Depuis peu, il se rapporte qu’une cargaison de riz ne respectant aucune normes et apportant un virus sévissant uniquement au Pakistan serait dans les ports africains; Une marque, « Dana » est indexée. Il s’agit d’une entreprise pakistanaise de production et d’exportation de riz, ainsi que d’épices, de lentilles et de fruits secs (entre autres) appartenant à un groupe dénommé AFN Entreprises. Sur son site web, elle se présente comme l’entreprise qui exporte le plus de riz basmati du Pakistan.
La rumeur sur cette marque, part le 25 juin 2018, de la page d’un lanceur d’alertes sénégalais dénommé Baba Aïdara. Dans l’alerte initiale, celui -ci invite à éviter « Dana rice du Pakistan » sans autre forme de précisions. Au fil des partages, il est rapporté par certaines pages camerounaises que le riz en question, aurait déjà traversé les frontières du pays et serait déjà distribué; car l’importateur, en usant de corruption aurait fait enlever la marchandise. Contacté via sa messagerie Facebook le 28 juin dernier afin d’en savoir plus sur le type de contamination et les ports touchés par son alerte, Baba Aïdara l’initiateur de cette rumeur restera muet.
Toutefois, à la recherche, il apparait que des versions similaires à celle du Cameroun ont été lancées dans les réseaux sociaux en Jamaïque et au Zimbabwé. Elle seront rejetées par les autorités portuaires de ces deux pays.
De manière générale, en dehors des alertes imprécises lancées çà et là en direction d’un pays ou d’un autre, il n’existe aucune alerte spécifique à cette marque de riz pakistanais. Il n’en existe pas non plus sur un potentiel virus transmissible à la consommation de riz et uniquement présent au Pakistan.
Les contaminations
En Juin 2013, la qualité du riz pakistanais est néanmoins dénoncée par la douane mexicaine. A l’époque, une cargaison de 3000 tonnes de riz contaminée par le scarabée Khapra, ou Trogoderma granarium, est trouvée et mise en quarantaine lors de l'inspection de 120 conteneurs en provenance du Pakistan. Un an après, oryza.com annonce que les exportateurs pakistanais ont redirigés cette cargaison en direction de l'Afrique. Hors mis cette alerte aux trogodermes, des études ont été menées sur l’incidence d’aflatoxines (FA) sur du riz basmati exporté et sur du riz brun produits au Pakistan; c’est le cas de « Occurrence of aflatoxins in export-quality Pakistani rice » ( Shamma Firdous & al, Journal , Food Additives & Contaminants: Part B , Surveillance,Volume 5, 2012 - Issue 2 ), une étude scientifique réalisée sur 579 lots de riz (collectés auprès de différents fournisseurs en 2010). Elle dévoile que, les concentrations d'aflatoxines au courant de l’année sont variables ; des niveaux relativement élevés sont perceptibles en mars, juillet et août, ce qui peut être lié aux conditions climatiques et environnementales.
Une autre étude, dénommée « Occurrence of Aflatoxins Contamination in Brown Rice from Pakistan » (Mohammed Asif Aghar & al, Iranian J Publ Health, Vol. 43, No.3, Mar 201 4, pp.291-299) réalisée sur 262 échantillons de riz brun (collectés auprès de différents fournisseurs entre juillet 2006 et juin 2011) révèle en 2014 dans ses résultats globaux que 188 échantillons (71,7 %) obtiendront un niveau de FA inférieur aux niveaux maximaux tolérés (MTL) par l'Union européenne (4 μg/kg); tandis que 61 échantillons (23,3 %), se situeront entre 4-20 μg/kg , un niveau propre à la consommation humaine selon le MTL (20 μg/kg) des États-Unis (FDA et FAO) et celui du Pakistan (PSQCA). Un seul échantillon (27,27 μg/kg) dépassera les limites réglementaires. Suite à cette étude, les scientifiques concluront que la présence de ces petites quantités de FA dans le riz brun peuvent justifier une surveillance et des analyses de routine sur une base régulière.
Les FA sont des toxines (mycotoxines) produites par certains types de champignons (moisissures) appartenant au genre Aspergillus flavus et A. Parasiticus. Elles ne sont pas une spécificité du riz pakistanais. D’après l’OMS, elles sont présentes naturellement partout dans le monde et les humains y sont exposés la plupart du temps par le biais de noix et de graines. Cependant, des doses importantes de FA peuvent entrainer un empoisonnement aigü (aflatoxicose) qui peut être fatal par le biais d’une atteinte hépatique.
Cette rumeur sur le riz pakistanais réunit également toutes les caractéristiques d’un hoax. Elle est un message révoltant ; invérifiable à cause des informations hypothétiques qu’elle contient. Elle a déclenché des émotions controversées, visibles à travers le nombre de réactions autour des publications sur le sujet.
Si l’entreprise principalement indexée n’a jusqu’ici pas amorcé de réactions, au Nigéria, c’est la marque « Dana Rice », de Dana Group of compagnies limited, un conglomérat d’entreprises établi dans plusieurs Etats, qui en fait les frais.
Lundi dernier, le responsable de la communication de ladite entreprise fait une sortie médiatique visant à clarifier les choses.
Cité par le Daily trust, un site web nigérian, Kingsley Ezenwa, le Directeur de Dana Air (une filiale du Groupe touchée par une autre rumeur), explique que Dana Group, en tant que marque nigériane a arrêté l'importation de riz en 2015, conformément aux souhaits de l’administration locale de développer les capacités de production d'un riz de qualité au Nigéria.
En savoir plus sur les aflatoxines ici