La Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC), dans un communiqué publié le 7 juillet 2021, annonce avoir pris connaissance avec consternation et indignation des vidéos circulant sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines et dans lesquelles sont présentées, sans leur consentement, des personnes dénudées et/ou violentées.
Parmi ces vidéos, figure celle mettant en scène, dans une habitation qui serait située dans un quartier de Douala, des jeunes femmes et hommes entièrement nus pour certains et filmés par des éléments de la gendarmerie nationale. La vidéo sera ensuite diffusée sur les réseaux sociaux, provoquant un buzz depuis le 6 juillet.
La CDHC, à travers son président, James Mouangue Kobila, « condamne avec force la capture et la diffusion à travers les réseaux sociaux et autres plateformes numériques d’images et de vidéos indécentes, choquantes ou violentes, qui portent gravement atteinte à la dignité humaine, au droit à la vie privée, au droit à l’intégrité physique et morale, au droit à l’image, à la présomption d’innocence, à la pudeur et la morale publique ainsi qu’aux bonnes mœurs ».
Atteinte aux bonnes mœurs
La condamnation s’appuie notamment sur la Constitution du 18 janvier 1996. Son préambule dispose que « toute personne a droit (…) à l’intégrité physique et morale. Elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité. En aucun cas elle ne peut être soumise à (…) des (…) traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
D’après le communiqué, la CDHC se félicite de la prompte réaction des services compétents du ministère de la Défense qui ont ouvert une enquête à la suite de la publication de la vidéo impliquant des agents de la gendarmerie nationale. À en croire une source interne, les gendarmes ne disposaient pas d’un mandat de perquisition du procureur de la République, qui aurait conféré un caractère légal à leur introduction dans cette habitation.
Aussi, la CDHC « encourage toutes les autorités compétentes à instruire ou à poursuivre les enquêtes afin que les responsabilités soient établies, les suspects traduits devant les juridictions compétentes et les sanctions prises conformément aux dispositions légales en vigueur ».
La loi du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité punit « d’un emprisonnement de un à deux ans et d’une amende de un million à cinq millions de FCFA quiconque, au moyen d’un procédé quelconque, porte atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, les données électroniques ayant un caractère privé ou confidentiel ».
Dominique Mbassi
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