Une fresque colorée sur l’un des murs intérieurs du bâtiment abritant le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à Yaoundé a été dévoilée au public ce 15 avril, date marquant la commémoration de la Journée mondiale de l’art. Réalisée le 9 décembre 2023 par 10 jeunes filles, toutes membres du Groupe consultatif des adolescentes (Agab, sigle en anglais) mis en place par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), cette œuvre artistique vise à sensibiliser sur les problèmes auxquels font face les jeunes filles et les adolescentes non seulement au Cameroun, mais aussi dans le monde. Des problèmes qui doivent être pris en compte par les politiques et les programmes.
L’œuvre représente 10 filles autour d’un globe terrestre. Chacune d’elle représente une thématique pour laquelle elle milite pour changer le monde. Nafissatou lutte contre les mariages d’enfants, une des causes d’abandon scolaire, pendant que Brinda dénonce les violences en milieu scolaire et la consommation des drogues et stupéfiants par les jeunes. Le dialogue inadéquat entre parents et enfants préoccupe Julienne, tandis que Gloria milite pour la santé mentale des adolescents. Samira, elle, se bat pour placer la santé de la reproduction des adolescents au sein des échanges en famille, alors que Jessica s’intéresse aux questions liées aux violences sexuelles et aux grossesses précoces. Yvana, quant à elle, lutte contre la propagation du VIH/sida parmi ses pairs adolescents. Damaris est engagée pour la protection de l’environnement et Noella plaide pour la participation des jeunes à la lutte contre le changement climatique. Lydia milite en faveur de l’inclusion. Toutes ces thématiques sont mises en exergue sur les visages ou le dos des personnages.
« Cette fresque représente notre volonté d’impacter le monde. Nous avons tenu à représenter un globe terrestre, et non simplement le Cameroun. Il y a certains détails qui montrent nos origines. Je suis la fille avec un haut orange qui a une jupe vert-rouge-jaune, les couleurs du Cameroun. Et sur le visage, on a le signe de la main levé avec le cœur au milieu qui symbolise aimer et participer. C’est pour indiquer comment je souhaiterai amener tout le monde à participer contre le changement climatique, les jeunes en particulier », confie Noella, 19 ans. Les livres représentés à l’extrême droite représentent la connaissance dont toutes ces filles disposent pour mener leur combat. Ils symbolisent surtout l’accès à l’éducation pour toutes les filles dans le monde, une thématique chère à l’Unicef.
Dans un premier temps, les croquis ont été réalisés en salle par des professionnels avant que les filles manient les bombes de couleur sur le mur. « Les peintres ont pris les idées des adolescentes et ont aidé à faire les contours des personnages qui représentent vraiment les filles. Après, les filles ont coloré, aidé à rendre vivant la fresque selon leurs envies », affirme Juliette Haenni, représentante adjointe de l’Unicef au Cameroun. C’est elle qui a mis au défi les adolescentes de réaliser cette fresque. « L’idée était de donner l’espace aux adolescents pour démontrer les thèmes sur lesquelles elles travaillent. Les Agab sont là pour nos conseillers sur nos programmes pour avoir une voix et la participation sur des thèmes qui les concernent parce que, bien sûr, ce sont les adolescentes qui, elles-mêmes, savent le mieux ce qu’elles veulent changer C’est symbolique d’avoir cette fresque dans nos bureaux pour qu’à chaque fois qu’on a des réunions, que cette thématique-là soit au cœur de toutes nos discussions, même avec des partenaires qui viennent de l’extérieur », a-t-elle déclaré à SBBC. Une cadre du ministère des Enseignements secondaires (Minesec), présente au dévoilement de cette fresque, pense notamment que celle-ci pourrait être présentée sur les couvertures des cahiers des élèves ou numérisée et diffusée lors de grands événements des jeunes pour plus d'impact.
Patricia Ngo Ngouem
