Le dimanche 12 septembre dernier, Dr. Sako Ikome, président de l’Ambazonia Interim Governement (un mouvement sécessionniste) a appelé au « Lockdown » dès le mercredi 15 septembre jusqu’au 2 octobre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Un appel tout de suite rejeté par deux autres leaders parmi les plus importants de la mouvance séparatiste : Ayaba Cho Lucas, chef de l’Ambazonia Liberation War, et Dabney Yerima de la Federal Republic of Ambazonia, le mouvement séparatiste de Sissiku Ayuk Tabe.
Le « Lockdown », ou « verrouillage » est une opération de désobéissance civile que les séparatistes imposent régulièrement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2017. Durant ces opérations, les populations doivent rester cloitrées et les rues des villes de ces régions sont désertes. Seuls les week-ends sont ouverts pour que les habitants se ravitaillent. Cette nouvelle opération a été baptisée par le Dr. Sako Ikome le « Guterrez Lockdown » du nom du Secrétaire général des Nations-Unies.
D’après ce leader séparatiste, il est question d’attirer l’attention des Nations-Unies sur ces régions, à la veille de l’Assemblée générale de l’ONU qui se tiendra à New York (Etats-Unis) du 21 au 27 septembre prochain. Le chef de l’Ambazonia Interim Governement veut ainsi démontrer que le conflit persiste dans ces régions en dépit des déclarations de Yaoundé.
Une stratégie à laquelle refusent de souscrire les autres leaders séparatistes. Avant de qualifier Sako Ikome et son équipe « d’imposteurs du Maryland », Ayaba Cho Lucas a invité ses partisans à ne pas suivre ce mot de désobéissance civile. « Je vous appelle à rejeter ce soi-disant lockdown imposé par ces imposteurs », a-t-il lancé dans un message audio sur les réseaux sociaux. Cependant la position de ce dernier, connu comme l’un des chefs de guerre à la tête des milices les plus violentes sur le terrain, tient moins à un souci d’apaisement que de calendrier.
En effet, selon Ayaba Cho, en plus d’être une stratégie contre-productive, le « Guterrez Lockdown » se termine le 2 octobre. Inconcevable pour lui que les populations des régions anglophones ne puissent pas sortir célébrer le jour d’indépendance de l’Etat imaginaire de l’Ambazonie, institué par les séparatistes le 1er octobre.
Quant à la Federal Republic of Ambazonia, après consultation avec les « généraux et les commandants sur le terrain », a décidé qu’il n’y a pas de « lockdown ». Dabney Yerima, le vice-président de ce mouvement, qui signe un communiqué du 14 septembre à cet effet, en profite pour appeler la population à vaquer à ses occupations.
Il est à noter que par le passé, les différents mouvements séparatistes ont souvent divergé sur cette opération. C’était déjà le cas il y a un an, à la veille du 1er octobre.
Au-delà de l’occasion qu’offre l’Assemblée générale de l’ONU, moment au cours duquel les séparatistes tentent de faire entendre leur voix, l’autre enjeu du « Lockdown » est de savoir lequel des leaders séparatistes (pour l’essentiel basés à l’étranger) contrôlent les milices sur le terrain.
Il est à noter que sur le terrain, l’opération Lockdown a été diversement suivi. Certaines villes sont restées paralysées mercredi avec une timide reprise ce jeudi. Tandis que dans d'autres, les villes mortes sont encore effectives.
Ludovic Amara