Rumeurs, idées reçues, clichés, superstitions, légende : qui dit vrai ? qui dit faux ?

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Human Right Watch (HRW) n’avait donc pas tout faux dans son rapport publié le 25 février 2020, qui accusait l’armée camerounaise « du meurtre de vingt-une personnes civiles,  dont une femme et treize enfants » le 14 février dans la localité de Ngarbuh, région du Nord-Ouest.

Le rapport de l’enquête prescrite par le président de la République, Paul Biya, dévoilé à travers un communiqué publié par le secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR) le 21 avril, admet que trois militaires ont « participé à une opération ayant causé la mort de plusieurs personnes et des incendies de maisons ».

D’après le communiqué reprenant les conclusions de la commission d’enquête, le village Ngarbuh « était devenu un centre de regroupement des terroristes sécessionnistes et un pôle logistique de ravitaillement en armes, munitions combustibles des groupes sécessionnistes ». Ici, ils « se livraient à des exactions diverses contre les populations locales,  qui justifiaient une intervention des forces de défense et de sécurité ».

Circonstances du drame

Sur les circonstances du drame, le communiqué du SG/PR expose : « Après des échanges de tirs au cours desquels cinq terroristes ont été abattus et plusieurs armes saisies, le détachement a découvert que trois femmes et dix enfants ont péri du fait de son action ». Pris de panique, « les trois militaires aidés par certains membres du comité de vigilance ont tenté de masquer les faits par des incendies », poursuit le communiqué.

Dans l’échelle des responsabilités, la Commission d’enquête présidée par un magistrat militaire, et à la quelle a été associée l’ONU, accable particulièrement le chef d’équipe, qui « a associé des civils armés à une opération militaire, (…) ordonné l’incendie des maisons ».

Les conclusions de l’enquête sont quelque peu en contradiction avec l’axe de communication initial du gouvernement. Par exemple, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, au cours d’un point de presse le 27 février, « rejette en bloc les allégations contenues » dans le rapport de HRW. Au-delà du bilan de ce « regrettable incident »  jugé erroné, il dénonce alors surtout la méthode de travail « peu rigoureuse et l’absence de preuves matérielles de l’ONG » pour étayer ses affirmations.

Rapport biaisé du détachement

Pour sa part, le ministre de l’Administration territoriale, face à la presse le 9 mars,  s’insurge contre l’attitude conspirationniste des ONG comme HRW envers le Cameroun et les forces de défense et de sécurité. Paul Atanga Nji dit même être en possession de preuves que ces ONG ont reçu pour ce faire cinq milliards de FCFA des réseaux occultes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Cameroun.

Le 17 février, un communiqué du ministère de la Défense dément tout acte planifié et précise, « à la lumière des informations méthodiquement et professionnellement recoupées, qu’il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation en cours de la région ».

Ces sons discordants de la communication gouvernementale s’expliquent aujourd’hui. D’après le communiqué du SG/PR, le chef de l’opération « a adressé à sa hiérarchie un compte rendu volontairement biaisé sur la base duquel le gouvernement a initialement fondé sa communication ».

D’ores et déjà, les militaires mis en cause ont été interpellés et mis à la disposition du tribunal militaire de Yaoundé, indépendamment de l’ouverture contre eux d’une procédure judiciaire. Qui concerne aussi les dix membres du comité de vigilance actuellement en cavale.

D.M.

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« Le président de la République adresse de nouveau ses condoléances et celle de la Nation toute entière aux familles de victimes et tient à les assurer de sa détermination à veiller à ce que justice soit faite », peut-on lire dans le communiqué de la présidence de la République rendu public ce 21 avril 2020.

Ce document communique les résultats de l’enquête ouverte le 17 avril « sur hautes instructions du président de la République » à la suite des évènements tragiques survenus à Ngarbuh, localité située dans la région anglophone du Nord-Ouest, dans la nuit du 13 au 14 février 2020. Cette enquête confirme la mort de trois femmes et 10 enfants tués par l’action de la mission de reconnaissance de l’armée détachée sur le terrain. Mais cela n’était pas le fait d’une action planifié par la haute hiérarchie militaire ou gouvernementale.

