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L’Etat fédéral du Nigeria qualifie « d'absurde » le nouveau gouvernement du Biafra

L’Etat fédéral du Nigeria qualifie « d'absurde » le nouveau gouvernement du Biafra

Paru le mercredi, 17 mars 2021 14:01

Les revendications séparatistes persistent au Biafra, dans le sud du Nigeria, plus de 50 ans après la fin de la guerre civile. Comme en 2017, l’Etat fédéral continue de réprimer violemment toute agitation sécessionniste.

Le gouvernement fédéral nigérian a qualifié de « théâtre de l’absurde » la formation du gouvernement coutumier du Biafra (BCG), sous la direction d’Asari Dokubo (photo), leader du Front populaire du salut du Delta du Niger (NDPSF). « Nous ne sommes pas prêts à accorder de l'attention ou du temps à un plaisantin comme Dokubo qui cherche simplement à attirer l'attention », a déclaré le ministre de l’Information Lai Mohammed, à l’Agence de presse nigériane, NAN, lundi 15 mars.

Dimanche, les médias locaux nigérians ont relayé l’annonce de la formation du BCG, dont les trois premiers membres enrôlés par Asari Dokubo sont déjà connus.

« Sur le siège du conducteur pour naviguer à travers cette période de tempête, cette période d'incertitude avec moi [Asari Dokubo, Ndlr] », le leader des NDPSF a fait le choix d’Uche Mefor, responsable à l’Information et à la Communication, George Onyibe, « secrétaire du gouvernement coutumier de facto de l'Etat du Biafra » et Emeka Esiri, chargé des besoins juridiques de « ce gouvernement naissant ». Passé cette première étape, le nouveau dirigeant autoproclamé compte « procéder à la mise en place de structures provinciales de gouvernement en commençant par les assemblées provinciales [...] ».

Une ligue du sud marginalisé ?

Asari Dokubo a dirigé au début des années 2000 la Force des volontaires du peuple du Delta du Niger (NDPVF). Cette organisation figurait parmi une constellation de groupes armés qui ont représenté une menace importante pour la production pétrolière nigériane avant l’accalmie de 2009, obtenue grâce à un programme d’amnistie présidentiel. Mais la trêve a volé en éclats en 2016, à cause de l’incapacité du gouvernement fédéral à verser les allocations promises aux ex-militants et de l’approche militaire prônée par le président Buhari.

Les attaques contre les infrastructures pétrolières ont alors repris de plus belle, entraînant une chute de la production pétrolière à son plus bas niveau depuis 30 ans. Cette résurgence des violences a fortement contribué à la contraction de l’économie en 2016.

Les ambitions politiques d’Asari Dokubo font craindre une nouvelle flambée de violences au Biafra. En 2017, l’ex-leader des NDPVF, figure de l’ethnie Ijaw majoritaire dans les Etats côtiers du sud, avait déjà appelé au soutien des mouvements séparatistes biafrais dominés par les Igbos. Un agenda politique commun entre les militants de ces deux ethnies dont les rivalités ont favorisé la défaite rapide du Biafra indépendantiste, au cours de la guerre civile de 1967-1970, donnerait du fil à retordre à l’Etat fédéral déjà impuissant face aux mouvements terroristes Boko Haram et Iswap.

Dans le sud du Nigeria, le rêve d’une République du Biafra ne s’est pas éteint avec la défaite et la reddition des séparatistes igbos, en 1970. Ce sentiment d’inachevé est renforcé par l’omerta sur le conflit qui n’a fait « ni vainqueur ni vaincu », selon le mot du président Yakubu Gowon. 50 ans plus tard, la page du million de victimes civiles, mortes pour la plupart de faim, à cause du blocus du Biafra ordonné par les autorités fédérales, n’est toujours pas tournée.

Stéphane Alidjinou

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