Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?
Non, aucun moto-taximan n’a été tué par la police municipale à Yaoundé

Non, aucun moto-taximan n’a été tué par la police municipale à Yaoundé

Paru le mardi, 19 février 2019 14:56

Une forte rumeur dans les réseaux sociaux affirme qu’un «bend-skinneur» a trouvé la mort le 13 février dernier dans la capitale, après une rixe avec des agents de la municipalité. Vraiment ?

Telle une trainée de poudre, la rumeur du décès d’un conducteur de mototaxi (communément appelé bend-skinneur au Cameroun), qui aurait été tué par la police municipale à Yaoundé, s’est répandue dans les réseaux sociaux. Selon ladite rumeur, ce dernier serait mort après avoir été battu par les agents de la municipalité lors d’un contrôle inopiné au quartier Elig-Edzoa le 13 février dernier. Certains prétendent qu’il aurait rendu l’âme à l’Hôpital central où il aurait été conduit.

«Nous n’avons enregistré aucun cas de ce genre», affirment des sources médicales interrogées. Du côté de la mairie de Yaoundé Ier dont dépend le lieu de l’incident, on rejette en bloc la version véhiculée dans les réseaux sociaux.

«Il (le conducteur de mototaxi, Ndlr) n’avait aucun papier avec lui. Ni pour lui-même, ni pour la moto. Et il avait traversé la zone interdite. Un fait qui est qualifié comme infraction. Le garçon à qui on a pris la moto s’est mis à se rouler par terre, et c’est alors que ses confrères ont dit que les éléments de la commune sont en train de le brutaliser. Pourtant, c’était faux», a déclaré le maire Didier Onana dans les colonnes du quotidien national Cameroon Tribune.

La rumeur est également démentie par l’Association des moto-taximen de Yaoundé Ier. «Il n’est pas mort. Il n’a même pas eu la moindre égratignure. Actuellement, nous préparons un communiqué de presse pour informer l’opinion nationale qu’il est bien vivant», assure Yérima Hamidou, le président de ladite association, joint au téléphone.

Rapports tendus

Selon ce dernier, l’homme en question n’est pas un conducteur de mototaxi, mais «un particulier qui se rendait à son travail. Il se trouve qu’il n’avait pas de papiers sur lui. Il a d’ailleurs démenti l’information sur Vision 4 (chaîne de télévision privée émettant depuis Yaoundé, Ndlr)», poursuit le président de l’Association des moto-taximen de Yaoundé Ier.

C’est par peur des représailles qu’il a laissé dire qu’il était mort, a déclaré la «victime» à la police. «Il avait peur pour sa sécurité, après les incidents survenus à la mairie», confie Yérima Hamidou. En représailles à la mort supposée de leur collègue, des conducteurs de moto-taximen ont en effet vandalisé la mairie de Yaoundé Ier, brûlé un véhicule et une moto appartenant à la municipalité. Ils ont aussi emporté plusieurs engins à deux roues mises en fourrière.

A la suite de cet incident, le préfet du département du Mfoundi, Jean Claude Tsila, a pris la décision mercredi dernier de suspendre, pour une durée de 30 jours, la police municipale d'exercice sur toute l'étendue de la circonscription administrative. «La présente mesure est susceptible d’être reconduite si les nécessités l’imposent», indique l’arrêté préfectoral. Placée sous l’autorité du maire, la police municipale a compétence en matière de prévention et de surveillance du bon ordre, de la sûreté, de la sécurité et de la salubrité publique. Il faut cependant souligner que les rapports sont tendus entre cette police et les conducteurs de mototaxi accusés notamment d’indiscipline. Les moto-taximen, eux, se plaignent d’être rançonnés régulièrement par les agents de la police municipale, communément appelée «Awara».

P.N.N

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