Benoit Ndong Soumhet, ministre chargé des missions à la présidence de la République, est le président du comité d’organisation des obsèques du député Jean Bernard Ndongo Essomba (photo), décédé le 17 mars dernier. Problème, cette désignation n’est pas du goût de toute l’élite politique du département de la Lekié. Célestin Bedzigui, leader de l’opposition et conseiller municipal à la commune de Monatélé, est le tout premier à le faire savoir dans un texte qu’il signe pour contester la désignation du ministre Benoit Ndong Soumhet.
« Il s’agit d’une provocation qui va empoisonner l’atmosphère de la préparation des obsèques de Ndongo Essomba. Et c’est bien dommage que l’ivresse des ambitions de certains leur fasse perdre la raison », écrit Célestin Bedzigui.
Pour ce dernier, la présidence de ce comité d’organisation doit logiquement revenir à Henri Eyebe Ayissi, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), le patron politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) dans la Lekié. La raison est que le défunt était avant tout une grande figure politique de ce département. Ce qui est loin d’être exagéré. Car Jean Bernard Ndongo Essomba a dirigé pendant plusieurs décennies le groupe parlementaire du RDPC à l’Assemblée nationale.
Ce n’est pas tout. Le député était aussi jusqu’à sa mort le seul cadre du parti au pouvoir, originaire de la Lekié, à siéger comme membre du bureau politique du RDPC. En plus, c’est Jean Bernard Ndongo Essomba qui occupait le poste stratégique de président de la délégation permanente régionale du RDPC dans le Centre. En clair, c’était le patron régional du parti de Paul Biya. Ce n’est donc pas étonnant qu’il ait souvent coordonné les campagnes électorales de son parti dans la région du Centre.
Leadership politique
Face à cette remontrance, Benoit Ndong Soumhet n’est pas resté atone. Il a lui aussi pris sa plume pour répondre à Célestin Bedzigui. Mais surtout pour justifier le fait qu’il préside ce comité d’organisation. « Pour ta gouverne, retiens que Ndongo Essomba n’était pas que politique. Il était d’abord et surtout un homme, avec des sentiments et des préférences. Il avait le sens des valeurs dont l’amitié, la loyauté, la fidélité, choses que certains, confrontés aux vicissitudes de la vie, ont totalement perdues depuis des lustres ».
Cette passe d’armes est le témoin du climat qui prévaut en ce moment dans la Lekié. Certains politiques du département n’ont aucune objection à ce que Benoit Ndong Soumhet chapeaute l’organisation des obsèques du « patriarche » Jean Bernard Ndongo Essomba, quand d’autres préfèrent voir la manifestation d’une ambition politique : celle de ravir le leadership politique du département. Sauf que pour l’instant, ce débat demeure sous le boisseau.
« Beaucoup, comme moi, sont d’accord avec Célestin Bedzigui. Mais personne n’ose parler fort parce que le ministre Benoit Ndong Soumhet est aussi conseiller au comité central. Bedzigui a simplement dit haut ce que beaucoup pensent bas parce qu’il n’a rien à craindre puisqu’il ne milite pas dans le RDPC », souffle un conseiller municipal de la mairie de Monatélé.
Il ajoute : « on est gêné par ce qui se passe. Ndong Soumhet fait valoir la proximité qu’il y avait entre lui et le patriarche Ndongo Essomba. Mais est-ce que ce dernier représentait sa famille à l’Assemblée nationale ? Est-ce que c’est sa famille qu’il représentait au comité central ? C’est clivant ».
En plus du poste qu’occupe le ministre Benoit Ndong Soumhet dans ce comité, l’absence de certains maires et de plusieurs présidents des neuf sections du RDPC dans la Lekié fait aussi jaser. Plus encore, ce comité d’organisation est accusé de travailler sans coordonner.
Ceux qui défendent cette dernière position font savoir que le député Jean Bernard Ndongo Essomba sera inhumé le 15 avril prochain. Or ce même jour, l’élite politique est invitée à assister à une ordination de prêtres, originaires du département, à Monatélé. Une cérémonie d’ordination qui va être célébrée par Mgr Sosthène Léopold Bayemi, l’évêque du diocèse d’Obala.
Michel Ange Nga
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