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Joseph Fouda : un militaire au cœur du pouvoir

Joseph Fouda : un militaire au cœur du pouvoir

Paru le mercredi, 26 octobre 2022 18:07

Il ne dirige aucune unité de l’armée camerounaise et n’occupe aucun poste de prestige dans l’appareil militaire. Pourtant, le contre-amiral Joseph Fouda passe pour être un des militaires les plus influents du pays. Une réputation que ce natif de la Mefou-et-Akono (Centre) doit à sa proximité avec le chef de l’Etat. « C’est l’ombre du président », susurre un connaisseur du palais présidentiel. La même source ajoute que le contre-amiral Joseph Fouda est l’une des rares personnes qui voit le président presque tous les jours. Un privilège qu’il a conservé depuis plus de vingt ans.

C’est un jour des années 1990 qu’il tape à l’œil de Paul Biya, qui l’appelle auprès de lui comme aide de camp. Son prédécesseur a fait long feu, victime du syndrome d’Icare, selon des rumeurs de couloir. Ce personnage de la mythologie grecque se brûla les ailes pour s’être approché trop près du soleil. Car l’aide de camp du président est le seul à travailler dans le même étage que le locataire du palais d’Etoudi. En arrivant à ce poste, Joseph Fouda, qui est à l’époque capitaine de frégate (le grade de commandant dans la marine), va lui aussi se rapprocher du soleil. Il va entrer au cœur même du pouvoir. Il est de tous les voyages et de toutes les audiences. C’est lui qui a la responsabilité de porter les parapheurs et la fameuse mallette du chef de l’Etat. Mais il a aussi la charge d’organiser la sécurité rapprochée de Paul Biya.

En mars 2011, Joseph Fouda accède au grade de contre-amiral (général dans la marine). Une promotion qui oblige le président à le remplacer par un autre officier supérieur. « Un général ne peut pas occuper le poste d’aide de camp », explique notre source. Le 9 décembre de la même année, il est nommé conseiller spécial du président de la République. Pour notre interlocuteur, c’est la preuve que Paul Biya ne voulait pas se séparer de ce haut gradé « très compétent ». « Le poste de conseiller spécial n’est pas honorifique. Ce n’est non plus un poste pour cancres. D’ailleurs le Pr Luc Sindjoun est l’un des conseillers du président », fait savoir notre source.

Le contre-amiral Joseph Fouda est surtout connu pour ses compétences en matière de sécurité. Mais tout porte à croire que ce n’est pas seulement pour cette raison qu’il a tenu aussi longtemps auprès de Paul Biya. Comme tous les hommes au cœur du pouvoir, il est discret et mène une vie quasi monacale. La seule fois que son nom est cité dans les pages jaunes des journaux, c’est en avril 2015 après l’assassinat de son fils William, qui était officier dans le Bataillon d’intervention rapide (BIR), l’une des meilleures unités d’élite de l’armée camerounaise. Pendant ce drame, c’est la même photo qui revenait dans tous les articles sur ce proche conseiller du chef de l’Etat. Même à Binguela, dans son village à quelques kilomètres seulement de Yaoundé, il cultive la discrétion. On ne le voit presque jamais.

Par ailleurs, le contre-amiral Joseph Fouda est présenté comme un officier dévoué, comme le général de division Ivo Desancio Yenwo qui dirige la Direction de la sécurité présidentielle (DSP), le colonel Raymond Jean Charles Beko'o Abondo, commandant de la Garde présidentielle (GP) et le colonel Emmanuel Amougou, le chef d’état-major particulier du chef de l’Etat. Quatre militaires qui connaissent très bien les ors du palais présidentiel, les intrigues de cours et les secrets qui vont avec. Ces hauts gradés ont la confiance de Paul Biya depuis une dizaine d’années, pour les moins anciens.

Michel Ange Nga  

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