Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
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Faux : la conjonctivite ne s’attrape pas par le regard

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Selon une croyance populaire au Cameroun, il est possible d’attraper la conjonctivite en regardant droit dans les yeux une personne atteinte de la maladie. Des spécialistes, interrogés par SBBC, ont confirmé que cette assertion est fausse.

Sur Facebook, une publication laisse croire qu’il est possible d’attraper la conjonctivite par un simple regard. « Conjonctivite. Cette maladie qui fait rage au Camer now, plus les yeux doux, la amoureux là attention (sic) », écrit un internaute le 30 octobre 2023. Le post n’est certes pas viral, mais il vient remettre au goût du jour une croyance largement répandue au Cameroun selon laquelle l’on peut attraper la conjonctivite juste en fixant une personne infectée droit dans les yeux.

Le 30 octobre dernier, le ministère de la Santé publique a annoncé, par voie de communiqué, la survenue sur le territoire camerounais d’une épidémie de conjonctivite avec de nombreux clusters dans les établissements scolaires. « La conjonctivite est une maladie infectieuse des yeux qui provoque une rougeur et peut être accompagnée des symptômes suivants : démangeaison, écoulement clair ou purulent, paupières collées. C’est une maladie bénigne, mais très contagieuse, dont les épidémies sont en général d’origine virale », expliquait le membre du gouvernement dans le document. C’est d’ailleurs après la publication de ce communiqué que le post Facebook susmentionné est apparu en ligne.

SBBC a contacté le Dr Emmanuel Thierry Mayi Mbam, médecin ophtalmologue et coordonnateur adjoint du Programme national de lutte contre la cécité. Il a réfuté un quelconque lien de causalité entre le regard et la transmission de la conjonctivite. « Ce n’est pas en regardant les yeux d’une personne malade qu’on attrape la conjonctivite, mais en touchant des surfaces qui ont été contaminées par un malade. Toutes les maladies virales de façon générale (comme la grippe, le rhume, la Covid-19, etc.) se transmettent par contact entre les yeux et les mains qui ont des sécrétions. C’est un contact souvent entre les mains qui ont touché le virus et après qui arrivent au niveau de l’œil d’un malade ou d’une personne saine, et ça finit par infecter sa conjonctive et provoquer une conjonctivite. C’est typiquement cela le mode de transmission », a expliqué le spécialiste.

« La transmission se fait par contact direct avec la muqueuse conjonctivale des doigts ou tout autre objet contaminé, notamment par le frottement des yeux avec des doigts contaminés. La contamination au sein d’un groupe est souvent indirecte, à travers des outils touchés par les mains contaminées des malades (poignées de porte, ustensiles, stylos, linges…) et jamais par un simple regard de sujets atteints », a renchéri Dr Jean Audrey Ndongo, médecin ophtalmologiste en service à l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala.

Sur le plan curatif, aucun traitement n’a vraiment montré son efficacité pour raccourcir la durée de la maladie, mais le traitement vise à soulager les symptômes en attendant que le corps se débarrasse des virus, a indiqué le Dr Jean Audrey Ndongo. Raison pour laquelle les spécialistes insistent sur le respect des mesures barrières. « L’un des principaux traitements est de couper la chaîne de transmission. Et on coupe la chaîne de transmission en faisant une éviction de celui qui est contaminé. Si tu as la conjonctivite, tu ne dois par exemple par aller au travail, tu restes à la maison. Si c’est un enfant, il ne part pas à l’école. C’est comme ça qu’on évite qu’il transmette la maladie dans l’entourage. Donc, il faut vraiment respecter les mesures barrières quand on fait une conjonctivite, c’est ça le plus important », a affirmé Dr Mayi Mbam.  

Dans son communiqué, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a appelé les populations au respect des mesures de prévention contre les pathologies transmises par les sécrétions lacrymales ou respiratoires, à savoir : se laver régulièrement les mains avec de l’eau propre et du savon ou une solution hydroalcoolique, éviter de se frotter les yeux ou de toucher son visage en cas de symptômes, procéder à l’éviction des malades des milieux scolaire et professionnel, limiter le contact rapproché avec les personnes atteintes de conjonctivite et privilégier l’usage des serviettes ou mouchoirs à usage unique.

En résumé, l’idée selon laquelle la conjonctivite se transmet par le regard est fausse. C’est une maladie qui se transmet par le contact avec le liquide qui coule de l’œil de la personne infectée, mais aussi par le contact avec des objets contaminés par le malade.

Patricia Ngo Ngouem

Paru le mardi, 05 mars 2024 17:44

Attention, ce visuel attribué à la Confédération africaine de football est un faux

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Des publications partagées sur Twitter et Facebook depuis le 14 septembre 2023 prétendent montrer un visuel de la Confédération africaine de football (CAF) annonçant les « chapeaux » officiels du tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) prévue en 2024 en Côte d’Ivoire. Ce document, dans un contexte où le Cameroun attend de connaître ses futurs adversaires après sa qualification pour la phase finale de la CAN, est en réalité un faux. C’est le 22 septembre que la CAF a dévoilé les différents pots, en s’appuyant sur le dernier classement FIFA rendu public un jour plus tôt.

Des publications plusieurs fois partagées sur X (ex-Twitter) et Facebook depuis le 14 septembre 2023 affirment, document à l’appui, que la Confédération africaine de football (CAF) a officialisé les « chapeaux » du tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) prévue du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire, et a placé le Cameroun dans le pot 2. « Les 4 chapeaux provisoires pour le tirage de la CAN 2024, le 12 octobre ! Ça s’annonce incroyable au vu des probabilités élevées d’avoir de gros groupes », écrit l’auteur d’une publication vue plus d’un million de fois sur X.

