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Produits pétroliers : l’État du Cameroun déplore un manque à gagner de plus de 2 000 milliards de FCFA sur 10 ans

Produits pétroliers : l’État du Cameroun déplore un manque à gagner de plus de 2 000 milliards de FCFA sur 10 ans

Paru le mercredi, 07 février 2024 14:33

Le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba (photo), affirme que la subvention des produits pétroliers a entrainé d’importants manques à gagner pour l’État sur une décennie. « Au cours des dix dernières années, le volume global des manques à gagner a dépassé la barre de 2 000 milliards de FCFA, avec un pic sur l’année 2022. En d’autres termes, ce que l’État a payé en 2022 en termes de subvention des produits pétroliers correspond à environ 25% des ressources propres du budget de l’État », a déclaré le membre du gouvernement mardi 6 février, à l’occasion de la communication gouvernementale relative à la récente revalorisation des prix à la pompe du gasoil et du super au Cameroun.

À la suite d’une hausse des prix des produits pétroliers qui avait conduit aux émeutes dites de la faim en février 2008, le gouvernement avait décidé de geler les prix à la pompe malgré l’augmentation progressive du prix du baril à l’international. Ce blocage des prix veut que le gap entre le prix réel du produit raffiné obtenu à partir du brut importé et celui pratiqué à la pompe soit supporté par le gouvernement. « Au cours des années 2022 et 2023, la conjoncture pétrolière internationale défavorable a contribué à maintenir un écart persistant entre les prix réels des produits pétroliers importés et leurs prix appliqués à la pompe qui, en raison de la politique gouvernementale de gel des prix, s’est traduit par un important soutien à la consommation et à fortiori, par un niveau élevé de manques à gagner à compenser par l’État aux importateurs. Cette subvention de l’État aux carburants à la pompe est devenue quasiment insoutenable pour le Trésor public », soutient Gaston Eloundou Essomba.

Concernant les manques à gagner, le Minee explique que ceux-ci sont calculés sur la base des cotations réelles des importations, notamment les cotations des produits pétroliers (publiés par le PLATT’S), la parité euro/dollar (publiés quotidiennement par institutions spécialisées) et la prime du trader. « À titre d’illustration : pour deux cargaisons de 10 000 tonnes métriques de gasoil chacune importées les 10 et 29 janvier 2024 avec les paramètres suivants : au 10 janvier, cotations Platt’s de 808,25 dollars US/TM et Forex ou parité euro/dollar de 1,084 3 ; au 29 janvier, 742,90 dollars US/TM et Forex ou parité euro/dollar de 1,095 3. Les manques à gagner enregistrés seront de 569 millions de FCFA pour la cargaison du 10 janvier et de 1 milliard de FCFA pour la cargaison du 29 janvier. On observe que la variation des paramètres sus-évoqués (50 dollars/TM sur les cotations Platt’s et 0,011 sur la parité) a pour conséquence un écart de 431 millions de FCFA sur les deux cargaisons, alors qu’elles ont été importées au cours du même mois », dit-il.

Diminution des subventions

En d’autres termes, le manque à gagner est tributaire des doubles fluctuations des cours mondiaux des produits et du prix d’achat du dollar américain, avance le Minee. À cela, il faut ajouter les tensions de trésorerie qui n’ont pas toujours permis de mobiliser à bonne date les ressources financières nécessaires au paiement des manques à gagner, avec pour conséquence des fortes tensions et ruptures observées sur l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. « Cette subvention de l’État aux carburants à la pompe est devenue quasiment insoutenable pour le Trésor public. (…) Face à cette situation, il est devenu impératif de réduire significativement ces manques à gagner. C’est dans cette perspective que les prix ont été réajustés », justifie Gaston Eloundou Essomba.

Depuis le 3 février, les prix du super et du gasoil ont été revus à la hausse. Désormais, le litre de super coûte 840 FCFA dans les stations-service par rapport au 730 FCFA auparavant, tandis que le litre de gasoil est aujourd’hui vendu à 828 FCFA, contre 720 FCFA précédemment. En valeur relative, l’augmentation opérée est de l’ordre de 15% par rapport aux prix jusque-là pratiqués, soit 110 FCFA et 108 FCFA respectivement en valeur absolue. Cette hausse intervient après celle opérée en 2023. Le gouvernement précise que cette mesure vise non seulement à garantir au marché national un approvisionnement stable en produits pétroliers, afin de mettre un terme aux pénuries hautement préjudiciables que le Cameroun a connues ces derniers temps et qui tendent à favoriser des spéculations dans divers secteurs, et
particulièrement sur les produits de première nécessité. Mais surtout à réduire la facture des subventions, « dans un contexte international marqué par des tensions inflationnistes dues d’une part, à la crise russo-ukrainienne qui affecte fortement les échanges mondiaux et d’autre part, au récent conflit armé survenu au Proche-Orient entre l’État d’Israël et le Hamas, ainsi que ses ramifications sous-régionales ».

Le premier réajustement opéré l’année dernière a permis de réduire de 640 milliards de FCFA la facture des subventions au carburant en 2023, a annoncé le président Paul Biya dans son discours de fin d’année à la nation le 31 décembre. Le chef de l’État chiffrait ces subventions à plus de 1 000 milliards de FCFA en 2022. « Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le Trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix que de la réduire de nouveau », a-t-il prévenu. À en croie Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi), l’abandon significatif des subventions des produits pétroliers fait gagner près de 1 000 milliards de FCFA à l’État. « Les économies substantielles réalisées grâce à la diminution, voire la suppression à terme des subventions sur les produits pétroliers, permettront de réorienter ces économies », argue son collègue de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi. Des ressources que l’État pourrait orienter « pour les investissements dans les secteurs des infrastructures qui sont les plus prioritaires aujourd’hui », selon le Minee.

Patricia Ngo Ngouem

Dernière modification le mercredi, 07 février 2024 14:36

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