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Lutte contre le Covid-19 : pourquoi Dion Ngute frappe du poing sur la table

Lutte contre le Covid-19 : pourquoi Dion Ngute frappe du poing sur la table

Paru le lundi, 13 avril 2020 11:39

Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, n’est pas content de la manière dont travaillent les membres de son équipe et surtout de la mise en œuvre de la stratégie de riposte du gouvernement contre la pandémie de coronavirus.

Dans un communiqué daté du 9 avril 2020, le secrétaire général des services du Premier ministre fait savoir que « l’attention du Premier ministre a été appelée, à plusieurs reprises, par la démultiplication d’initiatives personnelles et solitaires de la part des membres du gouvernement dans la conduite des affaires publiques ».

Séraphin Magloire Fouda précise que ces initiatives prospèrent « au mépris des principes cardinaux de collaboration, de solidarité et de respect des procédures qui régissent l’organisation du travail gouvernemental ».

Mais c’est surtout la mise en œuvre de la stratégie de riposte du gouvernement contre le Covid-19 qui a catalysé le recadrage du Premier ministre. Une source dans les services du Premier ministre invoque par exemple ce communiqué signé conjointement par le ministre de l’Éducation de base (Minedub) et sa collègue des Enseignements secondaires (Minesec).

Rétropédalage

Dans ce communiqué, Laurent Serge Etoundi Ngoa et Nalova Lyonga annoncent la reprise des cours pour le 20 avril. « À cette date, il ne fait pas de doute que la pandémie fera encore parler d’elle pour que l’école reprenne droit de cité », note un chef d’établissement. La fermeture des établissements scolaires fait partie des 13 mesures annoncées par le Premier ministre le 17 mars pour lutter contre le coronavirus.

Prenant conscience de leur bourde, les deux ministres font un rétropédalage. Un autre communiqué conjoint signé le 8 avril parle désormais d’un « prétendu réaménagement du calendrier scolaire ». À l’intention de la communauté éducative, le Minedub et la Minesec indiquent « qu’en cette période de pandémie de Covid-19, les décisions concernant la marche des secteurs éducatifs sont exclusivement prises par le Premier ministre ».

Cette initiative n’est pas un cas isolé. Dans une démarche présentée comme une offensive contre le coronavirus, la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi) a, sans l’aval de la hiérarchie, multiplié des communications sur le Covid-19. Ces initiatives se révèlent désastreuses, au point de valoir des commentaires peu glorieux sur la compétence à Madeleine Tchuinté dans les réseaux sociaux.

Autorisation préalable

Des initiatives qui décident le Premier ministre à taper le poing sur la table. « En ce qui concerne spécifiquement la mise en œuvre de la stratégie de riposte contre la propagation de la pandémie du coronavirus au Cameroun, les administrations sectorielles impliquées doivent préalablement solliciter et obtenir formellement du chef du gouvernement les autorisations nécessaires », écrit Séraphin Magloire Fouda.

Le secrétaire général des services du Premier ministre précise qu’il s’agit, par cette restriction, d’éviter « la cacophonie observée dans la communication sur cette crise sanitaire ».

Et pour ce faire, les ministres sont invités à faire montre de prudence et de retenues dans leur communication sur le Covid-19. De plus, souligne Séraphin Magloire Fouda, « le ministre de la Communication doit être étroitement associé dans la mise en œuvre des initiatives médiatiques conduites par les administrations sectorielles ».

Solidarité gouvernementale

Ce faisant, les membres du gouvernement doivent toujours se rappeler que « les ministères ne constituent pas des entités indépendantes et que l’action publique est par essence transversale et interministérielle ».

Une manière de réitérer la nécessaire solidarité gouvernementale, qui constitue l’un des crédos du président de la République, Paul Biya. Mais les Premiers ministres ayant défilé à l’Immeuble Étoile ont toujours eu maille à partir avec des membres du gouvernement donnant l’impression de prendre leurs ordres ailleurs. Joseph Dion Ngute, nommé chef du gouvernement le 4 janvier 2019, en fait l’amère expérience.

Dominique Mbassi

Dernière modification le lundi, 13 avril 2020 11:42

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