l’opinion lorsque sa personne cristallise la revendication la plus extrême née de la crise anglophone : la sécession, formellement interdite par la constitution du Cameroun.

Le 1er octobre 2017, il se proclame « président de la République fédérale d’Ambazonie ». L’Ambazonie se veut un État qui naitrait de la séparation des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest d’avec le reste du Cameroun. « Nous allons faire sécession, nous allons restaurer notre indépendance et nous allons discuter des termes de cette indépendance », annonce-t-il.

Ayuk Tabe et le projet provoquent d’abord l’hilarité dans les chaumières et sous les lambris dorés au Cameroun. Mais, les attaques armées qui se multiplient dans les régions anglophones sur la direction d’Ayuk Tabe ne font plus rire et Yaoundé commence à sérieusement considérer la menace. En témoignent les moyens et les efforts diplomatiques déployés, fin janvier 2018, pour le capturer au Nigeria et son « gouvernement » avec. Il est condamné le 29 avril 2019 à la réclusion à vie, avec 9 membres de son équipe pour terrorisme et sécession.

Son emprisonnement, loin d’affaiblir les milices sécessionnistes, leur a donné une autre motivation pour les attaques sur le terrain contre la population et l’armée : forcer Yaoundé à libérer Sisiku Ayuk Tabe. « L’arrestation a réhabilité sa stature et lui a permis de reprendre le contrôle sur les factions séparatistes, mais aussi, il a été érigé en icône », analyse Joseph Lea Ngoula, expert des questions de sécurité.

Sisiku Ayuk Tabe fait savoir en janvier 2019 qu’il est prêt à négocier avec le président Paul Biya. Et le 11 mars 2020, il déclare que « Paul Biya a largement sous-estimé la détermination des Ambazoniens ». Car pour celui qui était arrivé à New York en septembre 2017 avec la ferme intention de défendre l’indépendance de l’Ambazonie à la tribune des Nations-Unies, la question anglophone est loin d’être réglée.

Après n’avoir pas été considéré par le gouvernement comme un interlocuteur pour une sortie de crise (il n’a pas été invité au Grand dialogue national), les autorités auraient finalement, depuis mars 2020, pris discrètement langue avec Sisiku Ayuk Tabe afin d’obtenir un retour à la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest où le conflit aurait déjà fait plus de 3000 morts.

L.A.

Dernière modification le lundi, 18 janvier 2021 13:38

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