Quand un enfant naît, c’est très souvent la joie. Et au milieu de cette effervescence, certaines mamans ne perdent pas le nord. Malgré les douleurs post enfantement, elles gardent l’œil rivé sur le placenta de leur bébé.
La coutume chez les bantous veut en effet qu’on enterre cette précieuse enveloppe qui a porté l’enfant pendant des mois. L’enterrement du placenta se fait sous une grosse pierre ou une fosse prévue à cet effet. « Ce sont les hommes qui s’en occupent chez nous les bassa’a », renseigne Jeanne, quinquagénaire. Et si le placenta est jeté aux orties comme tout bon déchet, qu’adviendra-t-il du bébé ? « En réalité, si l’on enterre le placenta et le cordon ombilical avec, c’est pour protéger l’enfant des sorciers qui pourraient les soustraire et détruire mystiquement l’enfant ou le tuer », renseigne M. Nkwebo, notable Balengou (du groupe ethnique bamiléké), par ailleurs animiste.
Ce dernier souligne que l’ensevelissement du placenta est un rite fait par les femmes en pays bamiléké. « On partage le plantain braisé, mélangé avec de l’huile rouge. La logique mystique voudrait que qui a mangé ce repas ne pourra plus manger-mystiquement-l’enfant », révèle-t-il en précisant que si l’enfant nait en ville, on enterre son placenta au domicile de ses parents, s’ils en sont propriétaires. Sinon, on l’expédie au village. Car, là où est enterré ton placenta et/ou le cordon ombilical, là est ta terre natale.
Monique Ngo Mayag