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Crise anglophone : après l’attaque de Mautu, l’armée ouvre une enquête et la France condamne

Crise anglophone : après l’attaque de Mautu, l’armée ouvre une enquête et la France condamne

Paru le mardi, 12 janvier 2021 14:45

Le haut commandement militaire a prescrit l’ouverture d’une enquête à la suite de la controverse née après une opération militaire à Mautu, un village de l’arrondissement de Muyuka, dans la région du Sud-Ouest. L’information est contenue dans un communiqué du ministère de la Défense (Mindef) rendu public hier, 11 janvier 2020.

Cette sortie du Mindef, fait suite aux images relayées par des internautes et d’une note d’informations commise plus tôt par le Centre pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), qui accuse l’armée d’avoir tué des personnes civiles dont des femmes et des enfants dans cette localité, dans la journée du dimanche 10 janvier 2021.

Version officielle

Une version des faits contestée dans le communiqué signé du capitaine de vaisseau Cyrille Serge Atonfack Guemo, chef de la division de la communication du Mindef. « Dans la mi-journée du dimanche 10 janvier 2021, et sur renseignement de la population, des éléments du 21e Bataillon d’infanterie motorisée ont mené un raid préventif sur les positions de groupes terroristes aux ordres des surnommés “Spirito” et “Gabonais” dans la localité de Mautu », rapporte l’officier.

« À la vue des véhicules militaires, ces individus armés, surpris en plein rassemblement, ont immédiatement ouvert le feu sur les éléments des forces de défense qui leur ont infligé une réponse appropriée », précise le communiqué.

Le bilan officiel de cet « accrochage » ne fait état d’aucun civil tué. L’armée parle plutôt de quelques terroristes « neutralisés », d’autres blessés en fuite, des armes et des munitions récupérées.

Images et controverse

« Il importe de signaler que dans la soirée de cette opération conduite dans le strict respect des règles d’engagement, des leaders terroristes à la solde de la sécession et manifestement dépassés par les événements, ont conçu dans leurs officines occultes, un fatras d’images macabres pour essayer de faire endosser à nos forces de défense, un aveugle massacre perpétré à Mautu », dénonce le communicant du Mindef.

Ce dernier précise que l’« enquête minutieuse » ouverte par l’armée vise à « élucider cette entreprise souterraine et faire, le cas échéant, toute la lumière sur le contenu des images macabres en circulation ». Toutefois, des recherches d’images inversées sur les moteurs Google et Yandex n’ont pas permis de trouver des occurrences de ces images sur Internet.

La France condamne

Dans un message posté hier sur le compte twitter officiel de son ambassade au Cameroun, la France a condamné « l’attaque de Mautu qui a fait huit victimes civiles le 10 janvier 2021 dans des circonstances pour le moment non élucidées ». Le pays d’Emmanuel Macron qualifie cet acte de « crime injustifiable », condamne « l’usage indiscriminé de la violence contre des civils » et appelle les autorités à ouvrir une enquête pour élucider les circonstances de cette affaire.

Si dans ce message la France n’accuse pas explicitement les militaires camerounais d’avoir commis une bavure. Mais cette réaction rentre pour le moins en contradiction avec le bilan officiel des accrochages de dimanche dernier.

L’armée camerounaise est régulièrement accusée d’exactions dans le cadre de la crise anglophone. Ces écarts de comportement observés chez certains militaires sont régulièrement réprimés par les autorités camerounaises pour qui « La protection des droits de l’Homme est une cause noble et sérieuse qui doit être défendue avec vigilance et fermeté », selon le secrétaire général de la présidence de la République (SPRR), Ferdinand Ngoh Ngoh. En témoigne le sort réservé aux militaires reconnus coupables dans le cadre de l’affaire Ngarbuh, en référence à l’assassinat de personnes civiles survenu le 14 février 2020 dans cette localité du Nord-Ouest.

Baudouin Enama et Patricia Ngo Ngouem

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