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Douala : pourquoi policiers et gendarmes sont intervenus dans un tribunal

Douala : pourquoi policiers et gendarmes sont intervenus dans un tribunal

Paru le jeudi, 12 novembre 2020 12:21

Le Tribunal de Première instance (TPI) de Douala-Bonanjo a été le théâtre d’échauffourées opposant des avocats aux forces de maintien de l’ordre. Des images amateurs filmées à l’aide de téléphones portables, tard dans la nuit du mardi 10 novembre, montrent des policiers et gendarmes chassant des avocats à coup de matraque et de gaz lacrymogène de la salle d’audience de cette instance juridictionnelle.

Tout est parti d’une audience portant sur une affaire impliquant « deux jeunes avocats placés sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Douala (New Bell), lundi 9 novembre 2020, pour outrage à magistrat, tentative de corruption et escroquerie », confie Me Laurent Moukam, avocat au barreau du Cameroun.

Pour manifester leur solidarité à leurs confrères, près de 500 avocats se sont mobilisés pour solliciter la mise en liberté provisoire de leurs confrères. « Après des débats houleux entre les avocats et le parquet, le juge chargé du dossier a mis l’affaire en délibéré sur la demande de mise en liberté pour l’audience du 25 novembre prochain. Ce qui a manifestement irrité les avocats qui s’attendaient à une décision sur le siège (séance tenante. Ndlr) ou tout au plus à un délibéré à bref délai », relate l’avocat.

Vacarme

S’est ensuivi un mouvement d’humeur des avocats qui a plongé la salle dans le vacarme. Un groupe d’avocats qui s’opposait au retour en prison de leurs confrères va sur ces entrefaites former un cordon de sécurité autour des deux prévenus. Dans cette ambiance délétère, la suite des audiences est bloquée. « Le tribunal a été obligé de renvoyer toutes les autres affaires d’office à un mois. Des justiciables parmi lesquels beaucoup de Camerounais détenus eux aussi qui n’ont pas eu droit qu’on appelle leur affaire. Ils sont retournés en prison pour un mois parce que des avocats qui sont censés être des légalistes, des acteurs majeurs de la chaîne judiciaire ont empêché que les audiences se poursuivent hier », regrette Me Ange ELOKA, greffier au Tribunal de 1ere instance de Douala Bonanjo.

Recours à la « force légale »

Comment en est-on arrivé aux scènes de violence ? A cette question, le greffier soutient que « les avocats se sont comportés comme des badauds » d’où l’usage de la force. « C’est donc las d’attendre jusqu’à très tard dans la nuit, et après moult tractations, moult négociation et finalement des sommations à libérer la salle d’audience, que des éléments de la police et de la gendarmerie appelés par qui de droit, ont dû user de la force légale pour extraire les deux concernés et les ramener à la maison d’arrêt en attendant l’audience du 25 novembre, c’est-à-dire dans deux semaines », détaille l’officier de justice.

Tollé

Même si les activités ont repris depuis hier au TPI de Bonanjo, l’affaire continue de faire des vagues sur la Toile. L’intervention des forces de maintien de l’ordre est critiquée par des internautes et des personnalités politiques. « Pulvériser du gaz lacrymogène sur des avocats revêtus de leurs toges en pleine salle d’audience d’un palais de justice, les brutaliser physiquement dans ce qui était encore considéré jusqu’ici comme un des sanctuaires de la République, participe d’un profond recul des libertés, d’une barbarie insoutenable et d’une banalisation de la profession d’avocat que même les pires dictatures au monde n’oseraient franchir », a commenté le député Jean Michel Nintcheu du Social Democratic Front (SDF).

Jusque dans la matinée du jeudi 12 novembre, le ministère de la Justice ne s’était pas encore exprimé au sujet de cet incident. Idem pour l’Ordre des avocats dont la sortie sur cette affaire qui sème l’émoi au sein de cette corporation, cristallise l’attention de l’opinion. Autant dire que l’incident est loin d’être clos.

Baudouin Enama

Dernière modification le jeudi, 12 novembre 2020 14:11

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