Le message est accompagné d’un visuel attribué à la Confédération africaine de football (CAF) et censé représenter les pots du tirage au sort de la phase de groupe de la CAN 2023. Sur celui-ci, on peut lire que le Cameroun est logé dans le « chapeau 2 », aux côtés du Nigeria, du Mali, du Burkina Faso, du Ghana et de l’Afrique du Sud. Le même visuel est également relayé dans des publications sur Facebook (1, 2, 3, 4, 5).

Ce visuel a fait son apparition sur les réseaux sociaux deux jours après la qualification du Cameroun pour la CAN 2023. Le 12 septembre dernier, les Lions indomptables ont validé leur ticket pour la compétition, après leur victoire (3-0) face au Burundi au stade Roumdé Adjia à Garoua (région du Nord) lors de la sixième et dernière journée des éliminatoires de la CAN. Le lendemain de cette victoire, la CAF a publié sur son site Internet les 24 sélections nationales qualifiées pour le tournoi-phare du continent. « Les éliminatoires étant terminées, le compte à rebours commence pour le tirage au sort dont la cérémonie aura lieu le 12 octobre (2023, Ndlr) », écrivait-t-elle.

Emile Zola, journaliste et chroniqueur sportif, explique que le tirage au sort est une étape cruciale, car c’est elle qui détermine les affrontements à venir. « L’importance des chapeaux lors des tirages au sort permet à priori d’éviter les cadors, c’est-à-dire les nations réputées être les plus fortes. Pour faire ces chapeaux, la CAF - tout comme la FIFA - s’appuie sur le dernier classement mondial et tient aussi compte des performances des équipes lors des précédentes éditions. C’est un peu plus naturellement que le Cameroun s’est vu devancé à la fois par la Côte d’Ivoire, pays organisateur, le Maroc qui est demi-finaliste de la Coupe du monde ou encore le Sénégal, champion d’Afrique en titre, pour être dans le deuxième chapeau. Mais ce visuel est faux. Le 14 septembre, la CAF n’avait pas encore dévoilé les pots du tirage au sort, puisque le dernier classement FIFA n’était pas encore disponible », explique-t-il. 

Contactée par mail par SBBC pour savoir si ce visuel émanait de ses services, l’instance faîtière du football africain nous a répondu en nous envoyant un lien qui redirige sur un article publié sur son site Internet vendredi 22 septembre, avec pour titre : « La CAF dévoile les pots du tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Côte d’Ivoire 2023 Dans le visuel officiel, on retrouve le Cameroun dans le pot 2. Mais aussi le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso, le Ghana et la République démocratique du Congo (RDC).

Dans le visuel vérifié, les cinq pays susmentionnés figurent également dans le pot 2, à l’exception de la RDC (on y retrouve plutôt l’Afrique du Sud). « Les 24 équipes ont été réparties dans quatre pots. Cette répartition s’est effectuée selon le classement de la FIFA réédité le 21 septembre dernier », précise la CAF. En effet, c’est à cette date que la Fédération internationale de football association (FIFA) a rendue public son nouveau classement des équipes nationales après les 159 matchs internationaux du mois de septembre. Mais le visuel vérifié circulait déjà sur les réseaux sociaux avant cette date.

En résumé, le visuel relayé depuis le 14 septembre sur les réseaux sociaux est un faux, car ce n’est que le 22 septembre dernier que la CAF a officialisé les pots du tirage au sort de la CAN 2023, dont la cérémonie est prévue le 12 octobre prochain.

Patricia Ngo Ngouem

Cet article a été rédigé dans le cadre de la bourse de vérification des faits Africa Fact-checking Fellowship Cameroon (#AFFCameroon), cohorte 8 de#defyhatenow

Paru le vendredi, 29 septembre 2023 11:15

Hors contexte : cette vidéo est antérieure à la levée de la suspension de Touristique Express le 1er septembre 2023

« Touristique Express célèbre la levée de suspension », affirme une publication vue plus de 10 000 fois depuis le 22 août 2022 et postée sur une page Facebook basée au Cameroun. On voit, sur la vidéo, des bus de la société de transport interurbain Touristique Express circuler en file sur la voie publique à grands coups de klaxons. Selon la vidéo de 28 secondes, les images montreraient des véhicules de cette société en train de « célébrer », après la levée de la suspension qui pesait sur la compagnie.

Touristique Express est présentée comme la première agence de voyage du Cameroun. Cette compagnie a transporté environ 2 millions de passagers en 2022, selon ses propres statistiques. Elle contrôle la plus grande part du marché du transport de voyageurs entre le Grand-Nord et le Sud du Cameroun. Le 16 août dernier, la société a été suspendue pour une « durée de 15 jours » notamment pour « manquement grave aux règles de la circulation routière ayant conduit à la mort de 9 personnes dans l’accident du 9 août 2023 », a annoncé le ministère des Transports dans un communiqué rendu public à cet effet.

Le 9 août 2023 en effet, un bus de la société transportant des passagers a percuté un camion à l’arrêt sur la falaise de Mbé, dans la région de l’Adamaoua. L’accident a officiellement fait 9 morts et 42 blessés comme l’on rapporté plusieurs médias, notamment Stopblablacam et le quotidien Le Jour. Le même 16 août dans un communiqué, la société a annoncé « l’arrêt de son service d’exploitation de transport routier de personnes », tout en précisant que « le service reprendra dès la levée de la suspension ».

Dans les commentaires sous la vidéo, de nombreux internautes expriment leur indignation face à la décision de levée de suspension. D’autres affirment que la vidéo relayée n’est pas récente.

