«Plus besoin d’avoir plusieurs numéros ! Activez le tarif unique et appelez tous les réseaux au Cameroun à 1F ». C’est l’un des messages que nombre d’abonnés du téléphone mobile reçoivent ces derniers temps des opérateurs de télécoms sur leurs portables. Sans forcément en comprendre l’opportunité. Le débat va dans tous les sens. Certains y voient la magnanimité des entreprises de téléphonie mobile. D’autres croient que c’est juste le coût des communications qui connaît une tendance baissière.
La réalité est que les opérateurs préparent la portabilité des numéros. En d’autres termes, selon le décret du Premier ministre du 14 juin 2012 fixant les conditions de portabilité des numéros, les opérateurs des réseaux de communications électroniques ouverts au public doivent assurer le droit des abonnés de conserver le numéro d’abonné quand ils changent d’opérateur. Tous ceux qui désirent conserver leur numéro lorsqu’ils changent d’opérateur formulent une demande. Une fois que la réponse de l’opérateur donneur est émise ou que le délai prévu est passé (24h), l’opérateur receveur dispose de vingt-quatre heures pour réaliser la mise en œuvre effective du portage demandé.
Actuellement, des sources bien introduites dans les sociétés de télécoms indiquent que tous les stratagèmes sont mis en oeuvre par MTN, Orange, Nexttel, Camtel, pour garder chacun un contrôle sur le nombre d’abonnés. «Il ne faut pas que le client soit obligé, le moment venu de porter son numéro vers un concurrent. Par conséquent, il faut lui faire des propositions alléchantes pour l'en dissuader», indique un cadre dans une société de téléphonie mobile basée au Cameroun.
Depuis 2015, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) a attribué à l’équipementier chinois Huawei, le contrat pour la fourniture, l’installation et l’exploitation d’une base de données centralisée, en vue de la gestion de cette opération portabilité de numéros. Sauf changement ultime, cette prestation sera exécutée de manière à rendre la portabilité des numéros effective au mois de novembre 2016.
Mais il faut noter que les Camerounais ont été habitués à avoir plusieurs numéros de téléphone depuis le boom de ce secteur au début des années 2000 parce que les communications entre abonnés de différents opérateurs coûtaient chers. Il était même impossible jusqu'en 2004 qu'un client MTN par exemple puisse envoyer un SMS à son correspondant détenteur d'un numéro chez Orange. Actuellement, la donne a radicalement changé. Et chaque opérateur ne veut pas perdre ses abonnés avec l'avènement de la portabilité des numéros.
Sylvain Andzongo
