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Ni John Fru Ndi : chairman à vie...

Ni John Fru Ndi : chairman à vie...

Paru le lundi, 18 janvier 2021 13:43

À 79 ans, Ni John Fru Ndi ne rêve plus du palais d’Etoudi. Pour la présidentielle d’octobre 2018, celui qui reste néanmoins chairman du Social Democratic Front (SDF) a passé le témoin à son poulain Joshua Osih, vice-président du parti. Résultat de course, le SDF a fini 4e avec 3,35% des suffrages. Loin derrière le président sortant Paul Biya (71,28 %), Maurice Kamto du MRC (14,23 %) et le parti Univers qui avait pour candidat Cabral Libii (6,28 %).

À l’unanimité, les militants sont d’avis que la crise anglophone qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, justifie au moins en partie cette contre-performance du député Osih. Il n’en demeure pas moins que cette issue a renforcé l’ancien libraire comme seul chef légitime du parti de la balance. De nombreux responsables nostalgiques des années 90 estiment que le vieux baron de Ntarikon (dans la périphérie de Bamenda) battu tour à tour en 1992, 2004 et 2011 par le Lion de Mvomeka'a aurait fait mieux. C’est dire que malgré le poids de l’âge, Fru Ndi, leader de l’opposition pendant 28 ans sous le régime de Paul Biya, a gardé une certaine influence politique.

À l’observation, au moment où l’influence du parti de la balance s’est réduite comme peau de chagrin, John Fru Ndi a quand même sauvegardé son lead dans son fief du Nord-Ouest. De fait, si au plan national il a été régulièrement battu par le président Paul Biya, au niveau régional, le chairman du SDF a presque toujours dominé les résultats des urnes dans cette région anglophone, avec 86,3% des suffrages à la présidentielle de 1992 et 68,16% lors de l’élection présidentielle de 2004. Ces résultats couplés à son statut de patriarche font de lui un homme écouté par la communauté anglophone, sollicité et surveillé par le pouvoir et respecté même par certaines milices séparatistes engagées dans la lutte armée contre les forces de défense.

Circonspect sur les options proposées par Yaoundé pour résoudre la crise anglophone, le challenger historique de Paul Biya est tout aussi critique vis-à-vis de ces bandes armées qui kidnappent volent et pillent les populations. Pour John Fru Ndi, la sécession du Cameroun n’est pas une possibilité. La décentralisation ne répondra pas fondamentalement aux aspirations de la communauté anglophone, la solution qu’il propose depuis 30 ans c’est le fédéralisme. Dans tous les cas, pour juguler la crise qui étrangle le Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le pouvoir en place a besoin du soutien du chairman et de son parti représenté à l’Assemblée nationale et au Sénat.

D’ailleurs, il était l’un des acteurs majeurs du grand dialogue national organisé par Yaoundé en octobre 2019. Après avoir répondu à l’invitation du chef de l’État, il avait déclaré soutenir cette initiative qui pour lui, représentait l’une des chances d’un retour de paix dans ces zones.

BE

Dernière modification le mardi, 09 avril 2024 14:35

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