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Mais qu’en est-il réellement ?

Une ancienne vidéo

La vidéo relayée a été publiée sur la page Facebook Bruno Bidjang Officiel. Selon l’intro, cette page se présente comme la page officielle de Bruno Bidjang, journaliste, directeur adjoint de Vision 4 et porte-parole adjoint du PDG du groupe l’Anecdote. Elle a été créée le 24 avril 2018 et est administrée depuis la Colombie, l’Indonésie et le Vietnam, comme l’indiquent les informations sur la transparence de la page. Nous avons contacté Bruno Bidjang le 28 août, soit six jours après la publication de cette vidéo.

Il affirme ne pas être « l’auteur » de cette publication, affirmant que sa page a été « piratée ». « C’est une vieille vidéo qu’ils (les pirates, Ndlr) ont publiée. Ils reprennent certaines de mes anciennes publications et les postent en ligne », a déclaré le journaliste. Contacté le 22 août par WhatsApp, Esther Ngo Bougha, la cheffe de la cellule de communication du ministère des Transports, a démenti toute levée de suspension de Touristique Express. « Cette information n’est pas vraie », a-t-elle simplement dit. François Bomba, responsable marketing de Touristique Express, a également démenti cette affirmation à SBBC le 28 août.

« L’information est fausse. C’est une ancienne vidéo qui avait été publiée lors de la levée de la premièresuspension en mai dernier. La (deuxième, Ndlr) suspension est toujours en cours. Nous nous attelons à nous arrimer aux prescriptions du ministre de tutelle avant la reprise des activités », a-t-il confié, quelques jours. Une recherche par image inversée sur Google images, Yandex et TinEye à partir des captures d’écran de la vidéo n’a donné aucun résultat. Toutefois, une recherche par mots-clés sur l’outil Who posted what ? de Facebook permet de retrouver la vidéo dans une publication du 15 mai 2023.

« Levée de suspension de Touristique Express S.A. Mais manifester avec des bus partout serait un choc pour les familles de victimes qui sont encore (sous) le choc », écrivait l’auteur.

Cette publication intervenait quatre jours après l’annonce de la suspension d’un mois qui pesait sur cette entreprise, suite à l’accident mortel survenu le 9 mai 2023 sur la nationale n°1 et impliquant un bus de Touristique Express. Cet accident avait coûté la vie à 15 personnes, selon le bilan officiel. Plusieurs médias en ligne ont relayé cet accident de la circulation (1, 2, 3…). Quatre jours après avoir pris cette décision, le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, est revenu sur cette mesure et a autorisé la société à reprendre ses activités « à titre exceptionnel ».

D’autres vidéos diffusées après l’annonce de la levée de la suspension de Touristique Express en mai 2023 montrent bien une scène similaire (ici et là.)   En réalité, la vidéo vérifiée est antérieure au drame du 9 août 2023 qui a valu une suspension de 15 jours à la société, après une première suspension d’un mois en mai dernier.

C’est le 1er septembre 2023 que le ministre des Transports a décidé, « à titre exceptionnel », d’autoriser la société à reprendre ses activités, peut-on lire dans un communiqué publié à cette occasion.

Le même jour, Touristique Express a annoncé, sur sa page Facebook, « la reprise immédiate » de ses activités suite à la décision ministérielle.

En résumé, la vidéo publiée le 22 août 2023 sur la page Facebook Bruno Bidjang Officiel ne montre pas Touristique Express manifester sa joie après la levée de sa suspension. Cette vidéo a été décontextualisée : elle a été publiée sur Facebook le 15 mai dernier, quatre jours après que la société a été autorisée à reprendre ses activités.

Ce rapport a été rédigé sous le mentorat du membre du réseau Africa Facts de 237 Check. Africa Facts est un réseau de vérificateurs de faits à travers le continent, soutenu par Africa Check, la première organisation

Paru le vendredi, 22 septembre 2023 10:27

Faux : la mangue ne donne pas le paludisme

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Une idée répandue au Cameroun laisse croire que la consommation excessive de la mangue donne le paludisme. Mais cette assertion est fausse, comme l’ont expliqué des spécialistes de la santé à SBBC.

Le 3 mai 2023, un internaute écrit sur Facebook : « Khoooo la mangue donne le paludisme, il y a déjà le plasmodium dans la mangue ??? Le docteur s’interroge… (sic) ».

Le post a été publié dans « Kerel Kongossa (officiel) », un groupe privé sur Facebook qui rassemble plus de 556 000 membres. Mais cette assertion ne date pas de mai 2023. Elle a déjà fait l’objet de publications sur les réseaux sociaux dans le passé. « Un paludisme me menace. C pE etr a cauz D mangue ke je grignotte tt le tps.. Jme sens faible (Entendez : Un paludisme me menace. C’est peut-être à cause des mangues que je grignote tout le temps. Je me sens faible) », postait une internaute le 29 novembre 2012 sur « X » (ex-Twitter).

« Si c’est pas Corona qui me tut se sera le palu. la quantité de mangues que j’ingurgite par jour là (sic) », réagissait une autre le 22 avril 2020 sur le même réseau social.

A l’inverse, d’autres internautes réfutent cette assertion. « L’excès de mangue ne donne pas le palu », commente par exemple cet utilisateur, dans un post sur X le 22 avril 2020. « On est dans un pays où on croit que la mangue donne le paludisme… Et on est en paix avec ça !!! », renchérit cet autre, dans une publication sur le même réseau social datée du 22 avril 2022.

