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Luc Ayang : la force du silence

Luc Ayang : la force du silence

Paru le mercredi, 26 octobre 2022 17:56

Son timbre vocal et même son visage sont inconnus de la majorité des Camerounais. Pourtant, depuis quatre décennies, Luc Ayang est au moins la cinquième personnalité du Cameroun, conformément à la fonction de président du Conseil économique et social (CES) qu’il occupe depuis le 25 janvier 1984. À la différence des autres hauts dignitaires de l’ordre protocolaire de l’État, ses apparitions publiques sont rares. Il se garde de parler à la presse et est absent des réseaux sociaux.

« Où avez-vous déjà vu un émissaire dans nos chefferies, se placer au milieu de la cour pour rendre compte d’une mission aux notables et aux sujets au lieu d’aller soumettre l’exclusivité de son rapport au chef à huis clos ? », confiait-il à un de ses proches cités par les journalistes Aimé Robert Bihina et Éric Benjamin Lamere, auteurs du livre « Bienvenue à l’Extrême-Nord. Radioscopie d’une province et de ses personnalités incontournables ».

Autant dire que si ce n’est une règle d’or, la discrétion, le secret et le silence sont au moins une marque de fabrique chez cet homme politique. Qui, dit-on, ne rend compte qu’au président de la République, Paul Biya. « Il est parmi les personnalités protocolaires de l’État, celui qui est resté le plus longtemps possible à son poste, sans faire les efforts réguliers de se faire réélire, comme c’est le cas pour la présidence de la République ou les chambres du Parlement. De quoi se dire que l’efficacité tient aussi de la discrétion », commente l’éditorialiste camerounais Roland Tsapi.

Antre du pouvoir

Originaire de Doukoula où il naquit en 1947, dans l’arrondissement de Kar-Hay, département du Mayo-Danay à l’Extrême-Nord du pays, ce fils Kirdi occupe la scène politico-administrative publique depuis 1975. Notamment avec sa nomination en mars dans l’antre du pouvoir, le Secrétariat général de la présidence de la République, comme chef de service de la législation et de la réglementation à la division des Affaires administratives et juridiques. Ce titulaire d’une licence en droit et économie obtenue en 1972 à l’Université de Yaoundé était alors un jeune administrateur civil, frais émoulu de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam).

En 1978, il fait son baptême du feu gouvernemental à la faveur d’un décret signé le 2 mai par le président Ahidjo qui fait de lui le ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales. Poste occupé jusqu’au 22 août 1983, date à laquelle Luc Ayang est bombardé, à 36 ans, au sommet du gouvernement par Paul Biya. Le successeur d’Ahmadou Ahidjo, démissionnaire en 1982, avait jeté son dévolu sur ce nordiste chrétien pour remplacer l’éphémère (05 mois) Premier ministre Maïgari Bello Bouba.

Il sera parmi les fidèles qui battent campagne pour Paul Biya, qui vient d’écourter le mandat hérité d’Ahmadou Ahidjo pour organiser l’élection présidentielle le 14 janvier 1984. Au sortir de cette consultation électorale victorieuse pour l’homme du Renouveau, le poste de Premier ministre est supprimé par un amendement constitutionnel. Paul Biya lui confie alors les rênes du Conseil économique et social pour un bail qui court toujours… 38 ans plus tard !

B.E.

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