La Commission d’enquête a en effet établi que le gouvernement a fondé sa communication initiale, qui niait une bavure de l’armée, sur « un compte rendu volontairement biaisé » du soldat qui a conduit ma mission de reconnaissance. On apprend en plus que les militaires envoyés sur le terrain ont provoqué des incendies pour tenter de masquer les faits.

Ayant pris connaissance du rapport de la Commission d’enquête, Paul Biya a décidé de l’ouverture d’une procédure disciplinaire et l’ouverture d’une procédure judiciaire. Les soldats ayant participé à cette mission de reconnaissance sont déjà à la disposition du tribunal militaire.

Le chef de l’État a par ailleurs prescrit que les victimes soient exhumées, afin de recevoir des funérailles dignes aux frais de l’État du Cameroun. Il a aussi instruit de recenser tous les ayants-droit des personnes ainsi décédées afin du versement de compensations et indemnisations appropriées. Le village au cœur du drame sera lui aussi mieux sécurisé, avec la création d’une base militaire et la construction d’infrastructure de services sociaux. 

« La protection des droits de l’Homme est une cause noble et sérieuse qui doit être défendue avec vigilance et fermeté, mais aussi avec sérénité et discernement, sans être polluée par des motivations politiques qui ne peuvent que l’affaiblir », indique le communiqué de la présidence de la République. La crise dans les régions anglophones du Nord-ouest et Sud-ouest est l’un des plus importants conflits internes que le gouvernement ait eu à gérer ces 30 dernières années. « Le président de la République réaffirme son attachement à la recherche des voies et moyens de résoudre de manière pacifique la crise », conclut le document.

Idriss Linge

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L’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, a été reçu en audience, le 5 mars 2020, par le président camerounais Paul Biya.

La rencontre qui avait pour cadre le palais de l’Unité de Yaoundé a été une « occasion pour les deux parties de réaffirmer l’excellence des relations entre Yaoundé et Paris », selon une note d’information publiée sur le site de la présidence camerounaise.

Pour le plénipotentiaire français l’audience avec le président Paul Biya s’inscrit dans « le prolongement des échanges entre les deux chefs d’État [Paul Bya et Emmanuel Macron] lors de leur entretien téléphonique, il y a quelques jours », a-t-il déclaré devant la presse.

Selon le diplomate français, trois sujets ont été abordés au cours de cette audience. D’abord, l’évolution de la situation politique au Cameroun après les élections législatives et municipales du 9 février 2020. Ensuite, la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en crise depuis 2016.

À ce sujet, « le chef de l’État et le diplomate français ont évoqué l’incident malheureux survenu dans la localité de Ngarbuh, le 14 février dernier », rapporte le service de communication de la présidence de la République du Cameroun. Il s’est agi « notamment de l’identification des responsabilités pour comprendre ce qui s’est passé et pour prendre des sanctions contre les auteurs de ces attaques », a expliqué Christophe Guilhou au perron du palais de l’Unité.

Le dernier sujet de l’entrevue entre Paul Biya et son hôte a porté sur « le renforcement des relations bilatérales et les préparatifs du prochain sommet France-Afrique prévu au début du mois de juin 2020 à Bordeaux ».

L’audience accordée au patron de la diplomatie française à Yaoundé intervient après les déclarations du président français au salon de l’agriculture de Paris. « J’appellerai le président Biya la semaine prochaine et nous exercerons une pression maximale pour que la situation cesse », avait déclaré le président Macron. Il répondait une interpellation faite par un activiste.

Ces propos jugés « surprenants », puis rejetés par Yaoundé (dans un communiqué signé du ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun, Ferdinand Ngoh Ngoh), ont aussi été condamnés par une partie de l’opinion publique locale. Des Camerounais ont à cet effet manifesté devant l’ambassade de France à Yaoundé pour dénoncer ce qu’ils qualifiaient de « tentative d’ingérence ».

BE

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Dans son intervention lors de l’ouverture de la 43e session du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), le 24 février 2020 à Genève en Suisse, le ministre des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, est revenu sur l’incident survenu le 14 février à Ngarbuh dans la région du Nord-Ouest du Cameroun.