Sur son site Internet, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le paludisme comme une maladie « potentiellement mortelle » transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. « On le trouve principalement dans les pays tropicaux. Il s’agit d’une maladie évitable et dont on peut guérir. Les premiers symptômes les plus courants sont la fièvre, les maux de tête et les frissons. Les symptômes commencent généralement dans les 10 à 15 jours suivant la piqûre d’un moustique infecté », renseigne l’agence onusienne. 

La maladie est endémique au Cameroun, car elle y sévit en permanence avec des taux de mortalité et de morbidité élevés dans la population, ajoute Dr Dominique Bomba Amougou, chef section prévention au Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) du ministère de la Santé publique (Minsanté). Selon le Minsanté en effet, le Cameroun enregistre chaque année 6 millions de cas de paludisme et près de 4 000 morts dans les établissements de santé. Les enfants de moins de 5 ans représentant la plupart des décès. 

Cependant, tous les cas ne sont pas enregistrés, et l’OMS estime que près de 11 000 personnes meurent du paludisme chaque année dans le pays. En 2022, les formations sanitaires du pays ont rapporté 3 327 381 cas de paludisme, « soit 29,6% de toutes les consultations » cette année-là, selon un dossier de presse remis aux médias le 25 avril 2023 par le PNLP à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, que SBBC a consulté. C’est d’ailleurs quelques jours après cette journée que cette idée répandue a refait surface sur la Toile.

Mais qui dit vrai au final ?

SBBC a vérifié cette information et l’a trouvé fausse

SBBC a interrogé Dr Aurélien Nana, médecin de santé publique, qui soutient que cette assertion est fausse. « Manger une mangue ne cause pas le paludisme. Le paludisme est une maladie transmise par un moustique que l’on appelle anophèle, et c’est surtout la femelle qui en est responsable. Pour se multiplier, ses larves ont besoin d’un milieu propice : eau stagnante, poubelle et détritus, etc. », explique le praticien.

Il rappelle qu’au Cameroun, la saison des mangues commence avec l’arrivée des pluies et c’est justement pendant cette période que les flaques d’eau prolifèrent et stagnent dans les rigoles et autour des habitations. « Avec la consommation des mangues, leurs détritus jonchent le sol des alentours de certaines habitations. Ceci constitue le terrain fertile pour le développement des larves de moustique, et donc de l’accroissement des cas de paludisme », poursuit le médecin.

Dr Dominique Bomba Amougou, chef section prévention au Minsanté-PNLP, affirme qu’il n’y a, à ce jour, aucune évidence scientifique qui établit un lien de cause à effet entre la mangue et le paludisme. « Il semblerait surtout que cela soit lié au fait que la saison des pluies coïncide avec la saison des mangues et l’augmentation du pic de transmission du paludisme, période durant laquelle l’on constate une hausse des eaux stagnantes qui sont des milieux idéaux pour la reproduction des moustiques. C’est pour cela que dans nos villages, de façon culturelle, on pense souvent que les mangues donnent le paludisme. Vous pouvez sucer autant de mangues que vous voulez, vous n’aurez jamais le paludisme », dit-il.

Claude Abe, sociologue et enseignant à l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac), a expliqué à SBBC que cette affirmation fait partie des « imaginaires collectifs » que chaque société se crée. « Le paludisme étant une maladie qui est récurrente du point de vue de la démographie qu’il touche, les gens ont eu, à un moment donné, envie de faire entrer le paludisme dans la banalité quotidienne en mettant en place une théorie populaire et profane de la cause de la maladie. D’où justement la consommation abusive des mangues est apparue très facilement dans l’esprit de beaucoup comme étant l’élément qui pourrait être à l’origine de cette maladie même si, sur l’étiologie médicale, les deux éléments n’ont rien à voir ensemble », précise-t-il.

Pour ce dernier, cette « théorie populaire » perdure notamment en raison de « l’ignorance » ou de « connaissances insuffisantes » de l’origine du paludisme. Le sociologue est cependant convaincu qu’on peut combattre cette idée reçue. Ce, « en rendant davantage disponibles les connaissances scientifiques en les popularisant pour que nous soyons tous au même niveau de connaissances, en démontrant également les vertus de la mangue, de sa consommation, de tous les divers usages qu’on peut en faire, au-delà de ces inventions très loin de la réalité. Dans ce type d’imaginaire, il n’y a que la connaissance exacte, scientifique, assurée et sécurisée qui peut arriver à en venir à bout », soutient-il.

En résumé, l’idée selon laquelle la consommation excessive de la mangue donne le paludisme est fausse. C’est une maladie transmise à l’Homme par la piqûre d’un moustique appelé anophèle.  

Patricia Ngo Ngouem

Cet article a été rédigé dans le cadre de la bourse de vérification des faits Africa Fact-checking Fellowship Cameroon (#AFFCameroon), cohorte 8 de #defyhatenow.

Paru le mercredi, 09 août 2023 11:51

Faux : le Ndolè n’a pas été inscrit au « patrimoine mondial » de l’Unesco

« Depuis hier le NDOLE ce met Emblématique, fierté du CAMEROUN, est désormais inscrit au PATRIMOINE MONDIAL de l’UNESCO. Depuis hier je suis excité comme une puce ici en FRONCE (sic) », écrit un influenceur culinaire camerounais bien connu sur les réseaux sociaux dans un post Facebook daté du 5 avril. La publication cumule plus de 4 700 likes et près de 100 partages. Le même post est publié sur son compte Twitter, où il a été visionné plus de 33 000 fois et retweeté près de 200 fois. La même information est également relayée par d’autres publications sur Facebook (1234…). Cette publication suscite des commentaires enthousiastes d’internautes.

