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« Les revendications des Anglophones sont légitimes, mais l’option indépendantiste n’est pas réaliste » [Haut-commissaire du Canada]

« Les revendications des Anglophones sont légitimes, mais l’option indépendantiste n’est pas réaliste » [Haut-commissaire du Canada]

Paru le mardi, 17 novembre 2020 07:38

Dans un entretien accordé au quotidien The Guardian Post du 16 novembre 2020, le Haut-commissaire du Canada au Cameroun, Richard Bale, prévient qu’il ne revient pas au Canada de dicter au Cameroun la manière de mettre fin à la crise dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le diplomate note aussi qu’il faut du temps pour résoudre une crise de cette nature.

« Les deux parties en conflit doivent apprendre à se montrer flexibles. Le conflit est armé justement parce que les positions sont irréconciliables », déclare Richard Bale. Il soutient que les revendications des régions d’expression anglaise sont légitimes mais, plus loin, tranche : « Je ne pense pas que l’option indépendantiste soit réaliste ».

Le diplomate s’appuie sur l’expérience de son pays : « Ce que nous avons observé au Canada, c’est que lorsque vous laissez les communautés contrôler leurs affaires, elles sont grandement satisfaites, et lorsqu’elles n’ont pas le contrôle de leur avenir, elles sont moins satisfaites ».

Richard Bale convoque cet exemple d’autant plus que « le Canada et Cameroun se ressemblent, notamment parce que les deux pays sont bilingues, ont deux systèmes judiciaires et une communauté linguistique minoritaire ».

L’option de la décentralisation

Mais il « hésite à dire que le fédéralisme est la meilleure solution pour le Cameroun », qui privilégie plutôt la décentralisation. Et Richard Bale n’est pas opposé à cette option. « Le principe est le même, qui consiste en l’exercice de certains pouvoirs à un niveau inférieur du gouvernement. Le défi avec les mesures prises récemment par le gouvernement pour l’implémentation de la décentralisation et le statut particulier des deux régions d’expression anglaise, c’est que les populations n’ont pas assez d’informations sur leur mise en œuvre. Il leur est aujourd’hui difficile de voir en ces mesures une solution, parce qu’elles ne la comprennent pas », indique-t-il.

Le Haut-commissaire conseillerait volontiers au gouvernement camerounais « de faire un geste qui remettrait les populations en confiance. Ce serait bien pour la mise en œuvre du processus ». Dans cette optique, il ne fait pas mystère de son soutien à l’offre de dialogue de la Suisse.

Même s’il tient à préciser : « Nous ne disons pas nécessairement que c’est la voie que les deux parties en conflit doivent emprunter. Pour l’instant, c’est l’unique proposition sur la table. Nous pensons que cette offre est une opportunité et nous encourageons les deux parties à s’engager dans ce processus ».

Surtout que, rappelle Richard Bale, comme le Cameroun, le Canada a eu maille à partir avec le Mouvement pour l’indépendance de Québec appuyé par un groupe terroriste. « Il y a eu des attaques à la bombe et des assassinats des membres du cabinet. Si nous n’avons pas encore atteint le niveau du Cameroun, mais au Canada c’était très traumatisant », se remémore-t-il.

Dominique Mbassi

Dernière modification le mardi, 17 novembre 2020 07:41

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