Le Minrex a expliqué que cet incident est survenu à la suite d’un incendie provoqué par des échanges de tirs entre les forces de défense et des groupes rebelles. Ce qui peut se justifier par le fait que, a ajouté Lejeune Mbella Mbella, les groupes armés utilisent très souvent les populations comme boucliers humains, « contre la volonté et au mépris des droits et de la vie desdites populations ».

Lejeune Mbella Mbella a également soutenu qu’il a fait 5 morts, dont une femme et quatre enfants. Un bilan déjà défendu par le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, et celui de la Communication, René Emmanuel Sadi.

En marge de sa participation au segment de haut niveau de cette session du Conseil des droits de l’homme, le Minrex a eu un entretien avec Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, au cours duquel il a apporté des éclairages sur cette tragédie.

L’ONU, dont le Haut-commissariat aux droits de l’Homme parle plutôt de 23 morts parmi lesquels 15 enfants, réclame une enquête « indépendante et impartiale ». Le gouvernement camerounais, qui a ouvert « une enquête approfondie » et promis de rendre publiques ses conclusions,  ne s’est pas encore exprimé sur cette exigence.

D.M.

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« Je veux ici transmettre aux populations, et particulièrement aux familles éprouvées, les sincères condoléances du président de la République, Paul Biya, ainsi que le réconfort du gouvernement », a déclaré le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, le 18 février 2020, lors d’un point de presse à Yaoundé. Le porte-parole du gouvernement réagissait au décès des civils survenu le 14 février à Ngarbuh, une localité située dans le département du Ndonga-Mantung, dans la région anglophone du Nord-Ouest.

 « Il n’y a pas eu vingt-deux villageois, dont quatorze enfants, tués par les forces camerounaises de défense et de sécurité à Ngarbuh », a par ailleurs démenti le ministre de la Communication. Selon René Emmanuel Sadi, le bilan de cet incident, après recoupement, « fait état de cinq morts, une femme et quatre enfants » en plus de « sept assaillants neutralisés », comme l’a indiqué le ministre délégué en charge de la Défense, Joseph Beti Assomo, dans un communiqué signé le 17 février dernier.

La communication gouvernementale intervient dans le sillage d’un communiqué du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme. Michelle Bachelet maintient pour sa part le bilan de 23 morts, des enfants en majorité. Elle parle d’un « épisode choquant de la crise actuelle ».

Sur les circonstances du drame, René Sadi informe que le 15 février dernier, des militaires camerounais déployés en opération de reconnaissance à Ngarbuh, ont été pris à partie par un groupe d’individus armés. « Les forces légales composées de six éléments d’élite, ont su riposter », a assuré le Mincom.

Situation complexe

Pendant les accrochages, un incendie s’est déclaré dans « un refuge fortifié qui contenait des explosifs et des produits inflammables stockés par les rebelles armés. Il s’en est suivi des explosions, puis des langues de feu qui se sont propagées jusqu’aux habitations voisines », rapporte le porte-parole du gouvernement. C’est dans l’une de ces habitations que les cinq victimes civiles auraient été tuées dans l’incendie.

Le porte-parole du gouvernement confirme l’ouverture d’une enquête à la demande du président camerounais, « en vue des clarifications approfondies de tous les aspects liés à cet incident ». À l’ONU, on souhaite que celle-ci soit « indépendante, impartiale et approfondie ».

La situation met en émoi et divise au sein de l’opinion publique. Des partis de l’opposition condamnent et parlent de dérives dans la gestion de la crise anglophone. Seulement à ce jour, on n’a pas de versions documentées permettant d’apprécier la pertinence de toutes ces déclarations.

La communication gouvernementale suggère que les populations seraient otage des installations sécessionnistes. De source militaire, Ngarbuh est présenté comme une zone de repli des groupes armés sécessionnistes qui sévissent dans les villes de Elak, Oku, Jakiri, Kumbo, Mbiame, Nkum et Nkor. Pourchassés par l’armée camerounaise du nœud routier de Ntumbaw (voie de passage de tous les trafics illicites qui inondent le département du Bui, dans la région du Nord-Ouest), ils y auraient installé leurs nouvelles bases logistiques.

BE

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