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SBBC a vérifié cette information et l’a trouvé fausse

« C’est juste une rumeur, un rêve que, tous, nous voulons voir se réaliser un de ces jours. On a un patrimoine culturel exceptionnel, original et très riche. Mais on ne se lève pas un beau matin pour dire qu’on a inscrit un bien ou un élément sur les listes de l’Unesco », a déclaré à SBBC le Directeur du patrimoine culturel au ministère des Arts et de la Culture (Minac), Marie Thierry Edjoa Ndjell.

Elle apporte les précisions suivantes : « L’art culinaire s’inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et non pas sur la Liste du patrimoine mondial. La Liste du patrimoine mondial n’intègre que le patrimoine culturel matériel : il s’agit des sites, monuments, paysages culturels, etc., ayant une valeur universelle exceptionnelle. Le patrimoine culturel immatériel, qui regroupe les danses, les festivals, l’art culinaire, les pratiques sociales, les savoir-faire et les rituels culturels… s’inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ».

Selon l’Unesco, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, « le patrimoine mondial est une appellation attribuée à des lieux ou des biens, situés à travers le monde, possédant une valeur universelle exceptionnelle. À ce titre, ils sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial afin d’être protégés pour que les générations futures puissent encore les apprécier à leur tour ». Le patrimoine culturel immatériel, parfois appelé « patrimoine culturel vivant », désigne quant à lui « des pratiques, représentations et expressions, des connaissances et savoir-faire que les communautés et les groupes et, dans certains cas, les individus, reconnaissent comme partie intégrante de leur patrimoine culturel », indique l’agence onusienne.

Ledit patrimoine concerne les domaines suivants : les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, selon la même source. A ce jour, le Cameroun compte deux biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial : la Réserve de faune du Dja (1987) et le Trinational de la Sangha (2012), parc naturel partagé avec le Congo et la République centrafricaine (RCA). Le pays compte également 18 sites sur la Liste indicative, qui est un inventaire des biens que chaque État-partie a l’intention de proposer pour inscription, comme on peut le voir dans ce lien. Le Ndolè ne figure pas sur cette liste.

Le « Nguon » et le « Ngondo » en quête de reconnaissance mondiale

« Nous rêvons tous de voir nos savoir-faire culinaires, et pas seulement le Ndolè, inscrits sur cette liste. Mais ce n’est pas encore le cas. Nous y travaillons avec les communautés parce que ce sont elles qui inscrivent les éléments de leur culture. Un peu comme la communauté Bamoun qui a porté le Nguon et consenti à son inscription. L’évaluation et les résultats sont prévus cette année, nous croisons les doigts. Les Sawa ont, quant à eux, porté l’inscription du Ngondo et le dossier a été déposé la semaine dernière à l’Unesco. Nous sommes en attente d’une éventuelle inscription en 2024 », affirme Marie Thierry Edjoa Ndjell.

Le Cameroun a transmis le dossier du Nguon à l’Unesco en mars 2022 pour que ce festival du peuple Bamoun soit inscrit sur la Liste représentative du patrimoine mondial. Le dossier du Nguon est notamment constitué des monuments, des collections d’objets, des traditions et des expressions vivantes héritées des ancêtres et transmises aux descendants. « Il s’agit du premier élément national que le pays soumet pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité », selon le ministre des Arts et de la Culture, Bidoung Mkpatt.

Autre élément qui prouve que l’information selon laquelle « le Ndolè a été inscrit au patrimoine mondial » est erronée : nous n’avons rien trouvé de tel sur le site Internet de l’Unesco, encore moins sur ses pages sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. Aucune communication officielle n’a par ailleurs été faite dans ce sens par les autorités publiques. Par ailleurs, aucun média réputé n’a rapporté cette information. Dans les commentaires, certains internautes ont tôt fait de souligner qu’il s’agit d’une « fake news », attribuant cette information à un canular ou une plaisanterie qu’on fait le 1er avril.

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Le Ndolè est un plat ancestral de la région du Littoral qui jouit d’une renommée nationale et internationale. Il fait partie des « 14 traditions culinaires » sélectionnées par le Cameroun pour leur protection à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), dans le cadre d’un projet sur la propriété intellectuelle et le tourisme gastronomique initié par l’OMPI, comme on peut le lire ici. Mais le Cameroun espère voir ce plat emblématique figurer un jour sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

« En perspective, le Cameroun envisage d’inscrire d’autres éléments représentatifs des autres aires culturelles du Cameroun, notamment l’élément culturel “mvet” pour l’aire culturelle Fang-Beti et les “fantasia” de l’aire soudano-sahélienne. À la suite de ces éléments culturels dont l’inscription est déjà amorcée, on pourra penser plus sérieusement à l’inscription du Ndolè », confie le Directeur du patrimoine culturel.

Patricia Ngo Ngouem

Paru le jeudi, 06 avril 2023 16:29

Faux : cette « note » du secrétaire général du Sénat est fausse

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Une « note », attribuée au secrétaire général (SG) du Sénat, Michel Meva’a Meboutou, est partagée des centaines de fois sur Facebook depuis le lundi 6 mars 2023. 

« Les propriétaires du Cameroun. Michel Meva’a Meboutou qui se soigne à paris aux frais du contribuable fixe ses conditions pour rentrer au Cameroun », écrit cet internaute en partageant ladite « note », dans une publication qui cumule plus de 2 500 likes. Cette « note » est également relayée par d’autres publications sur le même réseau social (1, 2, 3, 4, 5...).

