Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Les électeurs n'auraient eu droit qu'à un seul bulletin de vote lors du référendum du 20 mai 1972 au Cameroun

Les électeurs n'auraient eu droit qu'à un seul bulletin de vote lors du référendum du 20 mai 1972 au Cameroun

Paru le mercredi, 07 décembre 2016 14:13

La légende urbaine rapporte que des Camerounais du côté anglophone auraient voté la fin du système fédéral à leur insu parce que les propositions inscrites sur le bulletin pour la circonstance étaient exclusivement écrites en français.

Avec les revendications sécessionnistes qui font rage dans les deux régions anglophones du Cameroun (qui en compte 10) depuis le 11 octobre 2016, une vielle légende a refait surface. A savoir, que les Camerounais de la partie occidentale administrée par les Anglais auraient voté l’option de s’unir au Cameroun oriental administré par les Français lors du référendum du 20 mai 1972, à leur insu parce que les propositions sur le bulletin à mettre dans l’urne étaient exclusivement écrites en langue française.

Toujours selon cette légende, les électeurs n’auraient eu droit, le jour du scrutin, qu’à un seul bulletin de vote où il leur était proposé de choisir entre « Yes » et « Oui ». En somme, il aurait été demandé choisir entre « oui » et « oui ». Par cette ruse supposée du premier président de la République Ahmadou Ahidjo (5 mai 1960 – 4 novembre 1982), les Anglophones auraient voté pour la « République unie du Cameroun » sans s’en rendre compte.

Seulement la vérité est toute autre. Des investigations ont permis de retrouver les propositions qui étaient soumises à l’attention des électeurs ce fameux 20 mai 1972. La première option est en français : « Approuvez-vous dans le but de consolider l’unité nationale et d’accélérer le développement économique, social et culturel de la nation, le projet de constitution soumis au peuple camerounais par le président de la République fédérale du Cameroun et instituant une République, une et indivisible, sous la dénomination de République unie du Cameroun ? ».

La seconde proposition sur le même bulletin est bel et bien une tarduction du français vers l'anglais ou vice-versa. « Do you approve, with a view to consolidating national unity and accelerating the economic, social and cultural development of the Nation, the draft Constitution submitted to the People of Cameroon by the President of the Federal Republic of Cameroon and instituting a Republic one and indivisible to be styled the United Republic of Cameroon », lit-on sur le document.

Concernant le nombre de bulletins de vote, l’historien de notoriété établie et professeur des universités, Daniel Abwa, indique qu’il y en avait deux : l’un portant « Oui – Yes » et l’autre « Non - No ». Par ailleurs, en parcourant les archives, l’on retrouve un arrêté du ministre de l’Administration territoriale de l’époque, Victor Ayissi Mvodo, « fixant le format et les couleurs des bulletins de vote et des affiches électorales pour le referendum constitutionnel du 20 mai 1972 ». Il est signé du 8 mai 1972. Et il parle de bulletins au pluriel.

L’article 1er de cet arrêté dispose premièrement que, « le format maximum des bulletins est de 11x16 ». Deuxièmement, « Les couleurs de ces bulletins sont les suivantes : - pour le vote positif : bulletin blanc sur les deux faces, inscriptions en caractères rouges sur la première face. Pour le vote négatif : bulletin gris foncé sur les deux faces, inscriptions en caractères noirs sur la première face ».

A la fin du referendum, sur un total de 3 179 634 votants, le « Oui » l’a emporté par 3 177 846 voix (99,99%). Le « Non » a récolté 176 voix (0,01%). Il y a eu 1 612 bulletins blancs. Le 20-Mai est alors devenu jour de fête nationale en hommage à cette consultation populaire.

Sylvain Andzongo

Dernière modification le mercredi, 07 décembre 2016 14:16

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