Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Clément Atangana : l’arbitre de la transition

Clément Atangana : l’arbitre de la transition

Paru le mercredi, 26 octobre 2022 18:08

La situation politique actuelle du Cameroun renforce à coup sûr l’importance du président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana. Alors que le président de la République sera bientôt nonagénaire, l’éventualité d’une vacance à la tête de l’État n’est plus un tabou. Et si jamais le scénario venait à se produire, c’est à ce magistrat de 81 ans que la Constitution donne la charge de constater que « le chef de l’État n’est plus à mesure de gouverner ». C’est le point de départ du processus constitutionnel qui prévoit la désignation du président du Sénat comme président de la République par intérim.

Tout ceci explique certainement pourquoi Clément Atangana cristallise autant l’attention. Les acteurs institutionnels et politiques surveillent la santé du magistrat pour s’assurer qu’il sera en mesure d’assumer ses fonctions le moment venu. Quand une vidéo, qui montrait Clément Atangana marchant à l’aide d’un déambulateur, a atterri sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes n’ont pas manqué de confesser leur crainte. Surtout que le président du Conseil constitutionnel ne fait pas que constater la vacance. Il garde aussi un rôle d’arbitre durant tout le processus de transition. Par exemple, la loi fondamentale oblige le président par intérim à le consulter avant de modifier le gouvernement s’il le désire.

Pour Clément Atangana, c’est sans doute une fin de carrière inespérée. Quand il est nommé en février 2018, c’est un peu la surprise générale. D’abord parce que les noms de quelques érudits du droit constitutionnel circulaient. Mais aussi parce que l’ancien président de la Chambre administrative de la Cour suprême était passé à autre chose quand il a pris sa retraite de juge. Pour s’occuper, il ouvre un cabinet d’avocats. Mais il n’aura pas le temps de plaider en robe noire. Le destin a fait de lui le tout premier homme à présider le Conseil constitutionnel, longtemps vu comme l’arlésienne des institutions prévues dans la Constitution de 1996. Car le président Paul Biya a attendu 22 ans avant de nommer quelqu’un à cette fonction.

Contentieux postélectoral

À la faveur de cette nomination, Clément Atangana devient la sixième personnalité dans l’ordre protocolaire. Il est surtout le régulateur du fonctionnement des institutions du pays. « Avant leur promulgation, les lois ainsi que les traités et les accords internationaux peuvent être déférés au Conseil constitutionnel par le président de la République, le président de l’Assemblée nationale, le président du Sénat, un tiers des députés ou un tiers des sénateurs, les présidents des exécutifs régionaux », comme on peut le lire dans la Constitution.

Le Conseil constitutionnel est aussi chargé de régler le contentieux postélectoral comme il l’a fait après l’élection présidentielle de 2018, dont les résultats étaient contestés par l’opposant Maurice Kamto qui revendiquait la victoire. Tout laisse d’ailleurs croire que c’est aussi pour gérer ce contentieux que le président a préféré Clément Atangana. C’est déjà lui qui en avait la charge quand il était président de la Chambre administrative de la Cour suprême, qui siégeait alors en lieu et place du Conseil constitutionnel. Mais rien n’est moins sûr.

Michel Ange Nga

Dernière modification le lundi, 13 mars 2023 09:15

Please publish modules in offcanvas position.