Selon le document daté du 1er mars 2023 et adressé au président du Sénat, Marcel Niat Njifenji, le SG de la chambre haute du Parlement, actuellement en évacuation sanitaire à l’étranger, pose « trois conditions » pour son retour au Cameroun :

- « la location d’un avion sur le trajet Paris-Nsimalen » ;

- « l’établissement d’un ordre de mission » à son secrétaire particulier, Daniel Kevin Ndo Abolo, chargé de l’assister dans le cadre du suivi des formalités de retour auprès des autorités compétentes ;

- « le versement intégral », au bénéfice de son fils, Roger Polycarpe Abolo, de « la dotation spéciale » accordée par le président du Sénat pour faire face « mensuellement » à certaines dépenses d’urgence.

Cette « note » a suscité une vague de récriminations et de critiques sur Facebook, comme le montrent les captures d’écran ci-dessous :

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SBBC a vérifié cette information et l’a trouvé fausse.

« La signature sur ce document n’est pas celle de Meva’a Meboutou », affirme une source autorisée au Sénat, qui a souhaité s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. Pour prouver ses dires, ce dernier a fait parvenir à SBBC, la copie scannée d’un document administratif « authentique » signé de la main du SG du Sénat. « C’est un document qu’il a signé en août [2022] avant son évacuation », précise notre source.

2 texte 2 montant

A l’observation, les deux signatures ne sont pas identiques. Toute chose qui laisse croire à une usurpation de signature, un délit réprimé par la loi camerounaise. Une autre source approchée par SBBC a également confirmé, toujours sous le sceau de l’anonymat, que cette note n’est pas « authentique ».

« Elle comporte trop d’anomalies au plan administratif.  D’abord, l’en-tête est non conforme, car il n’y a pas le logo du Sénat. Ensuite, le numéro d’ordre faisant intervenir une direction (DBS), alors même que la lettre est censée être signée par le SG lui-même. Enfin, la note est sans objet, avec des ampliations à des personnes n’intervenant pas dans le circuit, notamment le PR (président de la République, NDLR) et les SGA (secrétaires généraux adjoints, NDLR), etc. », explique cette source.

Une troisième source a expliqué à SBBC que le « contenu » de cette « note » est sujet à interprétation : « Depuis le mois de septembre que le SG est en évacuation sanitaire, son petit-fils, qui est son directeur de cabinet, a déjà obtenu des ordres de mission au moins quatre fois pour aller lui rendre visite sur sa simple demande. Donc, il n’a pas besoin d’un document écrit pour conditionner le retour du SG par un ordre de mission. Il suffit qu’il demande à aller voir son grand-père, et on lui donnera l’ordre de mission », étaye notre source.

Ladite source poursuit : « La note indique que les frais du mois de mars 2023 qu’on doit donner au petit-fils doivent servir à payer les frais médicaux d’urgence. Or, depuis que le SG est en évacuation sanitaire, le Sénat a pris des dispositions pour mettre dans un compte à la perception de l’ambassade du Cameroun à Paris, tous les frais nécessaires aux soins de santé du SG. C’est d’ailleurs ce que la réglementation indique. Désormais, on ne donne pas du cash aux gens en évacuation sanitaire, on paye directement l’hôpital et les différents soins à travers l’ambassade du Cameroun dans le pays où a lieu l’évacuation sanitaire ».

En effet, la circulaire du ministère des Finances (Minfi) du 30 décembre 2020 portant instructions relatives à l’exécution des Lois de finances, au suivi et au contrôle de l’exécution du budget de l’Etat et des autres entités publiques pour l’exercice 2021 a apporté un tour de vis sur les évacuations sanitaires payées par les fonds publics. Désormais, les crédits réservés aux évacuations sont, le moment venu et selon le cas, délégués directement aux représentations diplomatiques du Cameroun dans les pays d’accueil. Il est par conséquent interdit au chef de poste comptable diplomatique de payer lesdits frais aux malades. Tous ces éléments tendent à prouver que cette note attribuée à Michel Meva’a Meboutou est fausse.

Patricia Ngo Ngouem

Cette vérification de faits a été produite avec le soutien de PesaCheck de Code for Africa, de Meta et de l’Alliance africaine de fact-checking (AFCA)

Paru le vendredi, 31 mars 2023 12:26

Non, la production d’une pièce de monnaie de 250 FCFA n’a pas été autorisée

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Sur Facebook, de nombreuses publications affirment que la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) va mettre en circulation une nouvelle pièce de monnaie d’une valeur de 250 FCFA. « La BEAC a été autorisée à produire de nouvelles pièces, dont celle de 250 FCFA », selon cette publication partagée des dizaines de fois depuis le 22 mars dernier. La même information est relayée ici et ici. Elle est également reprise par certains sites d’informations (1, 2, 3).

Le 15 mars 2023, le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) a, au cours d’une session ordinaire à Yaoundé, autorisé la Beac à mettre en circulation de nouvelles pièces de monnaie dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) qui regroupe six pays, à savoir : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. « Le Comité interministériel a autorisé la création d’une nouvelle gamme des pièces conformément aux préconisations formulées par la Beac », peut-on lire dans le communiqué publié à l’issue de cette session. Le document, signé du président du Comité ministériel de l’Umac, le Congolais Jean-Baptiste Ondaye, ne mentionne nulle part l’émission d’une nouvelle pièce de 250 FCFA.

Monnaie d’Afrique de l’Ouest

Certaines des publications susmentionnées sont notamment illustrées par la photo d’une pièce de monnaie métallique sur laquelle il est écrit « 250 francs », laissant penser à un des spécimens de la nouvelle gamme de pièces à produire par la Beac. Il s’agit cependant d’une pièce de monnaie émise par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), et qui a cours légal dans les huit pays membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa) :  Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.

