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Alternance, crise anglophone, droit de l’Homme… : Peter Henry Barlerin se lâche

Alternance, crise anglophone, droit de l’Homme… : Peter Henry Barlerin se lâche

Paru le vendredi, 17 juillet 2020 11:08

L’ambassadeur des États-Unis n’a pas attendu la fin de son séjour au Cameroun le 17 juillet 2020 pour aborder, sur un ton peu diplomatique, divers sujets majeurs et sensibles susceptibles de tendre ses rapports avec son pays d’accueil.

Dans une interview au quotidien privé Le Messager, édition du 16 juillet, Peter Henry Barlerin se lâche davantage. Sur la crise anglophone par exemple. « Bien que je regrette que la crise anglophone n’ait pas encore été résolue, je reste convaincu qu’un jour, et j’espère que ce jour est proche, cette crise sera résolue », espère le diplomate.

Celui que le quotidien Mutations qualifie avec ironie de « Bad boy » réfute le reproche fait aux États-Unis de faire la part belle aux séparatistes. « Les États-Unis font la part belle à la paix. Nous déplorons la rhétorique haineuse et la prenons très au sérieux », soutient-il.

Position des États-Unis

Avant de renvoyer les deux parties dos à dos : « La position du gouvernement des États-Unis a été très claire, cohérente et simple. La violence des deux côtés doit cesser immédiatement. Les deux parties doivent s’engager dans un dialogue ouvert sans conditions préalables ».

Peter Henry Barlerin précise sa pensée : « Cela signifie que les séparatistes anglophones doivent abandonner leur condition de ne négocier que pour la séparation du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du reste du Cameroun ; et le gouvernement doit abandonner son insistance sur le fait qu’un changement de la forme de l’État ne pourra jamais être envisagé ». Car, pour le diplomate américain, il n’y a pas de solution militaire à la crise.

Cette crise a posé le problème du respect des droits de l’Homme. L’ambassadeur se convainc que « le Cameroun peut faire plus pour le respect des standards nationaux et internationaux en matière de droits humains ». Mais, regrette-t-il, « le gouvernement n’a pas répondu aux accusations crédibles de violations flagrantes des droits de l’homme par ses forces de sécurité. En raison de ce manquement, les États-Unis ont retiré leur assistance discrétionnaire avec comme conséquence la réduction des programmes d’aide militaire et le retrait de l’accès préférentiel au marché américain [l’AGOA] ».

Succession à la tête de l’État

En même temps, le diplomate américain apprécie les mesures prises par le gouvernement contre les soldats impliqués dans le meurtre de deux femmes et de deux enfants dans l’Extrême-Nord. Il se dit aussi satisfait de la décision de Paul Biya d’ordonner une enquête après l’incident de Ngarbuh.

 Bien évidemment, la succession à la tête de l’État s’est invitée dans l’entretien avec les journalistes. À la veille de sa déclaration de candidature à la présidentielle d’octobre 2018, Peter Henry Barlerin suggère à Paul Biya de « penser à son héritage et à la façon dont il souhaite que les livres d’histoire, qui seront lus par les générations futures, se souviennent de lui ». Une manière très diplomatique de lui demander de ne pas se représenter.

Aujourd’hui, le diplomate américain met un peu d’eau dans son vin. Il admet que chaque peuple a le droit de déterminer sa propre forme de gouvernement. Il reconnait que « la Constitution de 2008 a donné au président Biya le droit de se représenter pour un nombre indéfini de mandats ». Mais surtout, il admet que « le président Biya a beaucoup fait pour son pays (…) ».

Peter Henry Barlerin s’exprime aussi sur la création d’un poste de vice-président de la République : « L’idée d’un vice-président qui serait en mesure de prendre la relève et d’achever le mandat en cas de décès ou d’incapacité d’un président fait partie des réflexions politiques camerounaises depuis de nombreuses années ».

Mais, assène le diplomate, « il semblerait que plus il y a de la transparence et plus de temps avant le processus de sélection d’un vice-président camerounais, mieux cela vaudrait, surtout qu’aucun vice-président n’a été élu en même temps que le président Biya en octobre 2018 ».

Dominique Mbassi

Dernière modification le vendredi, 17 juillet 2020 11:09

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