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Covid-19 : dans l’œil du cyclone, la clinique Marie O. dit pratiquer des prix moins élevés que dans le public

Covid-19 : dans l’œil du cyclone, la clinique Marie O. dit pratiquer des prix moins élevés que dans le public

Paru le jeudi, 14 mai 2020 11:20

Tout commence le 28 avril 2020. Ce jour-là, la polyclinique Marie O., basée à Douala, adresse une facture de 6 300 495 FCFA à un patient qui y a séjourné du 22 au 28 avril. Le document, qui a fuité dans les réseaux sociaux, ne précise pas l’objet de la prise en charge. Mais à en croire un proche du patient, ce dernier avait des problèmes respiratoires.

Le 7 mai, la même polyclinique adresse une nouvelle facture de 14 419 238 FCFA au même patient. Du 22 avril au 7 mai, il a été admis en soins intensifs-réanimation. « Ce patient est arrivé dans un état clinique grave, avec un pronostic vital engagé », explique Dr Roger Ngoula, propriétaire de la clinique.

Mais l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) s’inquiète du coût des prestations et soupçonne un cas de Covid-19. « La gestion particulière de cas est de nature à ternir l’image de la médecine au Cameroun », souligne son président dans une demande d’explications adressée au Dr Roger Ngoula le 8 mai.

Dans sa réponse le 11 mai, ce dernier marque son étonnement, « car le cas concerné n’est pas Covid-19 », écrit-il. Curieusement, le patron de la clinique explique qu’au moment où ce client arrive, « toutes les structures dédiées à la prise en charge du Covid-19 étaient pleines ». Mieux, poursuit-il, « les coûts que nous pratiquons se révèlent d’ailleurs moins élevés que dans le public, en référence au coût journalier hors médicaments estimé à 300 000 FCFA par le directeur de l’hôpital central de Yaoundé ».

Fermeture

L’ONMC n’est pas seul aux trousses de la polyclinique. Dans un tweet le 13 mai 2020, le ministre de la Santé publique (Minsanté) demande au préfet du Wouri, dans le Littoral, « de faire fermer la clinique Marie O. ». Pour Manaouda Malachie « cet énième scandale vient à la suite de ma lettre du 6 mai, par laquelle je sollicitais déjà, sous 72h, les explications de cette structure sur une facture de 6 millions. Aucune réponse à ce jour. »

C’est que, dans une lettre-circulaire datée du 29 avril 2020, le Minsanté rappelle que « la prise en charge du Covid-19 dans le contexte épidémique actuel doit s’effectuer exclusivement dans les formations sanitaires agréées et leurs centres spéciaux de prise en charge des patients du Covid-19 ».

En effet, un arrêté signé le 20 avril par le Premier ministre crée huit centres spéciaux de prise en charge du coronavirus dans les villes de Douala, Yaoundé, Garoua, Bafoussam et Limbe fonctionnant comme des annexes des formations sanitaires de ces métropoles. Et la polyclinique Marie O. n’en fait pas partie.

Or, le Minsanté rappelle que les protocoles thérapeutiques validés par le Comité scientifique national pour les urgences de santé publique sont appliqués gratuitement à tous les patients du Covid-19. Il prévient que « toute formation sanitaire non agréée Covid-19 dans laquelle les faits de prise en charge à but lucratif seront avérés s’exposera aux sanctions administratives prévues par la réglementation en vigueur ».

Dominique Mbassi

Dernière modification le jeudi, 14 mai 2020 11:23

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