L’inscription « Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest » est en partie visible et lisible au verso de cette pièce. Une recherche d’image inversée avec le moteur de recherche Google permet de retrouver la photo de cette pièce de monnaie en ligne, notamment sur le site Internet de la Bceao, dans la rubrique « Pièces en circulation ». Les pièces de monnaie de 1, 2, 5, 10, 25, 50,100 et 500 FCFA, mises en circulation en mars 2006 par la Beac, sont celles qui ont cours légal dans la Cemac.

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Patricia Ngo Ngouem

Paru le lundi, 27 mars 2023 11:32

Non, les droits universitaires ne passent pas de 50 000 FCFA à 300 000 FCFA au Cameroun

Plusieurs publications sur Facebook (1, 2, 3, 4, 5…) annoncent une « hausse » des droits universitaires au Cameroun. Selon lesdites publications, ces frais exigibles aux étudiants dans les universités d’État du pays « vont » ou « pourraient » passer de « 50 000 FCFA à 300 000 FCFA ». Cette information est notamment accompagnée d’une publication listant les matières dont les coûts font l’objet d’une augmentation dans la Loi de finances 2023. La même information est également partagée sur Twitter (1, 2). Cette prétendue annonce d’une hausse des droits universitaires indigne de nombreux internautes.

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Démenti du ministère de l’Enseignement supérieur

Cette information est pourtant fausse. Le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup) affirme qu’aucune augmentation des droits universitaires n’est en vue. « Le paiement par les étudiants camerounais d’un taux supérieur à 50 000 FCFA n’est pas envisageable pour l’heure actuelle », indique la cellule de communication du Minesup, dans un démenti publié mercredi 4 janvier sur la page Facebook de ce département ministériel. Pour dissiper cette « intox fantasmagorique », le ministère rappelle les dispositions du décret N° 93/033 du 19 janvier 1993 modifiant certaines dispositions du décret du 17 mai 1979 fixant les taux de paiement des droits universitaires au Cameroun.

Selon l’article 2 (nouveau) de ce texte, « les étudiants de nationalité camerounaise s’acquittent des droits dont le taux forfaitaire est fixé à 50 000 FCFA par étudiant, dans tous les établissements des institutions universitaires » du pays. Ce taux donne droit à l’inscription, aux activités sportives et culturelles, à l’assurance-étudiant, à la bibliothèque, aux enseignements dirigés et pratiques, aux stages de formation et à la présentation aux examens, d’après le texte signé par le chef de l’État.

Le taux de plus de 50 000 FCFA est plutôt imputé aux étudiants de nationalité étrangère, « sous réserve de réciprocité et des conventions en vigueur ». Celui-ci varie de 300 000 FCFA à un million de FCFA en fonction de la faculté ou de l’établissement de formation professionnelle choisi par l’étudiant étranger. Pour le ministère, ce décret est ainsi « un argument de poids » pour faire taire la « folle rumeur » annonçant une hausse des droits universitaires au Cameroun.

 Aucune disposition spécifique sur les droits universitaires dans la Loi de finances 2023

On ne retrouve aucune trace d’une augmentation des droits universitaires dans la Loi de finances 2023 qui fixe le budget de l’État pour cette année. Le texte, adopté en novembre dernier par l’Assemblée nationale et promulgué le 27 décembre 2022 par le président Paul Biya, ne contient aucune disposition spécifique sur ces droits, contrairement à ce qui est dit sur les réseaux sociaux.

Le texte précise que « les ressources et charges de l’État comprennent les recettes et les dépenses budgétaires, ainsi que les ressources et les charges de trésorerie et de financement ». Les droits universitaires sont une ressource qui appartient à l’université qui est un établissement public administratif. Ces droits sont payables auprès de l’agent comptable de l’université concernée et « sont définitivement acquis » par l’établissement académique « même en cas de non assiduité aux cours et de non participation aux examens par l’étudiant », précise le décret du 19 janvier 1993.

P.N.N

Paru le jeudi, 05 janvier 2023 15:51

Non, cette vidéo ne montre pas un nouvel accident mortel à la Falaise de Dschang en 2022

Depuis le 7 décembre 2022, des internautes relaient une vidéo qui, selon eux, montrerait un nouvel accident mortel survenu à la Falaise de Santchou à Dschang, chef-lieu du département de la Menoua dans la région de l’Ouest. « C’est mauvais grave accident à la falaise de Dschang, un bus de menoua voyage et un camion calcinés presque tout le monde s’est brûle a l’intérieur du bus selon les infos qui nous parviennent.. la fin d’année au Cameroun c’est grave (sic) », écrit cet utilisateur sur Facebook, dans une publication du 9 décembre partagée une vingtaine de fois.

Dans cette séquence de 2,13 secondes filmée en pleine nuit, on aperçoit deux véhicules en feu, des flammes qui lèchent la chaussée, ainsi que des personnes en train d’immortaliser la scène à l’aide de leurs téléphones portables. « Voici une situation à la Falaise de Dschang. Un camion s’est brûlé avec un bus de transport et ça a brûlé tous les passagers », commente une voix d’homme.

Une vidéo initialement filmée en janvier 2021

Mais si cette vidéo est authentique, elle est cependant sortie de son contexte : elle n’a pas été filmée au cours de ce mois de décembre 2022, mais lors de l’accident de la circulation survenu le 27 janvier 2021 à la Falaise de Dschang. Cette séquence a été filmée par Canal 2 international, comme l’indique la présence du logo de cette chaîne de télévision privée camerounaise sur le coin supérieur droit de la vidéo. On la retrouve notamment sur le compte YouTube de ce média, dans une publication datée de ce jour-là.

