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Drame de Ngarbuh : le rapport d’enquête pointe la responsabilité de l’armée

Drame de Ngarbuh : le rapport d’enquête pointe la responsabilité de l’armée

Paru le mercredi, 22 avril 2020 11:12

Human Right Watch (HRW) n’avait donc pas tout faux dans son rapport publié le 25 février 2020, qui accusait l’armée camerounaise « du meurtre de vingt-une personnes civiles,  dont une femme et treize enfants » le 14 février dans la localité de Ngarbuh, région du Nord-Ouest.

Le rapport de l’enquête prescrite par le président de la République, Paul Biya, dévoilé à travers un communiqué publié par le secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR) le 21 avril, admet que trois militaires ont « participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons ».

D’après le communiqué reprenant les conclusions de la commission d’enquête, le village Ngarbuh « était devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes et un pôle logistique de ravitaillement en armes, munitions combustibles des groupes sécessionnistes ». Ici, ils « se livraient à des exactions diverses contre les populations locales,  qui justifiaient une intervention des forces de défense et de sécurité ».

Circonstances du drame

Sur les circonstances du drame, le communiqué du SG/PR expose : « Après des échanges de tirs au cours desquels cinq terroristes ont été abattus et plusieurs armes saisies, le détachement a découvert que trois femmes et dix enfants ont péri du fait de son action ». Pris de panique, « les trois militaires aidés par certains membres du comité de vigilance ont tenté de masquer les faits par des incendies », poursuit le communiqué.

Dans l’échelle des responsabilités, la Commission d’enquête présidée par un magistrat militaire, et à la quelle a été associée l’ONU, accable particulièrement le chef d’équipe, qui « a associé des civils armés à une opération militaire, (…) ordonné l’incendie des maisons ».

Les conclusions de l’enquête sont quelque peu en contradiction avec l’axe de communication initial du gouvernement. Par exemple, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, au cours d’un point de presse le 27 février, « rejette en bloc les allégations contenues » dans le rapport de HRW. Au-delà du bilan de ce « regrettable incident »  jugé erroné, il dénonce alors surtout la méthode de travail « peu rigoureuse et l’absence de preuves matérielles de l’ONG » pour étayer ses affirmations.

Rapport biaisé du détachement

Pour sa part, le ministre de l’Administration territoriale, face à la presse le 9 mars,  s’insurge contre l’attitude conspirationniste des ONG comme HRW envers le Cameroun et les forces de défense et de sécurité. Paul Atanga Nji dit même être en possession de preuves que ces ONG ont reçu pour ce faire cinq milliards de FCFA des réseaux occultes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun.

Le 17 février, un communiqué du ministère de la Défense dément tout acte planifié et précise, « à la lumière des informations méthodiquement et professionnellement recoupées, qu’il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation en cours de la région ».

Ces sons discordants de la communication gouvernementale s’expliquent aujourd’hui. D’après le communiqué du SG/PR, le chef de l’opération « a adressé à sa hiérarchie un compte rendu volontairement biaisé sur la base duquel le gouvernement a initialement fondé sa communication ».

D’ores et déjà, les militaires mis en cause ont été interpellés et mis à la disposition du tribunal militaire de Yaoundé, indépendamment de l’ouverture contre eux d’une procédure judiciaire. Qui concerne aussi les dix membres du comité de vigilance actuellement en cavale.

D.M.

Dernière modification le mercredi, 22 avril 2020 11:16

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