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Paul Atanga Nji : l’agent secret

Paul Atanga Nji : l’agent secret

Paru le mercredi, 26 octobre 2022 17:49

Paul Atanga Nji est l’un des ministres les plus importants du gouvernement de Joseph Dion Ngute. Cet anglophone de 62 ans, originaire de Bamenda dans la région du Nord-Ouest, est, depuis mars 2018, à tête du ministère de l’Administration territoriale (Minat).

À ce poste, Paul Atanga Nji exerce des compétences transversales en ceci qu’il est la tutelle des gouverneurs de régions. Il a l’obligation de rencontrer ces derniers deux fois par an. Des rendez-vous semestriels qui dressent le pouls de chaque région du pays. Grâce à cela, Paul Atanga Nji fournit des rapports périodiques sur la situation politique et sociale du pays à l’intention du sommet de l’État.

Mais ce ministre est aussi un maillon important dans la chaîne du renseignement parce qu’il revient à la direction politique du Minat d’exploiter les renseignements généraux et les rapports produits par la police et la gendarmerie. Sans oublier ceux des chefs de circonscriptions administratives.

Un monde que Paul Atanga Nji connaît bien. L’histoire raconte qu’il était déjà l’homme des situations difficiles quand il évoluait sous l’aile tutélaire du regretté Jean Fochivé, considéré comme l’une des meilleures barbouzes du régime de Paul Biya. En plus, Paul Atanga Nji est devenu le secrétaire permanent du Conseil national de sécurité du Cameroun, bien avant de se voir confier les clés du Minat par le président.

Ovni

Depuis quatre ans, il use de cette position d’influence à sa manière. Sa méthode, c’est parfois celle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il est loin d’être aussi cérébral que le diplomate René Emmanuel Sadi qu’il a remplacé à ce poste. Paul Atanga Nji enchaîne les phrases assassines. « S’il veut nous servir le vent, on lui servira la tempête et s’il veut nous servir la tempête, on lui servira le tsunami », lance-t-il à l’endroit de l’opposant Maurice Kamto, sans jamais citer son nom.

C’est en tout cas un véritable Ovni que Paul Biya a choisi de garder au Minat. Paul Atanga Nji n’a pas le profil de tous ses prédécesseurs. Avant lui, le président a systématiquement confié les rênes de ce ministère de souveraineté à des technocrates formés pour la plupart à l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam). Pour la première fois depuis son accession à la magistrature suprême le 6 novembre 1982, le locataire du palais d’Etoudi est allé chercher un homme au parcours atypique, qui a tracé sa voie entre le monde des affaires, le militantisme politique et de divers rôles de sherpa.

La formule semble pourtant bien marcher. Les rumeurs de couloirs disent en tout cas que le président Paul Biya a toujours vu Paul Atanga Nji comme un homme efficace. Mais surtout comme un soldat qu’on lâche sur l’échiquier en contexte de crise. Quand il arrive au Minat, le Cameroun est en effet en proie à plusieurs crises qui menacent la stabilité du pays. À commencer par les crises sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Sans oublier la guerre que les militaires camerounais mènent contre Boko Haram à l’Extrême-Nord et la crise politique née de l’élection présidentielle d’octobre 2018. Autant de foyers de tension qui faisait tanguer le navire Cameroun qui continue, néanmoins, de voguer sur ces eaux troubles sans couler.

Michel Ange Nga

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