Elle est accompagnée de la légende suivante : « Urgent : Grave accident de la circulation à la falaise de Dschang/Accident survenu à 5h du matin. Un bus de 70 places piégé par les flammes selon des sources sur place. Il s’agit d’un gros porteur de l’agence Menoua Voyage qui est entré en collision avec un camion. 30 personnes sont en ce moment transportées à l’hôpital de Dschang. Le gouverneur de la région de l’Ouest est en ce moment sur les lieux selon nos sources ». Cette vidéo cumule plus de 28 300 vues.

Le maire de la commune de Dschang, Jacquis Kemleu, avait publié un communiqué peu de temps après ce drame. « Un accident de la circulation est survenu ce matin vers 5h30 minutes à la Falaise de Foréké-Dschang. Un gros porteur de 70 places de l’agence Menoua Voyages venant de Douala serait entré en collision avec un camion transportant un liquide inflammable. Le violent choc qui s’en est suivi a produit un incendie qui a consumé les deux véhicules avec leurs occupants à bord », annonçait alors l’édile municipal.

Falaise de Dschang, une zone réputée dangereuse

Plusieurs médias camerounais et étrangers ont rapporté cette information (1, 2, 3, 4…) à l’époque des faits. L’accident a officiellement fait 55 morts, tous calcinés, ainsi que 29 blessés. Ce drame avait ému jusqu’au sommet de l’État. « J’ai pris connaissance avec tristesse, du bilan humain élevé du grave accident de la circulation survenu au niveau de la falaise de Dschang. J’adresse mes sincères condoléances aux familles endeuillées, ainsi que mes souhaits de prompt rétablissement aux blessés », avait réagi le chef de l’État, Paul Biya, sur Twitter le jour du drame. Des obsèques officielles pour les victimes avaient été organisées le 3 septembre 2021 à la place des fêtes de la ville de Dschang.

La Falaise de Santchou, encore appelée Falaise de Dschang ou Falaise de Fokéré, est une zone réputée dangereuse pour les conducteurs en raison de ses nombreux reliefs et ravins et de son important trafic routier. Au moins 60 personnes ont perdu la vie sur ce tronçon routier au cours du premier semestre 2021.

Le 1er février 2021, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a implanté deux plaques sur le lieu du drame pour sensibiliser les usagers sur les dangers de la route. Ce, afin d’éviter des drames similaires dans l’avenir. « J’ai apporté un seul message : c’est cette plaque qui indique qu’il y a eu 55 morts ici parce que la protection civique, c’est la pédagogie, c’est la sensibilisation pour que les gens comprennent que sur ce lieu, il y a eu 55 morts (…) 55 morts de trop », déclarait notamment le membre du gouvernement dans ce reportage télévisé.

Les accidents de circulation sont fréquents et souvent meurtriers au Cameroun. Selon les statistiques nationales, on enregistre en moyenne plus de 1 000 morts sur les routes chaque année, six fois plus selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui parle de 6 000 décès annuels liés aux accidents de la circulation dans le pays.

 Patricia Ngo Ngouem

 

Paru le vendredi, 09 décembre 2022 12:39

Attention, ces propos attribués sur Facebook à Zambo Anguissa sur la non-sélection de Ngadeu sont faux

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Des propos attribués au milieu de terrain des Lions indomptables Frank Zambo Anguissa, dans lesquels il regrette la non-sélection de Michael Ngadeu pour le Mondial 2022, circulent sur Internet. « J’ai été sélectionné c’est vrai mais perso mon coéquipier ngadeu mérite sa place au sein de la dernière il mérite de jouer cette coupe du monde comparé aux autres (sic) », peut-on lire dans cette publication partagée plus de 200 fois depuis le 9 novembre dernier.

Ce post a suscité une vague de sympathie de plusieurs internautes, saluant en commentaire « la franchise », « la répartie » ou encore le « sens de la justice » du joueur de Naples (Italie) de 26 ans. Cette publication massivement commentée a été mise en ligne quelques heures après le dévoilement de la liste des 26 joueurs qui représenteront le Cameroun à la Coupe du monde qui démarre le 20 novembre prochain au Qatar.  Si la liste de Rigobert Song comporte son lot d’habitués (André Onana, Vincent Aboubakar, Karl Toko Ekambi, Eric-Maxim Choupo-Moting) et quelques surprises (Nicolas Nkoulou, Olivier Ntcham), plusieurs cadres manquent toutefois à l’appel pour ce grand rendez-vous sportif.

C’est notamment le cas de Michael Ngadeu, le défenseur central de La Gantoise (Belgique). Sa non-sélection fait actuellement débat au sein de l’opinion. Cependant, la page Facebook à l’origine de cette publication, bien que suivie par plus de 3 000 personnes, n’est pas authentique. Zambo Anguissa confirme que cette page n’est pas la sienne. Dans sa biographie Instagram, le joueur précise qu’il n’est présent ni sur Facebook ni sur Twitter. Son compte sur Instagram (@anguiss_29) est le seul qu’il a sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un compte certifié, reconnaissable au badge bleu qui signifie que Instagram a confirmé que le profil appartient bien à une personnalité publique plutôt qu’à un fan ou à un imposteur.

Cette page Facebook usurpe l’identité de Zambo Anguissa sur Internet, en utilisant des photos du joueur. Plusieurs autres profils lui sont d’ailleurs attribués sur le même réseau social (1, 2…). L’usurpation d’identité est un phénomène répandu sur Facebook. Cette pratique consiste à créer un compte ou une page en utilisant des données personnelles d’une personne à son insu. Elle constitue une infraction pénale au Cameroun. En 2020, l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (Antic) a déclaré avoir débusqué 4 242 faux comptes Facebook et en a supprimé 3 372.

Patricia Ngo Ngouem

Paru le vendredi, 11 novembre 2022 15:14

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